La seconde guerre mondiale en Roussillon

Evènements et conséquences du conflit mondial sur les habitants de la région

Le commencement de la Seconde Guerre mondiale vu de Perpignan n'a pas été aussi intense que dans d'autres régions de France. Les principaux motifs d'inquiétude portaient surtout sur l'appel sous les drapeaux de nombreux hommes des villages. Certains de ces villages étant déjà assez dépeuplés ou en voie d'extinction, la mobilisation générale a précipité leur abandon : c'est le cas de Périllos ou de Cômes.

De plus, le département était toujours en train de traiter les réfugiés espagnols fuyant le franquisme dans leur pays : les camps de réfugiés construits en urgence venaient tout juste de se vider, une grande partie des réfugiés étant toujours au camp de Rivesaltes.

Durant la première partie de la guerre, mis à part les mouvements de troupes, c'est dans les airs que se manifestait l'état de guerre. En effet, le 114e bomber squadron de la Royal Air Force arrive sur la base de Perpignan durant l'hiver 1940. Mais face à l'avancée allemande, celui-ci est obligé de repartir à sa base d'attache, Vraux (près de Reims), le 10 mai 1940.


L'arrivée des Allemands

Tout se précipite le 12 novembre 1942. Ce jour-là, les Allemands envahissent la zone libre et arrivent à Perpignan. C'est justement l'aéroport qui sera tout d'abord investi. Son commandement est pris en charge par un détachement de la Luftwaffe. Une protection anti-aérienne est installée, dont le centre névralgique est un bunker construit pour l'occasion dans l'axe de la piste, sur la colline de Peyrestortes. Ce bunker existe toujours. Par ailleurs, les Allemands investissent le littoral. Ils y créent une barrière de fortifications afin d'empêcher tout débarquement, le "Mittelmeerküstenfront", que l'on retrouve sur toute la côte méditerranéenne.

Bunker à Torreilles-Plage

Bunker à Torreilles-Plage

De nombreuses casemates sont construites, des blaukhaus d'artillerie, des galeries souterraines ou d'encuvement. Les bunkers de Torreilles-Plage témoignent encore de nos jours de ce passé relativement proche.

Le cap Béar, à Port-Vendres, est particulièrement surveillé. Ses constructions existent toujours de nos jours. Il faut dire que 2 500 soldats y étaient casernés, ce qui nécessita de gros travaux. À Torreilles, les blaukhaus sont équipés de lances-flammes automatiques. Les constructions furent réalisées pour deux tiers par les Français et un tiers par les Allemands. Des Espagnols vinrent même leur prêter main-forte.

En 1944, 10 000 soldats allemands étaient postés dans le département. Entre 1943 et 1944, 9 000 hectares de terrain avaient été minés. Début 1944, face à l'imminence d'un débarquement, les Allemands demandent à ce que les habitants de Collioure évacuent la ville. Le 2 février 1944, la préfecture des Pyrénées-Orientales demande l'évacuation du littoral sur une largeur de 15 km. De nombreux villages sont vidés. Le 14, elle instaure une "zone réservée" le long du littoral, dispositif renforcé plus tard par les Allemands.

Le 19 août 1944, les Allemands dynamitent la plupart des installations en se retirant devant l'avancée des troupes venues du débarquement en Provence. À Perpignan, la réserve de munitions est détruite, et avec elle le bâtiment qui servait d'entrepôt : l'ancien couvent des Carmes, dont il ne reste aujourd'hui que les murs. À Port-Vendres, c'est le dépôt de mines marines qui est détruit. Heureusement pour la ville, toutes n'explosèrent pas. Si cela avait été le cas, elle n'existerait peut-être plus. Dans cette même ville, les Allemands couvrirent leurs arrières en faisant sauter les quais afin de compliquer les futurs débarquements alliés.


