De quoi s'agit-il ?
Le couvent des Franciscains est un ancien couvent, désormais propriété du Conseil Général des Pyrénées-Orientales, l'un des plus importants de Perpignan. Datant du début du XIIIe siècle, il reçut de nombreux bâtiments annexes en plus de l'inévitable église, des bâtiments conventionnels et du cloître. De nos jours il offre encore à la vue du visiteurs les enfeus de l'ancien cloître. Une campagne de fouille faite en 2005 a permis la mise au jour de plusieurs vestiges, donnant une autre vision du bâtiment. Ci-dessus, voici une vue du couvent durant le milieu du XIXe siècle.

Vue du couvent en perspective cavalière (milieu du XIXe siècle)
Le couvent comptait trois églises : St François, de la Vierge du Cloître et de Notre dame des Anges. Notre Dame du Cloître disparut au cours des travaux d'agrandissement de l'hôpital militaire en 1780 en même temps que 3 côté de l'enceinte du couvent. St François était un bâtiment gothique de galets et de briques érigé entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe. Il se trouvait le long de l'actuelle rue Zamenhoff et fut démoli au XIXe siècle. Dans cette église eu lieu le service de décès d'Anne d'Autriche, épouse de Philippe II d'Espagne le 7 décembre 1580 et celui en mémoire des 23 missionnaires franciscains canonisés, en 1628.
Bien sûr le couvent possédait son cloître, en fait un cloître-cimetière comme celui du Campo Santo. Il date du XIVe siècle mais fut détruit avec les aménagements modernes. Il reste toutefois des vestiges de la galerie Sud et de l'angle de la galerie Ouest constitués par les arcs en marbre blanc de 17 enfeus murés surmontés de blasons familiaux. La famille de Castelnou y enterrait ses morts. Le cloître utilisait deux matériaux différents : du marbre de Céret, plutôt utilisé pour la statuaire, et de la brèche de Baixas, pour les pierres de taille du bâti. C'est ainsi que les piliers, les murs, les colonnes sont toutes en pierre de Baixas. Le mur des enfeus était précédé par une colonnade élevée sur un parapet que l'on appelle le mur bahut. Du haut des chapiteaux commençait une succession d'arcades trilobées de syyle gothique. Entre les enfeus et la colonnade un espace était dédié à un promenoir large, de 22m. Mais la vue cavalière ci-dessus montre que le cloître était surmonté d'un 2e niveau dont le mur était rythmé par des baies géminées. Donc, à priori il était surmonté d'un plafond et d'une toiture en bois. Quand au mur-bahut il était fait de deux matériaux différents. Face aux enfeus, il était en galets et briques mais tous les deux mètres il s'agissait d'un bloc de briques d'un mètre.
Le gisant
Note : Ce texte est repris de l'exposition sur les résultats des fouilles archéologiques au couvent des Franciscains.
Gisant, du latin "jacere", est une statue représentant un mort étendu. Le "jacere" latin en donnant au vieux français le verbe gésir garde le sens originaire "d'être étendu". Il ce fige dans la forme contemporaine "ci-gît". Le corps du défunt est conservé dans un caveau qui est surmonté soit par une plaque tombale, soit par un gisant, soit par un priant.
Le gisant Notre-Dame des Anges provient d'un enfeu du cloître des franciscains. Il était donc à l'origine encastré dans une des niches funéraires à fond plat et sous un arc ogival d'une des galeries de ce cloître.
Dès le XIXe siècle l'érudit Puiggari signale la découverte de ce gisant sous le blason de la famille de Castellnou. Ce sera cette hypothèse que l'abbé Jean Capeille ravivera au début du XXe siècle. Dans les années 60, Marcel Durliat la renouvelle en attribuant le gisant au tombeau de l'Infant Jaume de Mallorca. Il est vrai que l'héritier de la couronne avait resigné ses droits à la couronne pour devenir frère mineur de ce couvent. Pour l'éminent professeur, la statue du chevalier serait allongée au dessus d'un transit, c'est à dire d'une peinture représentrant le corps du moine, rongé de vers. Cette deuxième hypothèse oppose ainsi dans une leçon d'humilité les hautes origines du défunt et son anénatissement monacal. Récemment, à la suite du chantier de fouilles archéologiques commandé par le Président du Conseil Général, une plaque tombale a été découverte. Elle signalait le tombeau d'En Pere Batlle. En conséquence une nouvelle hypothèse, liée à la lecture du texte épigraphique, est énoncée. Aymat Catafau pense que le gisant pourrait être "l'image" du document, associé à ce tombeau. Enfin, l'affaire du gisant se complique encore avec la découverte lors de ces fouilles de fragments d'un second gisant. Histoire d'obscurcir encore l'identité du défunt, il est indispensable de rappeler que la collection lapidaire du couvent des Franciscains possède deux priants. L'un d'eux est manifestement un homme en tenue de cour...
Le gisant est un énorme bloc de pierre de 180cm de long sur une margeur de 60cm. Le défunt est vêtu d'un costume de chevalier à l'époque du royaume de Mallorca. Pas de heaume mais une têtière couronnées d'un diadème, pectoral et minerve, broigne, haubert, gantelet, fourreau d'épée avec un écu pour un mort qui, jambes croisées, garde, et les yeux grands ouverts pour une vie éternelle, et les mains en position de dégainer.
Les enfeus
Note : Ce texte est repris de l'exposition sur les résultats des fouilles archéologiques au couvent des Franciscains.
Perpignan est l'une des rares villes de France à posséder encore d'importants vestiges de cloîtres funéraires du Moyen-âge, flanqués de séries continues d'enfeus.
Au cimetière Saint-Jean comme au couvent des Franciscains, les enfeus s'apparentent à des niches 2m de longueurs, pour 3m de hauteur et environ 90m de profondeur. Des écussons, aux armes des familles propriétaires, flanquent les arcs et une croix domine l'écu sommital. La niche accueille le caveau funéraire, généralement un ossuaire dans lequel sont déposés les ossements d'une même famille. Au Campo Santo ces caissons peuvent atteindre une profondeur importante. Les corps, placés géénralement dans des cercueils de bois, étaient alors descendus à l'intérieur et empilés les uns sur les autres.
L'enfeu est à la fois un lieu de sépulture familial et privé, un espace consacré et un édifice commémoratif. Il matérialise la tombe des familles les plus aisées, les autres sont enterrés dans l'espace central du cloître, à même la terre pour les plus modestes.