Histoire
L'origine d'Evol : la famille de So
Le territoire d'Evol ne nous a pas fourni de traces d'activités humaines antérieures à la reconquête franque (793-811). Mais la première période
franque, lors de la création des comtés, est trouble et ne permet pas de connaître avec précision les différents acteurs d'une histoire si lointaine.
La première trace du lieu date de 1162. Cet année là on a la preuve que le comte de Cerdagne
avait inféodé la vallée d'Evol à Bernat d'Alione (Bernat de Llo). Ce personnage énigmatique, marié à la fille d'Arnau de so, devient l'héritier de la
châtellenie de So (Usson, dans l'Aude). Ainsi commence la dynastie des futurs vicomtes d'Evol, la famille de So.
La vicomté d'Evol
La vallée fut protégée par un château initial, dont nous n'avons pas de traces, et qui était probablement construit en bois comme c'était l'usage
avant le XIIe siècle. Au début du XIIIe siècle le catharisme divisait la communauté féodale. Le roi d'Aragon, beau-frère du comte de Foix son vassal,
avait épousé la cause cathare contre Simon de Montfort. Bernat de So se rangea aux côtés du pape en organisant une armée qui lutta aux côtés de Simon
de Montfort.
Le roi d'Aragon Alphonse II se vengea de cet affront en confisquant ses terres (Evol, Estavar, le Donnezan et le
Capcir) et les remit à son allié Raymond Roger de Foix. A la défaite des cathares, ses terres lui furent
rendues. C'est ainsi qu'Evol changea rapidement de mains deux fois. En 1245 le roi confirme les donations parce qu'il a rendu hommage au comte de Foix,
lui même lui ayant rendu hommage pour ses terres d'Evol.
En 1260 son fils Guillem reçu du roi Jacques le Conquérant le château d'Eus, les villages d'Evol et Sahorre, la moitié
d'Estavar et la châtellenie de Puyvalador. Il avait également la justice, les censives, les rentes et les droits de lods,
ce qui faisait de lui un personnage très important. Pour marquer la montée en puissance de cette famille, Guillem reconstruit son château d'Evol, celui
que l'on connaît de nos jours.
Son héritier Joan de So fera bâtir un deuxième château : La Bastide, au bord de la têt. Il en
reste des ruines de nos jours : les deux tours qui s'élèvent sur le plat, un peu avant Olette. Rapidement une communauté s'y installe et les vicomtes
viennent vivre dans ce château, certes un peu moins protégé (il n'avait pas de donjon), mais surtout beaucoup plus habitable. Ce château était en
relation étroite celui d'Evol par la tour à signaux d'Oreilla, près Olette.
Joan avait en 1286 la suzeraineté de Caramat et des Anglars (Note : il ne s'agit pas des Angles) ainsi que la seigneurie de Fontrabiouse. En 1337
Evol connaît son apogée : le roi de Majorque Jacques III de Majorque érige le lieu en vicomté. Joan sera le premier vicomte d'Evol et sera nommé à
cette occasion chancelier. Malheureusement fidèle à Jacques III, il se voit spolié en 1344 lorsque Pierre IV d'Aragon récupère par la force le royaume
de Majorque. Toutes ses terres sont données au comte Gaston de Foix, et Evol change à nouveau de main.
Joan de So mourut peu après 1344. Vers 1350 son héritier Bérenguer récupéra sa vicomté et ses dépendances principales grâce à l'appui du comte de
Foix. En 1394 le vicomte d'Evol était Bernat II de So. Son suzerain direct le comte de Foix était marié à la fille du roi d'Aragon. A la mort du roi,
il prétendit au titre, ayant légitimement le droit de l'obtenir. Mais c'est Martin qui fut choisi (1412). Bernat envahit alors la Cerdagne et le
Conflent mais fut vaincu. Ses terres furent récupérées directement par le roi. Les vicomtes d'Evol rendirent donc directement hommage au roi.
A partir du XVIIe siècle, la vicomté d'Evol sera énormément convoitée. En peu de temps elle basculera successivement entre divers mains. En 1641
l'administration de la vicomté fut donné à Thomas de Banyuls, nommé par le nouveau maitre du Roussillon, le roi de France Louis XIII. Thomas était
en outre procureur royal des comtés du Roussillon et de Cerdagne. Mais la population étant contre les français, il s'allia à quelques grandes familles
de nobles roussillonnais pour les calmer. Face à cet affront, le roi confisqua leurs biens et les donna à Joan Pere Texidor.
Après le traité des Pyrénées (en 1659) Evol fut confié à Elisabeth d'Eril, de la famille de Banyuls. A sa mort, c'est son petit-fils le duc d'Hijar
qui devint vicomte d'Evol et de Canet. Suite à la guerre contre les français la vicomté fut donnée en 1662 à
l'abbé de St Cugat, puis en 1668 au seigneur de Caramany. En 1670 elle appartenait à nouveau au duc d'Hijar.
Le village est devenu une commune à la révolution française, mais celle-ci étant devenue trop petite elle a été rattaché à celle d'Olette en 1827.