Périllos

Un village abandonné depuis 50 ans qui n'est pas loin de revivre un peu

Cet ancien village, abandonné depuis les années 1970, ne l’est plus vraiment depuis que certaines maisons ont été rénovées pour servir de résidences secondaires. Depuis des décennies, les habitants d’Opoul viennent y chercher le calme sur ces plateaux calcaires à la végétation rase.

Et au milieu de ce paysage, le village de Périllos apparaît, isolé.

Cet ancien village, abandonné depuis les années 1970, ne l’est plus vraiment depuis que certaines maisons ont été rénovées pour servir de résidences secondaires. Depuis des décennies, les habitants d’Opoul viennent y chercher le calme sur ces plateaux calcaires à la végétation rase.

Et au milieu de ce paysage, le village de Périllos apparaît, isolé.

Périllos est un hameau abandonné du village d’Opoul, qui ne reflète plus aujourd’hui son prestigieux passé. Qui pourrait croire, à la vue de quelques maisons entourant une vieille église, que ce lieu fut autrefois le siège d’une seigneurie puissante de la région ? C’était pourtant bien le cas. Ce n’est pas si étonnant : la période faste de Périllos, du XIVe au XVe siècle, correspond à une époque où la plaine du Roussillon et la Salanque étaient encore peu praticables. À cette époque, les lieux d’habitation étaient davantage situés dans les collines. Périllos, relativement central dans les Corbières orientales, bénéficiait alors d’une position stratégique qui favorisa son essor.

De nos jours, le hameau n’est habité que partiellement, et parfois temporairement. Le dernier habitant l’a quitté au début des années 1970, mais certains y sont revenus depuis, essentiellement des agriculteurs. Plusieurs maisons ont été refaites, réhabilitées ou simplement rénovées, et peu à peu, Périllos reprend vie. Toutefois, son isolement profond ne permettra pas un développement significatif, c’est une certitude.

Périllos est très petit : il se compose d’une église, des ruines de la tour castrale dont il reste une arche, et d’une dizaine de maisons accolées. La partie nord-est est en cours de rénovation, et les travaux font réapparaître le crénelage du rempart. Un peu plus bas, le long de la route d’accès, se trouve une autre rangée de maisons, pour la plupart en ruines, bien que certaines aient été restaurées. On sent que les propriétaires essaient de redonner au hameau un aspect accueillant, en supprimant les ruines et en réhabilitant ce qui peut l’être. Mais il y a peu de bâtiments, et l’ensemble reste modeste.

La route menant à Périllos ne va pas plus loin. On ne peut pas y passer par hasard : on y vient uniquement si on l’a décidé. Quelques promenades sont possibles autour du hameau, mais les plus intéressantes se trouvent dans les collines environnantes. La randonnée menant à la stèle commémorative est longue et suit une piste sans grande surprise, tandis que celle qui mène à la grotte de Périllos est plus sauvage, davantage un sentier qu’un chemin. À noter aussi la présence, peu avant le hameau, du gouffre du Grand Barrenc et de la chapelle Sainte-Barbe, que l’on aperçoit facilement environ un kilomètre avant d’arriver.

La vie à Périllos semble terriblement isolée, avec une sociabilité réduite à son minimum. Le village le plus proche, Opoul, se trouve à environ 10 km plus au sud, au bout d’une route sinueuse et mal entretenue. Autant dire que vivre à Périllos relève d’un choix personnel fort : personne n’y réside par hasard.


Patrimoine, curiosités à voir sur place


Le patrimoine de Périllos est plus important qu'on ne le croit. Sur le plan religieux, il se compose principalement de deux édifices : l'ancienne église paroissiale et la chapelle Ste Barbe, un peu à l'écart du village (en savoir plus sur la chapelle Ste Barbe). L'église, de style typiquement roman, possède une nef unique voûtée en berceau plein cintre. L'abside, semi-circulaire, est légèrement plus grande que la nef et l'ensemble est surmonté d'un clocher-mur. Elle conserve encore aujourd'hui un Christ datant de la fin du XIXe siècle, une statue de l’Enfant Jésus et une statue de Saint Joseph, toutes deux du XVIIIe siècle, ainsi qu’un plat de quête antérieur du XVIIe siècle.

Sur le territoire de Périllos se trouvent également le gouffre du Grand Barrenc, un site karstique intéressant bien que peu spectaculaire, et la grotte de Périllos, qui séduira particulièrement les enfants. Dans les environs proches, on peut aussi visiter la stèle commémorative des victimes d’un accident aérien lors d’une mission de sauvetage.

Enfin, Périllos étant rattaché administrativement à Opoul, il est possible de découvrir dans les environs les richesses patrimoniales propres à ce village, notamment le château de la Saveterra (dit château d'Opoul) et l’église paroissiale Saint Laurent.


Histoire

Situé au nord du Roussillon, en plein cœur des Corbières, ce village s’est construit, comme beaucoup d’autres, autour d’un château appartenant au seigneur local. Ce château a d’ailleurs servi, à partir du XIIIe siècle, de poste avancé à la forteresse de la Salveterra, plus au sud (aujourd’hui injustement appelée "Château de Périllos"). De nos jours, il en reste la tour carrée, toujours debout. L’église du village, consacrée à saint Michel, date du XIIe siècle. Elle est mentionnée dans un document de 1215.


