Histoire
Préhistoire et Antiquité
Comme un peu partout en plaine ou le long des rivières, nous ne disposons pas de traces de la lointaine époque préhistorique, les sols ne permettant pas la conservation de vestiges exploitables historiquement. Les premières traces d'activités humaines sur le territoire de Saint-Féliu d'Amont remontent à l'époque romaine. Les Romains, maîtres de la région depuis -121, avaient beaucoup bâti, en particulier des voies de communication. L'une d'elles reliait Castelnou à Tautavel en passant par Saint-Féliu d'Amont, et il en subsiste encore quelques vestiges aujourd'hui.
Le village tel que nous le connaissons apparaît à l'époque carolingienne, après la reconquête du Roussillon par Charlemagne en 811. À la suite des soldats, l'Église fit bâtir de nombreux édifices religieux afin de regrouper les populations nouvellement immigrées du nord de la France et venues s'installer sur ces terres. C'est ainsi que furent construites la plupart des églises.
Les origines de Saint-Féliu d'Amont : Le prieuré de la Salvetat
L'église de Saint-Féliu d'Amont est mentionnée pour la première fois en 941 ; elle était initialement dédiée à Sainte-Marie. On ne connaît pas les premiers propriétaires de l'église, et donc du village, mais on sait qu'au XIe siècle, elle fut transférée au monastère des chanoines de Saint-Ruf (qui fut rattaché au séminaire de Perpignan en 1699). Ce transfert était lié à la création d'un prieuré de moines augustins, qui utilisèrent l'église Sainte-Marie. Ce prieuré est probablement une fondation des vicomtes de Castelnou, qui y installèrent Gausfred, le premier prieur, dont la tombe est visible à gauche du portail.
Ce prieuré avait un statut particulier : les moines y vivaient sous la règle à la fois du clergé régulier (reclus du monde) et du clergé séculier (vivant parmi la population). L'église Sainte-Marie était donc à la fois le lieu de culte de la communauté monastique et l'église paroissiale du village qui s'était développé à ses côtés. D'ailleurs, les cinq rues du village médiéval rayonnent en étoile autour des fortifications.
De nos jours, le prieuré, nommé "Notre-Dame de la Salvetat" (en français "Notre-Dame de la Sauveté"), est situé au centre du village, ce qui prouve que ce dernier s'est construit sous sa protection. Au Moyen Âge, les monastères étaient de véritables places fortes, au même titre que les châteaux. La création d'une "sauveté" garantissait aux habitants la protection des moines, ce qui était un excellent moyen d'attirer de nouvelles populations. C'est ainsi qu'est né Saint-Féliu d'Amont.
Moyen Âge
Peu à peu, le village s'est agrandi. Au XIIIe siècle, le jeune roi Jacques Ier le Conquérant renforce les défenses de son territoire et dote chaque village un tant soit peu important d'une enceinte fortifiée. Ce fut le cas de Saint-Féliu, dont l'enceinte ne comportait qu'une seule porte ouvrant sur un vaste glacis.
Par la suite, Saint-Féliu deviendra un village à vocation agricole. La sécularisation du prieuré en 1592, prononcée par le pape Clément VIII, marquera la fin du soutien religieux des moines à la population. Le roi Philippe II l'incorpore alors à la cathédrale de Gérone, et l'église devient exclusivement paroissiale.
Renaissance et époque moderne
Le village subit les ravages de l'invasion française lors de la guerre de 1630, avant de devenir définitivement français en 1659, à la suite du traité des Pyrénées. Sous l'Ancien Régime, la famille Ros reçut le marquisat de Saint-Féliu, formé par la réunion des deux villages.