Abbaye Saint-Génis des Fontaines

Une abbaye remarquable, dont le linteau millénaire est un véritable chef-d'œuvre de l'art roman.



L'abbaye Saint-Génis est l'une des grandes abbayes bénédictines des actuelles Pyrénées-Orientales, aux côtés de Saint-Michel de Cuxa et de Saint-André de Sorède, toute proche. Bien qu'elle ne soit ni particulièrement grande ni richement décorée, son cloître, remarquablement restauré, en fait un lieu d'exception.

La pièce maîtresse de l'abbaye est sans conteste le magnifique linteau de la porte principale de l'église, finement sculpté par le maître de Cabestany. Cette œuvre d'art remarquable a traversé plus de mille ans d'histoire !

L'abbaye Saint-Génis est l'une des grandes abbayes bénédictines des actuelles Pyrénées-Orientales, aux côtés de Saint-Michel de Cuxa et de Saint-André de Sorède, toute proche. Bien qu'elle ne soit ni particulièrement grande ni richement décorée, son cloître, remarquablement restauré, en fait un lieu d'exception.

La pièce maîtresse de l'abbaye est sans conteste le magnifique linteau de la porte principale de l'église, finement sculpté par le maître de Cabestany. Cette œuvre d'art remarquable a traversé plus de mille ans d'histoire !


De quoi s'agit-il ?

L'abbaye Saint-Génis-des-Fontaines fait partie de la prestigieuse lignée des abbayes du Roussillon, aux côtés de Saint-Michel de Cuxa, Saint-Martin du Canigou, et Saint-André de Sorède.

Fondée à la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle par un certain Sentimir, l'abbaye était initialement bénédictine, comme la plupart des établissements monastiques de la région. Aujourd'hui, elle se trouve intégrée à l'agglomération de Saint-Génis-des-Fontaines, mais durant tout le Moyen Âge, elle était située à l'extérieur de la ville, vers le sud. C'est l'urbanisation progressive qui a fini par l'englober.

L'abbaye présente une architecture relativement simple : une grande église abbatiale, un clocher de plan carré et un magnifique cloître. L'église, de plan rectangulaire et à nef unique, est sobre et dépouillée. Le clocher, récemment restauré, est crépi en jaune et rouge, typique des clochers catalans : bas, massif et doté de nombreuses ouvertures en plein cintre. On note également la présence d'un clocheton à cloche unique sur le toit de l'église.

Le cloître, entièrement construit en marbre rose, est une véritable merveille. Les marbres utilisés proviennent de carrières locales, notamment le marbre rose de Villefranche-de-Conflent et le marbre blanc de Céret. Autrefois, une fontaine en marbre rose ornait le cloître, mais elle a été transportée au Cloisters Museum de New York.

Le cloître actuel date du XIIIe siècle et témoigne de la persistance de l'art roman à cette époque. Il est composé de galeries aux arcs en plein cintre, soutenues par des colonnes aux chapiteaux finement sculptés. Ces sculptures présentent une iconographie variée, incluant des motifs végétaux, des animaux et des scènes bibliques.

L'abbaye a connu plusieurs phases de destruction et de reconstruction au cours des siècles, notamment en raison des invasions normandes au IXe siècle. Elle a été restaurée et agrandie à plusieurs reprises, reflétant les évolutions architecturales de chaque époque.

Aujourd'hui, l'abbaye Saint-Génis-des-Fontaines est un témoignage précieux de l'histoire religieuse et architecturale du Roussillon. Elle attire de nombreux visiteurs, séduits par la beauté de son cloître en marbre et la sérénité qui se dégage de ce lieu chargé d'histoire.

L’abbaye se visite, avec une entrée située sur la rue principale. L’été, c’est une visite particulièrement agréable : lorsque le soleil frappe fort, on profite de la fraîcheur et de l’ombre des anciens bâtiments monastiques.


Plan de l'abbaye

Plan de l'abbaye de Saint Génis des Fontaines

1 : Linteau

2 : Accueil

3 : Accueil handicapé

4 : Cour du couvent

5 : Galerie des deux clochers

6 : Sacristie

7 : Cloître

8 : Salle capitulaire (privée)

9 : Accès au jardin

10 : Eglise

11 : Salle municipale


Le linteau

Linteau de l'entrée de l'abbaye

Linteau de l'entrée de l'abbaye

S'il est une œuvre à mettre particulièrement en avant à Saint-Génis-des-Fontaines, c’est bien le splendide linteau en marbre blanc de Céret. Ornant la porte principale de l’église, cette pièce exceptionnelle, vieille de près de 1 000 ans, est un chef-d'œuvre de l’art roman. La finesse des décors, la précision du geste du tailleur de pierre, et l’harmonie générale du relief en font une œuvre majeure de l’art féodal. Ce linteau est également célèbre pour être le plus ancien linteau sculpté portant une inscription datée, confirmant sa réalisation en l'an 1019 ou 1020. Des spécialistes du monde entier viennent l’étudier et admirer son exceptionnel état de conservation.

Le linteau représente plusieurs scènes religieuses, dont la figure centrale du Christ en gloire, entouré des symboles des Évangélistes. Ce motif, souvent utilisé dans l’art roman, incarne la puissance divine et la transmission de la parole sacrée. Les bordures sont ornées de motifs végétaux et géométriques finement ciselés, caractéristiques de l’iconographie romane locale.



