L'industrie du verre n'est pas, à proprement parler, une activité typique du Roussillon, mais comme partout en Europe durant le Moyen Âge, elle fut nécessaire, et ses artisans furent largement représentés. De plus, le village de Palau del Vidre conserve cette tradition. Il est donc important de comprendre comment cette activité était pratiquée.
Les premières traces d'activités liées au verre datent de l'époque romaine. Un document de 850 indique que des ateliers fonctionnaient depuis cette époque à Saint-Martin (au col de Forçat, sur la commune de l'Albère), à Saint-Étienne de Nidolères et à Tatzo d'Avall (Taxo d'Avall).
Mais c'est à Palau del Vidre que se trouvait le plus grand atelier ayant fonctionné en Roussillon. Exploité par la famille Xatard de 1377 au XVIe siècle, son rayonnement attira de nombreux petits ateliers dans le village, mais aussi dans toute sa région proche. Ainsi, on en trouvait à Elne, Latour-Bas-Elne, et dans d'autres localités. L'importance de cette industrie à Palau se manifesta également par un changement dans l'appellation du village lui-même, qui apparaît en 1442 sous le nom de "Palau del Vidre", ce qui signifie "Palais du verre" en catalan.
À une époque où l'on se tourne de plus en plus vers nos traditions, il est intéressant de noter que ce village organise chaque année des journées autour du verre, incluant des ateliers, des présentations de techniques et des expositions d'œuvres d'art.
Les maîtres-verriers catalans
Les maîtres-verriers du Roussillon, bien que moins connus que ceux d'autres régions comme la Lorraine ou la Bohême, ont laissé un héritage important dans l'artisanat du verre. La famille Xatard, mentionnée ci-dessus, était l'une des plus influentes dans le domaine. Ces artisans travaillaient principalement à la fabrication de vitraux, de récipients utilitaires et parfois d'objets décoratifs.
La production de verre dans cette région était souvent influencée par les traditions méditerranéennes, avec des techniques importées d'Italie et d'Espagne. Les couleurs utilisées dans les verreries catalanes, notamment les bleus et les verts, témoignaient d'une maîtrise particulière des pigments. Les artisans locaux se fournissaient en matières premières dans les zones environnantes, notamment le sable, et utilisaient le bois des forêts locales pour chauffer leurs fours.
De nos jours, certains ateliers perpétuent ces savoir-faire, offrant une seconde vie à cette tradition en la combinant avec des techniques modernes. Les journées du verre organisées à Palau del Vidre sont l'occasion de découvrir ce patrimoine méconnu et de rencontrer des artisans qui s'inscrivent dans la lignée des maîtres-verriers catalans.
Les Pyrénées-Orientales