À partir de 300 après J.-C., les peuples germaniques qui vivaient en paix en Europe du Nord se voient repoussés par les Huns venus de Russie. Affolés par la cruauté de ces barbares, ils envahissent la Gaule tout d'abord pour chercher la protection de l'Empire romain, mais celui-ci étant dans l'incapacité de leur fournir cette aide - l'Empire romain étant alors en pleine décadence - ces peuples s'installent dans ces nouveaux territoires, éliminant toutes traces romaines jusqu'en Italie.
Ce fut la fin de l'Empire romain d'Occident (celui d'Orient lui survivra de 200 ans) et le début de grandes migrations entre ces peuples à travers l'Italie, l'Espagne et la France.
Ces peuples provenaient de territoires divers, toujours du Nord. Les grandes migrations, lorsqu’elles vont se stabiliser, vont constituer la base de l’Europe. Parmi les peuples se trouvaient les Angles, les Saxons qui, en se mélangeant, ont donné les ancêtres des Anglais, les Vandales, les Francs (les ancêtres des Français), les Burgondes, les Wisigoths, mais aussi les Cimbres (du Jutland), les Suèves, etc.
Les Vandales furent les premiers à entrer dans le Roussillon en 406, bousculant sur la plaine qui s'offrait à eux les Romains et les Celtes qui y vivaient. Puis, la région fut successivement traversée par plusieurs peuples à la recherche de territoires où se stabiliser. Il faut savoir que cette époque est celle de la construction de l'Europe. Chacun de ces peuples, une fois fixé sur une terre, déclenchera l'émergence d'une nation plus ou moins indépendante (Anglo-saxons pour le Royaume-Uni, Burgondes pour la Bourgogne, Francs pour la France, etc.). C'est une période de grande migration dont la durée sera courte, puisqu'en dix ans, tous ces peuples seront stabilisés.
En 414, les Wisigoths parviennent à se fixer en Aquitaine et dans le nord de l'Espagne, formant le royaume goth de Toulouse, tandis que les Francs s'installent plus au nord, entre le Poitou et la Normandie. Les Vandales poursuivirent leur trajet jusqu’en Hongrie, les Burgondes s’arrêtèrent au nord du canal rhodanien, créant la base de la Bourgogne. Un équilibre précaire s’établit alors, équilibre dans lequel les Wisigoths auront une part importante.
Le Roussillon sous les Wisigoths
Implantés sur la région toulousaine au sens large (toute l'Aquitaine et la partie ouest des Pyrénées), les Wisigoths lancent, entre 453 et 466, une série de conquêtes sous l'impulsion de leur chef Théodoric II. Ces conquêtes s'orienteront naturellement vers le Sud, et bientôt toute la péninsule ibérique sera aux mains des Wisigoths. Le Roussillon, lui, tombe en 462. Cette période représente l'apogée de l'empire wisigothique.
Les traces de leur occupation en Roussillon sont rares, le temps ayant peu à peu effacé tout ce qui avait trait à ce peuple. De nos jours, on retrouve toutefois quelques vestiges, dont le plus connu est sans aucun doute la "Sainte Tombe" d'Arles-sur-Tech. Il s'agit d'un sarcophage wisigothique du IVe siècle en parfait état de conservation, qui a pour particularité de laisser filtrer de l'eau soi-disant bénite une fois par an à la même époque, ce qui est en fait une véritable énigme pour la science.

Prieuré Ste Marie du Vilar
A Espira-de-Conflent, en janvier 2000, un autre sarcophage contenant deux squelettes a été retrouvé en dégageant les fondations de l'église du village. Citons également deux sarcophages en marbre de Céret, visibles au prieuré Ste-Marie-del-Vilar, à Laroque-des-Albères, et deux tombes à Tautavel, qui décidément n'en finissent pas de nous étonner dans le registre historique. Ces derniers sont visibles au bout du parcours du musée préhistorique, accompagnés des objets qui y ont été trouvés.
Les Francs, expulsés de leur territoire nouvellement acquis, montent une contre-offensive sous la direction de leur chef Clovis. Ils parviennent à faire reculer les envahisseurs et reprennent le territoire de l'actuelle France, étendue jusqu'au bout de la chaîne des Alpes. La bataille de Vouillé en 507 voit l'échec et la mort d'Alaric II, roi wisigoth, dont le peuple conserve la péninsule ibérique et le pourtour méditerranéen jusqu'à la barrière naturelle de la Camargue.
Cette région comprenant le Roussillon, le Languedoc et la Camargue se nommait à l’époque Septimanie.
L'évêché d'Elne
Sous domination wisigothique, le Roussillon vivra en paix jusqu'au début du VIIIe siècle, sans que nous ayons beaucoup de traces de ce passé. Un événement important va toutefois se produire durant le VIe siècle : la création de l'évêché d'Elne. Les Wisigoths, autrefois croyants en une religion nordique (Thor, Odin et leur panthéon), s'étaient convertis au catholicisme dès le IIIe siècle, et cela au contact de l'empire romain qu'ils ont côtoyé en Italie du nord. C'est donc sous l'Empire wisigothique qu'a été créé cet évêché, exactement en 550.
En 720, soit plus d'un siècle plus tard, les Sarrasins, venus d'Afrique du Nord, attaquent les défenses des Wisigoths. Traversé de part en part, leur empire tombe définitivement après quatre siècles de domination. C'est le début d'une période où peu de vestiges nous sont parvenus.