De quoi s'agit-il ?
L'ermitage de Font-Romeu est un des lieux religieux les plus connus du département des Pyrénées-Orientales. Il se trouve à l'extérieur de la ville, le long de la RN116, à droite avant d'entrée dans Font-Romeu.
L'histoire de l'ermitage de Font-Romeu commence en 1001. Le comte de Cerdagne, Guifré, fondait sur les contreforts du Canigou le Monastère de St Martin qu'il dota en 1007 de toutes les possessions d'Odeillo, d'Egat et de Targasonne. Ces moines eurent pour taches de développer la dévotion à Marie et créèrent de nombreuses statues à son effigie, qu'ils éparpillaient un peu partout dans leur territoire.
Elles étaient particulières; faites en bois peint ou doré, de marbre ou de pierre, quelquefois même mais rarement en cuivre, étain ou plomb. Assise sur le trône, elles sont revêtues d'une tunique (appelée "Stola") et recouverte d'un manteau plus ou moins long. Sur la tête elle porte un voile qui encadre leur visage et tombe sur les épaules, et elles sont pieds-nus. Elles sont caractérisés par le fait qu'elles portent l'enfant Jésus sur les genoux ou le bras gauche, comme si elles le présentaient. Ces Vierges sont appelées "de type romane", par opposition au "type byzantin", plus ancien, qui porte l'enfant contre la poitrine.
Au début du XIIe siècle le comte de Foix, dernier héritier des comtes de Cerdagne et du Conflent fit une incursion armée dans le pays. Des églises furent pillées (Les comtes de Foix étaient à l'époque favorable à l'hérésie cathare), et du coup il semble être normal que nombre de ces statues aient été caché.
La suite relève de la légende de l'invention.
La légende de l'invention
Voici le texte de la légende de l'invention, rapporté par le curé de Font-Romeu au XVIIIe siècle.
"Un troupeau de gros bétail d'Odeillo était en dépaissance, sous la garde d'un bouvier. Or il arriva qu'un taureau s'esquivait fréquemment du reste du troupeau et se rendait auprès d'une fontaine, creusant avec feu le sol et poussant des beuglements extraordinaires. Le bouvier mettait tout en oeuvre pour le rappeler de peur qu'il ne s'égarât. Poussé à bout, le bouvier allait un jour déchaîner contre lui sa fureur et ses coups lorsque, au sentiment de colère qui l'anime, succède la curiosité. Il observe alors le taureau et découvre dans la fontaine l'image de la Vierge que le taureau avait tant de fois signalé. Transporté de joie, il court vers la paroisse d'Odeillo annoncer le miracle. La communauté d'Odeillo rendit grâce à ce miracle en construisant une chapelle en ce lieu."
Le retable
Chef d'oeuvre de Joseph Sunyer, le retable de l'ermitage de Font-Romeu a été sculpté entre 1704 et 1707 puis doré et polychromé par Félix Escriba.
Réalisé en 1718 par Sunyer et décoré entre 1730 et 1734 par Escriba, le camarill, genre de petit salon situé derrière le retable, permet de rendre visite à la Vierge de l'invention. Dans ce boudoir baroque, éclairé par un lanternon octogonal, 4 anges grandeur nature jouent de la contrebasse, de la tenora, du violon et du hautbois. C'est un trypique à la gloire de Notre Dame, il raconte les principaux épisodes de sa vie.
Mis à part ce retable, la chapelle possède d'autres éléments de mobilier : Les retables de la Vierge (XVIIe) et de St Joseph (XVIIIe) une statue de St Martin (XVIIIe), et la chapelle du Camaril, par Sunyer.
L'Applec
L'applec de Font-Romeu à la chapelle de l'ermitage a une origine bien particulière, le couronnement de la Vierge. Il s'agit d'une tradition ancestrale consistant à ceindre la tête du saint d'une couronne durant une cérémonie religieuse.
Les préparations furent initiées par Monseigneur Carsalade du Pont, évêque de Perpignan, elles durèrent un certain temps, ce qui permit à la population de se préparer et d'arriver au grand jour avec une impatience non dissimulée. Tout d'abord, il fallut demander l'accord au pape pour le couronnement de la Vierge de Font-Romeu, ce qui fut fait. Le pape Pie XI fur le signataire de l'accord. En parallèle il fallut faire la couronne d'or et de pierres précieuses. On leva une souscription publique dans ce but, qui atteignit la somme voulue. Ainsi les 4 et 5 août 1926 fut procédé au couronnement de la Vierge et l'enfant Jésus dans une fête grandiose, rassemblant une foule immense. Le couronnement fut fait par le cardinale Louis Dubois, archevêque de Paris.
Pendant ces deux jours, la fête a battu son plein à font-Romeu, devenue une capitale régionale pour l'occasion.