Histoire
Nous n'avons pas sur Latour-de-France de traces de l'activité préhistorique qui devait pourtant avoir lieu dans la vallée de l'Agly.
Nous en avons sur d'autres villages, que se soient une présence lointaine, comme à Vingrau,
Espira de l'Agly, ou plus récente avec l'érection de dolmens ou menhirs. Par la suite les celtes (vers
-500), puis les romains vinrent occuper la région. Ils seront suivis des wisigoths (412), puis des sarrasins (739). Aucun de ces peuples
n'ont laissé de vestiges de leur passage du côté de Latour-de-France. Il faudra attendre l'arrivée des carolingiens en 811 pour commencer
à trouver une trace du village tel que nous le connaissons de nos jours.
Charlemagne, au IXe siècle, instaura le système féodal. Latour-de-France fut rattaché au comté de Bésalù, à qui appartenait la
vicomté de Fenouillèdes. Les premiers temps de l'ère carolingienne nous sont inconnus,
mais il faut savoir que Pierre II d'Aragon, alors maitre de la Catalogne, prit part aux côtés du comte de Foix à ce qu'on a appelé plus
tard "l'hérésie cathare". Défait, son comté fut coupé en deux en 1258, le Fenouillèdes fut rattaché à la France tandis que le reste resta
à l'Aragon. La frontière passait entre Montner et Latour-de-France, faisant de ce dernier l'ultime étape avant
l'Aragon. Pour marquer cette frontière, il fut installé une borne dont l'un des côtés est gravé aux armes de la Maison de Montesquieu,
seigneurs de la Tour de France, de l'autre la croix des Rois d'Aragon : la Roque d'En Talou.
Le village, comme beaucoup à l'époque, possédait un château datant du XIe siècle, mais c'est bien la tour qui assurait la surveillance
du terrain. Cette tour est mentionnée pour la première fois en 1020 dans le testament du comte Bernard Taillefer. Elle est ensuite citée
en 1056, puis en 1070 (Torre de Tringag cum sua castellania) et à la même date Ermengaud de Triniach est témoin de l'acte d'union de
l'abbaye de Lez à celle de St Pons.
En 1139 il est fait donation d'une vigne sise au "terroir de Trignac ou de la Tour". Puis en 1140 a lieu un serment féodal de Berenger
de Perapertusa, fils de Geralda, au comte de Barcelone et Besalu pour la tour de Triniacho. En 1242 Pierre de La Tour donne un homme et
sa famille au monastère de St Pons et à Ste Eulalie de Trignac. En 1248 le prieur de Ste Eulalie de Trignac donne à Raymonde, veuve de
Pons de Dulhac de La Tour pour en jouir jusqu'à sa mort, date à laquelle elle reviendra à Ste Eulalie et enfin en 1249 Pierre de La Tour,
chevalier, baille à nouveau fief à St Pons de Thomieres un jardin dans le terroir de Ste Eulalie de La Tour.
L'église, chapelle ou prieuré a disparu ainsi que cette fameuse tour. La chapelle était sur les rives de l'Agly, beaucoup plus bas que
la tour.