Les Vêpres Siciliennes

1285 : La croisade contre les Catalans

Venant tout juste d'être créé, le royaume de Majorque subit les conséquences de l'exiguïté de son territoire, enclavé entre deux puissants voisins : la France et l'Aragon. L’arrivée d’un nouveau souverain fut accueillie positivement par la population locale. Jacques II de Majorque ne cherchant pas à maîtriser la région par la force. C’est pourquoi, durant cette période, les villages du Roussillon et de Cerdagne non seulement vécurent en paix, mais se fortifièrent, obtenant tour à tour une enceinte fortifiée, comme ce fut le cas pour la ville de Rivesaltes, ou des privilèges particuliers.

La région fut également protégée par un système de Tours à signaux fort complexe. Destinées à contrôler le plus précisément possible tous les accès, elles avaient pour tâche de signaler l’arrivée d’une armée en allumant un feu sur le sommet de la tour, signal visuel retransmis de tours en tours jusqu’à ce qu’il soit visible au palais des rois de Majorque. Les principales tours sont toujours debout aujourd’hui, la plus visible étant celle de Tautavel, surnommée "la sentinelle du Roussillon", qui est visible sur la première des quatre collines, plein Ouest, lorsqu’on est en Salanque. Citons aussi d'autres tours, comme celles de Baixas, de la Madeloc, de la Massane, ou, plus vers la Cerdagne, celles de Serdinya, de Fedges, de La Llagonne, des Angles, de Puyvalador et d'Amélie-les-Bains.

1282 : les Vêpres Siciliennes

Le premier événement important fut l'occupation de la Sicile par Pierre III d'Aragon. En effet, dès la mort du roi de Sicile, et avec l'accord du pape, l'île fut occupée et dirigée par Charles d'Anjou, frère du roi de France. Mais les Français se firent détester des habitants, qui estimaient qu'ils abusaient de leurs pouvoirs. Les Siciliens demandèrent donc au roi d'Aragon, Pierre III, dont l'épouse était l'héritière de la Sicile, de lancer une conquête afin de reprendre l'île. C'est ainsi que 250 vaisseaux partirent de Collioure et de Valence.

Or, le 30 mars 1282, ce sont les Vêpres Siciliennes : les habitants massacrent les Français à Palerme et à Messine. Les almogavares — les soldats catalans — débarquent à Palerme et mettent 3 jours pour arriver à Messine. Dirigés par le grand Roger de Lauria, ils feront fuir les troupes françaises et c'est ainsi que Pierre III peut y débarquer le 3 août 1282. Les Français seront encore battus deux fois, en 1283 et 1284.

Devant la perte de l'île par les Français, le pape excommunie alors Pierre III. Il faut dire que ce pape ne devait son élection qu'à un coup de force organisé par le duc d'Anjou. Or, aucun royaume chrétien ne peut être dirigé par un roi excommunié ; il ordonne donc une croisade contre le roi d'Aragon, croisade destinée à prendre le royaume d'Aragon au profit de Charles d'Anjou. Elle sera dirigée par le roi de France Philippe le Hardi.

Pour parvenir en Catalogne-Aragon, il fallait traverser le petit royaume de Majorque. Ce dernier, étant trop petit pour tenir tête aux deux parties à la fois, le roi Jacques II de Majorque s'allia avec le roi de France. Il faut dire que la mauvaise volonté de son frère concernant la légitimité de son royaume avait provoqué de nombreux heurts, se caractérisant par la prise de quelques seigneuries en Roussillon et Cerdagne. Les termes de l'accord signé imposèrent d'ailleurs au roi de France de lancer une expédition dans le Roussillon afin de libérer ces terres occupées illégalement par Pierre II d'Aragon.

C'est ainsi qu'en 1285, la flotte française, composée de 100 navires, mouille à Collioure. Mais lorsque les forces françaises entrent en Roussillon, les villes ferment leurs portes. En effet, la volonté du roi de Majorque n'était pas la même que celle des habitants, qui protégeaient leurs frères catalans de la croisade ! Il fallut 3 assauts pour que Salses tombe. Puis, les Catalans du Nord bloquent le passage du Perthus. Arrêtées, les troupes françaises se replient sur Perpignan, qui ferme ses portes également. Mais un accord est signé : l'armée a le droit de passer en échange de la possibilité d'acheter de la nourriture. En attendant de pouvoir passer au Perthus, ils prennent le Boulou, dont la défense fut assurée par une femme, N'Aligsen. Elne est prise elle aussi le 25 mai 1285, et la cathédrale fut brûlée. Le portail de la cathédrale d'Elne conserve encore de nos jours des traces de cet incendie. Furieux de la difficulté qu'ils ont à franchir les Pyrénées, les Français massacrent la population d'Elne.

Finalement, ils parviennent à passer les Pyrénées par le col de la Massane le 20 juin. La flotte part mouiller à Rosas. Pendant ce temps, les villes de la Catalogne Sud s'étaient préparées. Peralda est prise, puis Figueras, Gérone. C'est alors que la flotte catalane coule ou prend des vaisseaux ennemis. L'armée française se trouve coupée en deux, sans ravitaillement possible. Comble de malchance, le typhus apparaît dans les troupes françaises. Le roi lui-même est atteint. La retraite est inévitable, et le 30 septembre, ils repassent les Pyrénées par le col des Panissars. Heureux de la victoire, les almogavares les poursuivent et n'épargnent que le roi, qui meurt à Perpignan. Son fils Philippe IV le Bel, âgé de 17 ans, lui succède.

C'est ainsi que se termina la croisade contre les Catalans, où il apparut une fois de plus que la frontière naturelle des Pyrénées n'a pas marqué une frontière entre les peuples.


Conséquences sur le Roussillon

Évidemment, la victoire de Pierre III d'Aragon eut de grandes conséquences sur le royaume de Majorque, mais curieusement elles ne vinrent pas de lui, mais du roi de France. Philippe IV était furieux de la défaite, mais surtout de la mort de son père, dont il estimait le roi de Majorque responsable. Vu que le Roussillon était aux mains de son armée, il le conserva en dédommagement, et c'est ainsi que cette région passa aux Français en 1285. En parallèle, les troupes d'Aragon poursuivent leurs conquêtes : Roger de Lauria prend Djerba en 1284, où il fait construire un château. Puis, ce furent au tour des îles de Kerkennah, Pantelleria, et enfin Malte.



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