À partir de -2500 ans, les hommes préhistoriques commencèrent à utiliser le cuivre pour fabriquer les instruments dont ils avaient besoin. Cette période est appelée l'âge du cuivre ou chalcolithique, et elle a duré jusqu'à environ -2500, époque où l'étain fut ajouté au cuivre pour donner un alliage plus souple : le bronze.
Ce métal fut rapidement adopté, car il est plus malléable, et il resta utilisé jusqu'à environ -700.
Les objets fabriqués en bronze étaient essentiellement des poignards et des haches. On peut suivre l'évolution de l'âge du bronze à travers les modifications apportées à ces instruments au fil du temps. De tels outils ont été retrouvés à Laroque des Albères, Reynès dans les Albères, mais aussi à Villeneuve-des-Escaldes, en Cerdagne, et sur le littoral, à Canet.
Vers -1500, les peuples vivant en Europe étaient isolés mais nomades. Isolés car ils n'avaient guère de contacts avec leurs voisins, mais nomades car ils quittaient facilement leurs terres pour s'installer ailleurs. C'est à cette époque que les Ibères, peuple vivant en Afrique du Nord, composé de Berbères et d'Ibères, envahirent, à travers le détroit de Gibraltar, la péninsule ibérique et le pourtour méditerranéen, s'étendant jusqu'au golfe du Lion et à la Loire à l'intérieur des terres.
L'âge du bronze prit fin vers -750, avec la découverte de la technique du fer. Ce métal, dont le Canigou est riche, est beaucoup plus difficile à travailler (il faut le chauffer à 1500°), mais il est aussi beaucoup plus résistant. Il servira principalement à la fabrication des armes, ce qui donnera un avantage aux peuples maîtrisant cette technique tôt, comme les Celtes. Le fer ne fut pas négligé pour la fabrication de matériel agraire, comme les houes ou les haches.
Cette technique se répandit rapidement dans toute la région. Millas, Canet, Argelès, Serralongue, Ponteilla sont des sites où l'on a retrouvé des vestiges en fer. Citons également Céret, Caramany, Prades, etc.
-1250 ans : Les champs d'urnes
Vers -1250, une nouvelle technique apparaît qui, bien que n'affectant pas profondément la vie quotidienne, revêt une importance capitale. Désormais, les morts ne seront plus enterrés ni abandonnés, mais incinérés. Leurs cendres seront placées dans une poterie, une urne funéraire, qui sera ensuite enterrée dans une grotte, souvent avec d'autres urnes.
C'est ainsi l'apparition du cimetière, et cette pratique témoigne de l'attachement sentimental des individus les uns aux autres.
Plusieurs champs d'urnes ont été retrouvés dans le Roussillon. L'un des plus importants se trouve à Millas, où plus de 500 urnes ont été découvertes. Mais ce n'est pas le seul site : une grotte à Llo en contient également un autre.
Vers -950, les nécropoles deviennent de plus en plus à ciel ouvert. Deux sites ont été retrouvés à Canet-en-Roussillon : l'un au Mas Bellevue (recouvert aujourd'hui par un lotissement) et l'autre aux Hospices (recouvert par une route). Une autre nécropole a été découverte à Ruscino.
Pour plus de détails sur ces champs d'urnes, consultez la page dédiée à Canet.
-700 ans : Les Ibéro-Ligures et les Kérétanis
Au VIe siècle, les peuples vivant dans la plaine étaient généralement appelés ibéro-ligures. Il s'agissait d'un mélange d'Ibères, vivant sur la péninsule ibérique et dans le sud de la France, et de Ligures, un peuple méditerranéen du delta du Rhône en Italie, arrivés vers -900. C'est ainsi que sur le territoire de l'actuel Languedoc-Roussillon, ces deux peuples se sont mélangés.
Sur le plateau cerdan, on trouvait un autre peuple, les Kérétanis. Ce peuple de paysans armés possédait chacun son cheval et son arme de défense. Ils étaient redoutés, même des puissantes légions romaines qui, plus tard, tentèrent de pactiser avec eux plutôt que de les soumettre. Les Kérétanis occupaient un vaste territoire allant du col de la Perche aux hautes montagnes du Berga, en passant par la haute vallée de l'Aude, de l'Ariège et de la vallée de l'Andorre, côté est.
Ces peuples ne sont pas les descendants directs des hommes préhistoriques. Ils ont conquis pacifiquement le littoral roussillonnais, probablement car ce dernier n'était pas suffisamment peuplé pour susciter une résistance militaire face à un agresseur.
Les Ibères, les Ligures et les Kérétanis étaient donc maîtres du littoral, du détroit de Gibraltar à La Spezia, en Italie. À cette époque, de grandes civilisations fleurissaient autour de la Méditerranée : les Carthaginois, les Romains, les Étrusques, etc. Ces civilisations étaient constamment en guerre tout en maintenant un régime commercial très offensif, cherchant sans cesse de nouvelles implantations et ressources pour se développer.
Structuration de la région
C'est à cette époque que les Phéniciens, originaires de Tyr, créèrent le comptoir de Port-Vendres sur la côte rocheuse. Ce port d'attache permettra aux Ibéro-Ligures dans un premier temps, et surtout aux Celtes, leurs successeurs, de se développer commercialement. Ces échanges de biens offrirent une bouffée d'oxygène aux habitants, qui vivaient jusque-là en parfaite autarcie. Ce changement économique se transforma au fil du temps en un bouleversement social, ouvrant les mentalités. La capitale du territoire, Illibéris (Elne), fut la première à en profiter. C'est grâce à ces échanges que commencèrent à apparaître les premières infrastructures telles que les routes (Port-Vendres étant isolé), les marchés et les villages.
La région fut alors structurée pour la première fois, à la fois géographiquement et socialement, et la notion de peuple fit son apparition.
On commence également à retrouver dans la plaine du Roussillon des vestiges d'autres civilisations : quelques amphores ibéro-puniques, des tessons grecs de Marseille ou d'Ampurias, des objets romains, etc.
Les premières villes furent créées : Ruscino et Illibéris (Elne), qui se virent dotées de bâtiments utiles à la communauté, tels que des marchés et des casernes. Les rues furent tracées et des remparts défensifs érigés. Les habitants de la région n'étaient plus des sédentaires vivant sous des abris précaires, ils se civilisèrent. C'est le début de l'Antiquité.
Les Pyrénées-Orientales