Le drapeau catalan
Le drapeau catalan est "d'or à quatre pals de gueule", c'est à dire jaune à quatre bandes verticales rouges. On nomme cette configuration "d'Aragon" car les descendants des premiers comtes catalans ont récupéré l'héritage du roi d'Aragon (XIIe siècle). Si la puissance de la Catalogne était trois fois supérieure à celle de l'Aragon, c'est bien cette dernière qui a supplanté la Catalogne pour tout ce qui est héraldique.
Origine : la légende du "sang et or"
Connaissez vous la légende de Guifred le Velu ? Il en existe plusieurs versions, mettant en scène des personnages légèrement différents. Mais globalement on peut la résumer ainsi :
Guifred le Velu, né à Ria était fils du comte de Cerdagne. Il devint au fil des années l'unificateur de la Catalogne, formant une entité territoriale cohérente et forte. Nommant ses enfants comme successeurs, il fut le patriarche de la lignée des comtes-rois catalans. La légende raconte que son père fut tué alors qu'il n'était qu'un enfant par un certain Salomon, un proche un roi franc, dans le but de devenir comte de Cerdagne à sa place, ce qui fut fait.
Des années plus tard, le jeune Guifred se fit connaître de Salomon et le provoqua en duel. Ce dernier eu lieu devant le roi. Salomon mourut, mais Guifred fut mortellement blessé. Le roi lui demanda alors avant son trépas ce qu'il désirait, et Guifred lui répondit qu'il souhaitait un signe d'unification pour son peuple. Le roi plongea alors sa main dans la plaie béante de Guifred et traça de ses quatre doigts ensanglantés des bandes verticales sur un écu d'or. C'est depuis que le drapeau catalan est "Sang et or".
La véritable origine : les couleurs de la Rome antique
Drapeau catalan
Force est d'admettre que cette histoire est bien une légende, et ça pour plusieurs raisons. Guifred le Velu est mort au combat, en se battant contre les sarrasins. De plus, nul trace d'un certain Salomon dans les prédécesseurs de Guifred, mais Bernat de Gothie. Enfin, et c'est sans doute le principal, les signes distinctifs à l'origine des blasons ne sont apparus qu'au XIe et XIIe siècle, alors que Guifred vécu au IXe siècle. Plus sérieusement, les couleurs catalanes apparaissent pour la première fois en 1150 sous le règne de Ramon-Bérenguer IV (1115-1162). Elles sont une reprise des couleurs de la Rome Antique, qui furent également adoptés par la papauté, ce qui nous fait trop souvent dire qu'il s'agit de la couleur papale, ce qui à l'origine est faux. Napoléon 1er ayant donné ces couleurs au royaume de Naples, le pape changea ses propres couleurs, remplaçant le jaune par le blanc.
Les blasons des villages catalans
Beaucoup de villages des Pyrénées-Orientales ont leurs propres blasons, ils proviennent la plupart du temps du passé du village. Certains sont plus récents, ils ont été créé juste pour palier à un manque ou par fierté municipale. En cliquant sur chacun de ces blasons vous accédez à la page de ce village qui contient une description assez poussée de ces blasons.
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C
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I, J
L
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N, O
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T, U
V
Quelques notions d'héraldisme
Héraldime, blasons ou armes
L'héraldique est la science qui étudie les blasons, c'est-à-dire l'étude des armoiries, que l'on nomme également armes. C'est aussi un champ d'expression artistique, un élément du droit médiéval et du droit d'ancien régime.
La représentation artistique est dépendante de facteurs divers. On désigne sous le nom "d'armes parlantes" un blason dont les symboles utilisés explicites le nom du possesseur, directement ou sous la forme d'un rébus plus ou moins complexe. Ainsi le blason de Castelnou est un château ("castel nou", le "château neuf" en catalan).
Les "armes par allusion" évoque un fait marquant de l'histoire du possesseur, ou d'un de ces ancêtres. A côté de ces deux types de représentation on trouve de nombreuses reproductions de Saints Patrons de l'église locale.
Des formes et des couleurs
Toutes ces représentations sont fixées sur des supports. Historiquement, il s'agissait des boucliers de protection dont disposaient les combattants, et ça pour éviter qu'au milieu d'une bataille, des membres d'une même armée ne se combattent. La forme des boucliers variant en fonction du lieu géographique, on peut deviner la provenance d'un blason rien qu'en jugeant de son aspect général.
La représentation choisie sur ce site est la forme française ancienne, tout à fait classique. Quand aux couleurs, il faut savoir qu'elles sont peu nombreuses et divisées en deux groupes : les émaux et les métaux.
Les émaux correspondent aux couleurs suivantes : Rouge, Bleu, Vert, Noir. On les appelle "de gueules" (rouge), "d'azur" (bleu), "de sinople" (vert) et "de sable" (noir). Les métaux, eux, sont au nombre de deux seulement : Or et Argent, ce qui correspond bien sûr au blanc et au jaune. Ainsi le drapeau catalan et d'or au quatre pals de gueules (jaune à quatre bandes verticales rouges) On rencontre parfois la couleur "pourpre", qui correspond à une sorte de violet. C'est la seule exception faite aux 6 autres couleurs. En héraldique pur, vous ne trouverez jamais de gris, de marron, d'orange : ces couleurs sont proscrites. Il est toutefois admis, dans certaines représentations, de faire remplacer le blanc par du gris, qui se rapproche plus de la couleur "argent".
Histoire des blasons
Les premiers blasons sont apparus entre la fin du XIe siècle et le début du XIIe. Comme on peut facilement le comprendre, ils étaient destinés à distinguer les combattants lors des batailles, mais aussi dans des tournois, des négociations, ou tout évènements mettant en jeu au moins deux personnes opposées. Pourtant les signes de reconnaissance ont toujours existés entre des adversaires. Les romains et les carthaginois les utilisaient déjà. Mais si on ne considère pas ces signes comme de l'héraldique, c'est tout simplement parce qu'ils n'avaient pas encore été codifiés. C'est donc la codification des symboles de reconnaissance qui a donné naissance à l'héraldisme, ce qui explique qu'il ne l'ait été qu'assez tard, au début du Moyen-âge.
Avec le temps, les représentations se sont compliquées, essentiellement par la multiplication des blasons dû à deux facteurs : La croissance naturelle de la population et la scission des familles armoriées, qui créaient un nouveau blason sur la base de celui de leurs ancêtres. Il faut savoir que la noblesse n'était pas la seule à utiliser le blasonnement. Les roturiers étaient eux aussi nombreux, chacun pouvant avoir ses propres armes.
A la révolution française, les armoiries étaient vues comme des signes distinctifs propres à la noblesse, ce qui était d'ailleurs faux. Et c'est curieusement le vicomte Mathieu de Montmorency, le 19 juin 1790, qui fit adopter par l'assemblée constituante l'abolition des armoiries, en même temps d'ailleurs que les titres de noblesses, les décorations militaires, etc. Des décrets de Louis XVI datant de 1791 et 1792 ordonnèrent la destruction des armoiries sur les meubles, les façades des bâtiments, et tout autres supports. Heureusement pour les catalans, leurs éloignements de la capitale, ajoutées d'une grande partie de la population opposée aux extrêmes révolutionnaires, permirent la conservation des armes. La Casa Xanxo, par exemple, arbore toujours le blason de la famille de Llupia, sa deuxième propriétaire.