Histoire
Les toutes premières informations que l'on possède sur ce lieu datent du 20 juin 1019. La comtesse de Cerdagne, Guisla, dans son testament, indique les limites du village : à l’Est, la rivière d’Evol, au midi les champs d’Erola (Canaveilles), à l’Ouest la Coma Vinya, au Nord les hauteurs de la Clariana. Par ce testament, la comtesse cédait la seigneurie d’Oreilla et ses dépendances à l’abbaye de Saint-Martin du Canigou, tout en se réservant toutefois les hautes et moyennes justices. Un deuxième acte, daté du 11 novembre 1020, précise ces frontières.
On retrouve ensuite Oreilla au XIVe siècle, alors possession du vicomte d’Evol. Dans un souci d’efficacité, ce dernier décida de faire communiquer ses deux châteaux : celui d’Evol et celui de La Bastide (construit à partir de 1342). Pour cela, il fit bâtir une tour à Oreilla, près d’Olette, sur les hauteurs. On parlera désormais de la tour d’Oreilla.
Par la suite, c’est l’abbaye de Saint-Martin du Canigou qui acquit les droits de justice et militaire sur Oreilla. L’abbaye disposait également d’un moyen de communication entre Oreilla et elle : la tour de Goa. Les habitants d’Oreilla obtinrent au XVIe siècle l’inféodation de la montagne de Bordull, dont l’acte est daté du 20 mai 1532. Ce dernier fut donné par l’abbé de Saint-Martin du Canigou, Jacques Sirach, seigneur des lieux d’Aureliano (Oreilla), de Salrano (Celra), de Guissano (Guixa) et de Bordoll (Bordull).
Peu à peu, les hameaux d’Océnias et de Bordull disparurent, trop peu peuplés. Les habitants d’Oreilla prétendirent aux droits de ces hameaux pour eux-mêmes, ce qui donna naissance à un conflit avec les communautés d’Ayguatébia et de Sansa. Le 2 germinal de l’an IV, le juge de paix du canton d’Olette reconnut aux habitants d’Oreilla la possession d’une portion du territoire de Railleu appelée le bac de Bordull, mais il fut reconnu peu après que ce droit n’était pas fondé.
Plus récemment, en 1817, le canal d’irrigation du village fut creusé, apportant l’eau nécessaire à la culture agricole. Les divers documents concernant Oreilla orthographient différemment son nom : "Locus de Aureliano", "Aurella", par exemple.
Paroisse d’Oreilla
L’église d’Oreilla était consacrée à Sainte Marie. Citée dès 1070, elle apparaît en 1435 comme dépendance de la juridiction spirituelle de Sainte Cécile, une autre église située un peu plus haut sur le flanc de la colline. Sainte Cécile était desservie par un curé qui avait juridiction sur Sainte Marie d’Oreilla, Sainte Colombe de Bordull et tous les habitants des environs. Architecturalement, elle est de style roman catalan, mais elle est trop englobée dans des constructions récentes pour que l’on puisse en retrouver des traces exploitables. Elle contient un exceptionnel antépendium de style byzantin peint au XIIe siècle sur parchemin, ainsi qu’une croix processionnelle en argent du XIVe siècle, des retables du XVIIe consacrés à Saint Sébastien, Saint Roch et à la Vierge (celui du maître-autel). Deux petits retables proviennent de l’ancienne église de Celra, ils sont consacrés à Sainte Barbe et Saint Lin. À noter que Sainte Barbe est la patronne des forgerons, ce qui est à mettre en relation avec la présence de minerai de fer dans la région.
Mais la population déclinant, la paroisse de Celra fut annexée à celle d’Evol. Il fallut attendre 1559 pour que le curé d’Evol obtienne l’autorisation de baptiser à Sainte Marie d’Oreilla, ce qui lui fut accordé. Dès lors, elle fut reconnue comme église paroissiale, statut qu’elle conserve encore aujourd’hui. À cette occasion, une petite chapelle fut creusée dans les murs. L’église fut rénovée et agrandie en 1878.