Les seigneurs de Périllos

En 1357, Périllos était une seigneurie dépendante de Ramon. Celui-ci obtint de Pere de Fenollet la seigneurie de Finestret, qui vint agrandir ses terres. En 1391, Jean Ier d’Aragon accorda à Raymond de Périllos le titre de vicomte. Son territoire était alors rattaché au comté du Roussillon, et son château, le "Castell dal Segnou", fut le berceau de l’une des familles les plus illustres du Roussillon. Il faut dire que Raymond fut nommé cette année-là gouverneur du Roussillon, de Cerdagne, du Conflent et du Vallespir. Il y avait de quoi être anobli !

Plus tard, ce fut également un seigneur de Périllos qui organisa la résistance catalane lorsqu’il fallut se rebeller contre les troupes du roi de France, Louis XI.

La chute de la famille de Périllos eut lieu au milieu du XVe siècle. Eleonora de Périllos mourut sans héritiers, mettant fin à la dynastie. Tous ses biens passèrent à son neveu, Bernat-Beranger de Perapertusa, en 1459. Le village poursuivit sa vie sous l’autorité de ce nouveau seigneur, et ce jusqu’à la Révolution.


Le déclin

Mais, malheureusement, trop éloigné de la mer et des grandes villes, et surtout situé à la frontière de deux royaumes en guerre perpétuelle, Périllos n’a jamais vraiment pu se développer normalement. À partir du XIXe siècle, il a rapidement décliné, victime d’une série de malheurs.

Tout d’abord, ce fut le phylloxéra qui détruisit les vignes, alors l’une des rares ressources locales. Puis le taux de mortalité infantile s’accrut dangereusement, provoquant un manque de population dans les années suivantes. En 1912, les quatre bébés nés cette année-là moururent tous. Ensuite, la Grande Guerre emporta les hommes valides. Les femmes, laissées veuves, partirent alors pour Opoul. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il ne restait plus que 33 habitants, et la guerre acheva le village.

Le dernier habitant, un berger, partit rejoindre Opoul dans les années 1970. Le village était déjà rattaché administrativement à celui d’Opoul depuis 1971.


Une renaissance ?

Certes, le village est aujourd’hui à l’abandon. Mais ne voit-on pas, en particulier l’été, un nombre toujours plus grand de promeneurs ? Avec autant de monde qui y circule, le village devait, tôt ou tard, renaître de ses cendres. Ce n’est pas encore fait, loin de là, mais une première activité a vu le jour sur place : il s’agit du "Lézard", une buvette qui accueille des expositions d’artistes locaux. D’après Marcel, d’Opoul, l’un des internautes de passage sur ce site : « S’y rafraîchir à l’ombre du gros figuier après avoir visité la ou les expositions d’artistes divers est un moment de bonheur. »

On le croit volontiers !


11 janvier 1963 : l’accident du Constellation

Nombreux sont les internautes à me demander où se trouve la stèle à la mémoire de l’équipage du Constellation, qui s’est écrasé le 11 janvier 1963 dans les Corbières. M. Raymond Jeanjean, secrétaire de l’Association Nationale des Sous-Officiers de Réserve de l’Armée de l’Air, répond à la question :

L’accident du Constellation s’est produit le 11 janvier 1963, faisant 12 victimes. La stèle se trouve dans un sentier, à mi-chemin, sur la droite, entre le château et le village de Périllos (le sentier ou piste fait environ 2 km, praticable plutôt en 4x4). Dernièrement, le souvenir de cette tragédie a été commémoré lors d’une cérémonie à laquelle participaient de nombreuses associations aéronautiques et des élus régionaux. 450 personnes étaient présentes. Le souvenir est perpétué chaque année, le lundi de Pentecôte. À l’occasion du cinquantenaire, une nouvelle stèle a été érigée en hommage aux équipages de cinq autres avions disparus en mer ou en Algérie. Au total, ces six accidents auront fait 47 victimes. Les noms figurent sur le fronton du monument.

Le Constellation était basé à Toulouse-Francazal, et dans le cadre de sa mission, participait aux recherches d’un bateau en Méditerranée. Ce jour-là, un brouillard intense recouvrait les Corbières catalanes.

En savoir plus sur la stèle commémorative de Périllos.



Informations techniques

Nom Périllos Nom catalan Perellos
Région Corbières Coord. GPS 42.897181 Est / 2.846808 Nord


Situation et accès

Périllos est un hameau d'Opoul. De nos jours, c'est un village abandonné. Il se trouve au nord de la ville, lorsqu'on entre dans les Corbières. Plus exactement, pour se rendre sur place, il faut monter à Opoul, par exemple depuis Rivesaltes, puis, une fois sur place, traverser la ville en direction de Vingrau. Peu avant de descendre vers Vingrau, il y a une route qui part sur la droite. C'est une route abîmée, étroite, qui serpente dans la montagne. Périllos se trouve tout au bout de cette route, à une petite dizaine de kilomètres de la bifurcation.



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