La Septimanie est une province des royaumes barbares et francs du Ve au XIe siècle, correspondant approximativement à l'actuel Languedoc-Roussillon.
Elle fut d'abord une principauté wisigothique dirigée par des princes ariens, malgré l'importance de l'évêché de Narbonne, de la fin du Ve siècle jusqu'au VIIIe siècle. Elle était limitée par les Cévennes, le bas-Rhône, les Pyrénées et les Corbières. Elle fut prise par les musulmans venus d'Espagne : Narbonne en 719, Carcassonne et Nîmes en 725. Elle fut ensuite reconquise par Charles Martel, qui entra à Narbonne en 739. La reconquête fut achevée par Pépin le Bref en 759, d'abord avec l'appui des anciennes élites ariennes wisigothiques contre les musulmans et les Gallo-Romains alliés, puis contre ces mêmes élites.
Constituée, avec la Provence, en une marche par Charlemagne, qui la confia à son cousin, le duc Guillaume (790-804), cette marche fut souvent victime de raids sarrasins, notamment en 793. Ces incursions s'expliquaient en partie par la prospérité très méditerranéenne de la Septimanie à la fin du VIIIe siècle. Elle connut un essor du monachisme bénédictin, encouragé par Charlemagne. Dès 781, elle fut dévolue à Louis le Pieux, puis, après le partage de Verdun (843), elle fit partie du royaume de Charles le Chauve, qui y possédait des propriétés patrimoniales.
De nombreux diplômes furent accordés par Charles le Simple aux églises et monastères de Septimanie. Les premiers châteaux furent édifiés dans les cités au Xe siècle, et les laïcs prirent alors possession des biens religieux : à la fin du Xe siècle, le vicomte Guillaume légua Béziers et son évêché à sa fille. La Septimanie échappa de fait aux rois francs après le règne de Charles le Simple, au profit des évêques, des comtes de Provence et des ducs d'Aquitaine. Un grand nombre de serments féodaux, très contraignants, furent signés par les chevaliers avec les princes de cette région. En partie intégrée par les ducs d'Aquitaine au XIe siècle, puis soumise au XIIe siècle à l'influence des comtes de Toulouse, la Septimanie, intégrée au domaine royal, disparut après la croisade des Albigeois (1215).
Province constituée au moment des invasions barbares, la Septimanie est caractéristique de l'évolution des États du haut Moyen Âge, qui se disloquèrent lorsque se mirent en place, dans le cadre du deuxième âge de la féodalité, les grandes principautés.
Controverse sur le nom de la région
Avant que le Languedoc-Roussillon ne soit sacrifié sur l'autel de l'Occitanie, Georges Frêche, ancien président de la région, avait tenté de la rebaptiser "Septimanie". Il y eut une telle levée de boucliers en Catalogne qu'il dut revenir en arrière et abandonner son idée. Voici ci-dessous le texte écrit à l'époque sur ce site pour justifier l'inadéquation de ce nom avec la réalité du territoire.
Les habitants du Languedoc-Roussillon ont vu apparaître depuis quelques mois le mot "Septimanie" accolé systématiquement au nom de la région.
Il s'agit d'une initiative du nouveau président de région, M. Frêche, par ailleurs maire de Montpellier, élu en 2004. La volonté de substituer le nom Languedoc-Roussillon par Septimanie est évidente pour quiconque suit, même de loin, ses actions politiques : tentatives d'adhésion de la population par la diffusion d'articles visant à justifier historiquement le rattachement à cette ancienne province wisigothique (le journal de la région possède un encart ainsi dénommé), mais aussi, et c'est plus important, l'apparition de ce nom sur un document officiel lors de la signature d'une convention unissant la région au département des Pyrénées-Orientales.
Pour autant, ce nom est-il incohérent, comme l'affirment bon nombre d'opposants ?
Non. La Septimanie est bien la seule entité géographique historiquement avérée qui reprend, à quelques détails près, les contours de l'actuelle région. En cela, il est historiquement justifié de donner ce nom à notre région.
D'ailleurs, le terme de Septimanie est, de loin, beaucoup plus proche de la réalité géographique que l'actuel nom de Languedoc-Roussillon qui, rappelons-le, regroupe le Languedoc, vaste région ayant pour capitale Toulouse, et le Roussillon, ancienne province représentant la Catalogne Nord.
Néanmoins, le nom de Septimanie présente plusieurs inconvénients :
- Il s'agit d'une région wisigothique, un peuple aujourd’hui disparu, dont la culture nous est étrangère. Il n'existe donc aucun lien entre les habitants du Languedoc-Roussillon et les "Septimaniens".
- La période VIIIe-XIe siècle ne constitue qu'une continuité dans cette appellation par les premiers colonisateurs francs du pourtour méditerranéen, qui l'abandonnèrent dès que le système féodal se mit en place. La Septimanie n'est donc pas liée à nos ancêtres.
- Utiliser le terme de Septimanie revient à nier nos racines locales : languedociennes, roussillonnaises, cévenoles, etc. Pourtant, ce sont elles qui ont forgé nos modes de vie.
En réalité, il n'existe pas de cohérence en région Languedoc-Roussillon : ce n'est qu'un ensemble de territoires culturellement et géographiquement éloignés, regroupés pour des nécessités administratives. Ce n'est pas la seule région dans ce cas : Rhône-Alpes et PACA en sont d'autres exemples, contrairement à la Bretagne ou à l'Alsace, qui forment des unités territoriales socio-culturelles homogènes.
Il n'y a donc aucun intérêt à vouloir unifier une région qui non seulement ne peut pas l'être, mais ne veut pas l'être, chacun préférant préserver sa propre culture plutôt que de se fondre dans un ensemble administratif dominé par Montpellier.