La libération de Perpignan

Nous sommes fin août 1944. Les Allemands, aidés par les miliciens français, sont concentrés au cœur de la ville et dans les bâtiments officiels. Les maquisards, venus de toute la région, convergent vers Perpignan.

La prise de Perpignan, et par la suite de toute la région, commença au maquis de Sournia, au-dessus de Rabouillet. Il est également parfois appelé "Maquis de Sansa". C'est dans cette zone que s'étaient réunis les résistants locaux, qui voyaient s'approcher le moment d'intervenir. Au début du mois d'août 1944, ils s'étaient fait parachuter des armes dans le maquis, qui équipèrent 150 hommes. Ce groupe reçut l'ordre de marcher sur Perpignan le 18 août 1944. L'insurrection avait déjà commencé à Perpignan, rue Mailly. Vers 15h30, les 150 hommes arrivèrent à Ille-sur-Têt, où on leur apprit que les Allemands étaient partis vers la mer par Rivesaltes. En fin de soirée, vers 18 heures, la colonne arriva aux portes de Perpignan. Ils savaient que 1 500 Allemands stationnaient à Elne. L'objectif des hommes du maquis de Rabouillet était le site des Variétés, qu'ils devaient prendre.

Séparés en trois groupes, ils lancèrent les hostilités et combattirent une partie de la nuit contre les Allemands qui tentaient de prendre la fuite. Au pied du Castillet, un camion allemand prit feu, et des hommes furent tués. Le matin, le major allemand Parthay fut fait prisonnier avec 5 hommes en arme, marquant la fin de l'occupation allemande.

Perpignan est définitivement libéré le 18 août 1944.


La résistance catalane et le maquis Henri Barbusse

Titre de gloire éphémère, la résistance catalane s'est unifiée assez tôt. Dès 1941, l'instituteur René Horte et Abdon Casso, tous deux de Valmanya, avaient mis sur pied un réseau pour faire passer des Belges en Espagne. Mais l'implication grandissante de la population du village fit naître des doutes chez les occupants, qui finirent par démanteler le réseau, provoquant des déportations importantes dans la population.

Pourtant, en juillet 1944, le maquis "Henri Barbusse" s'installe sur le site minier abandonné de La Pinosa, en montagne, à partir duquel les membres lancèrent une opération sur la ville de Prades dans le but à la fois de déstabiliser les Allemands mais aussi d'obtenir des fonds pour poursuivre la lutte.

Le site minier de la Pinosa

Le site minier de la Pinosa

En représaille, les Allemands décidèrent de faire de Valmanya un exemple, afin de marquer les esprits pour tous ceux qui seraient intéressés par rejoindre la résistance. Une colonne de blindés allemands prit la route pour détruire le village et massacrer les habitants, mais les membres du maquis purent freiner leur progression, permettant à la population de fuir. Seules quatre personnes furent prises sur place : Emitièro Barrena, Pierre Baux, José Gimeno et Jacques Romeux, qui furent tués. Le village fut ensuite incendié.

Puis, les Allemands poursuivirent les membres du maquis jusqu'à La Pinosa, où le chef du maquis, Julien Panchot, fut blessé. Ainsi diminué, il fut capturé, puis torturé pendant trois jours avant de mourir. Pendant l'assaut, trois autres maquisards furent eux aussi tués. Pour cet événement, Valmanya a reçu la croix de guerre. La citation qui l'accompagne termine ainsi :

Durement meurtri dans sa chair comme dans ses pierres, le village de Valmanya restera un exemple admirable et douloureux de l'inébranlable fidélité à une patrie dont il a bien mérité.

Il est également impossible de parler de la résistance catalane sans évoquer l'histoire de Louis Torcatis, originaire de Pia, dont une biographie est disponible sur ce site.


Ainsi s'achève l'histoire du Roussillon, qui commença au moment de la formation géologique de la plaine du même nom et se termine sur les flancs du Canigou, en plein maquis.



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Drapeau catalan Les Pyrénées-Orientales

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