Les Trabucayres

1845 : Les Trabucayres sèment la panique dans le Vallespir


Les Trabucayres étaient des bandits de grand chemin qui sévissaient dans le Bas-Vallespir, à Céret. Ils avaient leur quartier général à Las Illas, un hameau dans les Albères, au-dessus de Maureillas. Leur nom provient des *trabucs*, le terme catalan désignant le tromblon, une arme en usage à l'époque.

L'histoire des Trabucayres s'inscrit dans un contexte plus large : la deuxième guerre civile espagnole entre Don Carlos et Isabelle II. Tout commence en 1833, à la mort de Ferdinand VII.

Don Carlos, frère de Ferdinand VII, revendiquait le trône en vertu de la loi salique. Cette prétention déclencha une guerre de succession avec les partisans de la fille de Ferdinand VII, la future Isabelle II, légitime selon eux. Ce conflit, connu sous le nom de Première Guerre carliste, dura de 1833 à 1840 et eut des répercussions importantes sur l'histoire de l'Espagne. Après cette guerre, une deuxième, moins intense, éclata entre 1846 et 1849. Toutefois, entre ces deux conflits, les carlistes se dispersèrent sur le territoire, et certains s'établirent à Las Illas, décidant d'attaquer la diligence reliant Perpignan à Barcelone.

Le 24 février 1845, treize carlistes se dirigèrent vers Gérone. Le 27, ils arrêtèrent la diligence entre Gérone et Tordera, firent descendre tous les passagers, brutalisèrent les femmes et deux officiers de l'armée espagnole, puis dérobèrent tous les biens de valeur. Ils prirent également trois hommes en otage : Roger, banquier à Figueras, Don Ballber, 70 ans, de Gérone, et Jean Massot, 16 ans, étudiant. Le 29, les Trabucayres revinrent à Las Illas avec deux des otages, Don Ballber ayant succombé à la fatigue pendant le trajet. Les gendarmes retrouvèrent le groupe, et lors d'un échange de coups de feu, Roger fut tué. Le groupe se scinda alors en deux : une partie partit vers Coustouges, tandis que l'autre se cacha dans la grotte de Bassagoda, située sur la commune d'Arles-sur-Tech, avec leur dernier otage.

Tout au long d'avril 1845, des échanges épistolaires eurent lieu entre Jean Massot et sa mère, dans le but d'obtenir une rançon. Hélas, la mère n'avait pas les moyens de payer. Le 1er mai, les gendarmes espagnols et français resserrèrent l'étau autour des ravisseurs. Voyant que la rançon ne serait jamais payée, ils décidèrent de se débarrasser de leur otage. Jean Massot fut froidement tué à l'arme blanche par Matheu, dit « Xicolate », surnommé le sanguinaire, qui conserva sur lui les oreilles du jeune homme comme trophée. C'était le 1er mai 1845.

Le 5 mai, les gendarmes, informés qu'un groupe d'étrangers avait tenté de franchir la frontière au mas Aloy, sur le territoire de Corsavy, encerclèrent les lieux. L'assaut fut donné, et Michel Bosch fut mortellement touché. Avant de mourir, il se confessa, confirmant les crimes du groupe. Les autres membres furent arrêtés et emprisonnés à Céret, puis transférés à la prison municipale de Perpignan, située à l'époque au couvent Sainte Claire. Le procès se déroula à la chapelle du Tiers-Ordre à Perpignan. Le verdict fut sévère : quatre condamnations à mort, les autres aux travaux forcés ou à l'emprisonnement. Jean Simon, dit Tocabens, considéré comme le chef, fut guillotiné à Céret fin juin 1846, suivi de Joseph Balme, dit Sagals. Ils furent enterrés sous un petit bâtiment servant de placard à matériel le long du mur du cimetière. Jérôme Icazes, dit Llaurens, et Joseph Matheu, dit Xicolate, furent guillotinés à Perpignan à la même époque.



Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux !

Facebook Instagram Bluesky Threads
Facebook Instagram Bluesky Threads
Drapeau catalan Les Pyrénées-Orientales

Copyright 2013 - 2025 - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Ce site Internet est un site privé, non officiel, issu du travail de compilation des oeuvres de différents auteurs. Sauf mention contraire, les photos sont la propriété du webmaster. Toute utilisation des textes, photos ou autres éléments de ce site internet sont interdits sans accord du webmaster.