Les pierres tombales

Pierre tombale de l'abbé Raymond

Pierre tombale de l'abbé Raymond

L'abbaye a toujours servi de lieu de sépulture pour les différents abbés qui l'ont dirigée. Celle de l'abbé Raymond, décédé en 1196, avait été retirée du cloître au cours du XIXe siècle, mais elle y a été réinstallée en 2000. Cette sépulture est composée de six parties, présentées sous la forme de trois blocs de textes répartis sur deux lignes. Le texte, écrit en latin, exalte les qualités du défunt, célébrant sa piété et son rôle au sein de l'abbaye.

L'abbaye possédait d'autres pierres tombales, mais la plupart ont malheureusement disparu. Parmi elles figuraient celles de l'abbé Gausbert (décédé en 1234), de Sapte de Pollestres (décédé en 1281) et de Gulem d'Abadia (décédé en 1307). L'une de ces pierres tombales a même traversé l'Atlantique et se trouve aujourd'hui aux États-Unis.



Histoire

L'histoire de l'abbaye Saint-Génis-des-Fontaines est étroitement liée à celle du Roussillon. Elle commence très tôt, dès le IXe siècle.

Nous sommes en 819. Les Sarrasins ont été repoussés au-delà des Pyrénées par Charlemagne depuis seulement huit ans. Sous l'impulsion du roi, des religieux s’implantent sur ces terres nouvellement conquises et presque désertifiées. Ce sont des moines bénédictins qui décident de fonder une abbaye au pied des Albères. Leur chef local, un certain Sentimir, rattacha dès sa fondation l’abbaye à celle de Cluny. Cette affiliation à Cluny marquait un rattachement aux grands courants réformateurs de l'époque, visant à renouveler la spiritualité et à renforcer l’autorité religieuse. Malheureusement, elle fut détruite à la fin du premier millénaire, et les moines durent s’atteler à la tâche pour la reconstruire. Sa renaissance eut lieu en 981, et c’est cette abbaye que nous admirons encore aujourd’hui.

L’église Saint-Michel fut initialement construite au IXe siècle, mais elle fut détruite et reconstruite aux XIIe et XIIIe siècles. Au XIIe siècle, la charpente en bois fut remplacée par une voûte en pierre, un changement qui reflète les évolutions architecturales et les ressources disponibles. Cette abbaye est célèbre dans le monde entier pour le linteau de la porte d’entrée de l’église abbatiale. Daté de 1020 (ce qui en fait l’une des premières manifestations de l’art roman dans la région), il se distingue par sa grande finesse. Ce linteau a fait école, attirant des tailleurs de pierre venus de loin pour s’initier à cet art. Taillé dans le marbre blanc de Céret, il représente le Christ dans une mandorle perlée, soutenu par deux archanges et encadré par six figures d’apôtres, une composition typique de l’art roman primitif.

En l’an 1000, le monastère accueillit un synode, renforçant son importance spirituelle et régionale. Cependant, ce n’est qu’en 1153 que l’église abbatiale fut consacrée, marquant un moment fort de son histoire. En 1507, le pape Jules II rattacha l’abbaye de Saint-Génis à celle de Montserrat, en Catalogne, marquant le début de son déclin. À cette époque, il est probable qu’elle avait déjà perdu une grande partie de ses moines, et son rôle religieux s’amenuisait progressivement. En 1796, à la suite de la Révolution française, le monastère fut vendu comme bien national et transformé en exploitation agricole.

Entre 1922 et 1924, deux des trois héritières vendirent leurs parts à un antiquaire parisien, M. Gouvert, qui acheta le cloître et le fit démanteler. Les trois quarts des colonnes et des chapiteaux furent expédiés au château des Mesnuls, dans les Yvelines, tandis que trois colonnes et deux arcatures furent exposées au Louvre, et trois piles centrales envoyées à Philadelphie. Ce démantèlement entraîna une perte patrimoniale importante, provoquant des protestations de la part d’historiens et d’amateurs d’art.

Le quart restant, situé dans la partie sud-est, fut classé monument historique, garantissant sa conservation sur place. Entre 1986 et 1988, toutes les pierres restées en France furent récupérées et réinstallées (le château des Mesnuls rendit sa part et le Louvre prêta ses pièces). En 1988, le cloître reconstitué fut inauguré, restituant à l’abbaye une partie de sa splendeur d’antan. Depuis, d’importants travaux de restauration ont été entrepris, mettant au jour des parties jusqu’alors méconnues, notamment dans le cloître et l’église. En 1997, un jardin fut aménagé, redonnant à l’abbaye un aspect proche de son usage initial.

Signalons enfin qu’une fontaine du XIIIe siècle, qui se trouvait à l’origine dans le cloître, n’a pas suivi le même destin que le reste de l’édifice. Aujourd’hui, elle se trouve au "Cloisters Museum", à New York. Un bien long voyage pour une fontaine catalane ! Cet élément témoigne de l’intérêt international porté à ce site, dont l’histoire traverse les frontières et les époques.

Situation et accès

L'abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines se situe au cœur du village. Entrez dans les ruelles jusqu'à la mairie (parking). L'entrée se trouve à 100m, en prenant la rue qui part à 90°. Vous la trouverez facilement, elle est bien indiquée. La ville de Saint-Génis est au Sud de la plaine du Roussillon, près de Sorède et Saint-André, le long de la route menant d'Argelès-sur-Mer à Céret.

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