Histoire
Le passé de Serralongue est très ancien. Probablement habité dès le Néolithique — sans que l’on en ait la preuve —, le site accueillait déjà, vers 900 av. J.-C., un habitat celte. Une nécropole a été découverte au sud du village, au lieu-dit « El camp de les olles », sous la forme d’un champ d’urnes. Par la suite, les Romains annexèrent le Roussillon (-121), eux-mêmes débordés par les Vandales (408), puis par les Wisigoths (412). Ces derniers, intégrés au royaume wisigoth de Toulouse, prospérèrent jusqu’en 720, année de l’invasion sarrasine qui fit fuir les habitants. Le Vallespir fut alors presque entièrement désertifié jusqu’à la reconquête des territoires par Charlemagne en 811, marquant le début de l’ère carolingienne en Roussillon.
Fidèle à son habitude, Charlemagne découpa son territoire en de multiples comtés, le Vallespir étant rattaché à celui de Besalú. Alors complètement désertée, cette vallée fut progressivement reconquise par des pionniers qui y implantèrent les premières fermes et développèrent la région. L’église du village fut construite en 1018 et consacrée l’année suivante par Bérenger III, évêque d’Elne. Cet événement marqua le point de départ du village de Serralongue, les habitants venant s’installer autour de l’église.
La seigneurie de Serralongue apparaît au XIe siècle sous le nom de seigneurie de Cabrenc, en référence aux chèvres, l’un des rares animaux capables de grimper jusqu’au château perché sur la montagne (véritable « chemin de chèvres »). Elle exerça un grand pouvoir sur le haut Vallespir. Son territoire englobait notamment Lamanère et Coustouges.
Le premier seigneur de Cabrenc fut un certain Oriol de Cortsavi, patriarche de la dynastie de Serralongue, qui régna sur Cabrenc jusqu’en 1313.
À partir de 1313 et jusqu’en 1644, la seigneurie passa à la famille de Rocaberti (dix générations successives), puis, jusqu’en 1792 — date de la création des communes par l’État français —, elle appartint à la famille Ros. En 1792, Abden Senen de Ros, baron de Cabrenc, quitta la France pour s’installer en Espagne ; il fut le dernier seigneur de Cabrenc. Il convient de préciser qu’à une certaine époque, Cabrenc avait été élevé au rang de baronnie.
Un saut temporel nous mène en 1848, année de grands remous en France. Les républicains s’opposent à la bourgeoisie et de nombreux heurts éclatent un peu partout. C’est également en 1848 que paraît le premier numéro d’un quotidien se voulant libre et républicain : L’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Dans cet élan, les habitants de Serralongue posent un geste symbolique qui perdure encore aujourd’hui : ils plantent un micocoulier sur la place de la Liberté. Ce symbole a rempli son office, puisqu’il est toujours vivant de nos jours.
Signalons pour conclure que Serralongue a vu naître Pierre Talrich (1810-1880), poète, auteur de Recorts del Rosselló, et par ailleurs propriétaire du Conjurador à son époque.