Histoire
Corneilla-de-Conflent a un passé prestigieux, à la hauteur des grandes cités de la région, mais dans un temps si éloigné qu’il a eu raison de la taille de la ville.
Préhistoire
Nous sommes en -60 000. À cette époque, les hommes préhistoriques étaient caractérisés par le fait qu’ils enterraient leurs morts. Cette coutume, si elle nous prouve qu’un lien sentimental s’était établi entre eux, nous permet surtout de découvrir encore de nos jours des restes humains si lointains. Or de tels restes ont été retrouvés à Corneilla-de-Conflent. Il s’agit d’ossements humains découverts dans une grotte (le sol roussillonnais est trop acide pour qu’on puisse en retrouver ailleurs que dans les grottes), mais aussi de restes de repas, de foyers et de pierres taillées.
Par ailleurs, plus proches de nous, les paléontologues ont mis au jour des restes de loups, de lynx, de chevaux, de chamois… qu’ils ont datés d’entre -20 000 et -15 000, ainsi que quelques outils en pierre. De plus, on trouve sur le territoire de Corneilla un dolmen, probablement érigé aux alentours du Chalcolithique (IIe millénaire avant J.-C.) : le dolmen de Cobartorat.
Mais nous devons faire un bond temporel pour poursuivre l’histoire.
Corneilla, capitale de Cerdagne
C’est peu après avoir récupéré les comtés aux Sarrasins que l’on trouve une trace de Corneilla-de-Conflent. Sous le comte Guifred le Velu, la capitale d’été des comtes de Cerdagne est déplacée ici, et elle le restera pendant un siècle, tandis que la capitale d’hiver se trouvait à Hix. Le village bénéficiait alors de la protection du château comtal, dont il subsiste des ruines de nos jours.
En 1004, la première église romane est construite, du moins elle l’était à cette époque. Une deuxième église se trouvait un peu plus loin, à proximité du château ; on en a la trace dans un document de 1018. Durant le XIe siècle, le village profita des bienfaits de ses protecteurs successifs. Le 7 octobre 1094, le comte Guillaume-Raymond mourut en laissant comme testament le vœu qu’il y ait un jour une communauté religieuse en l’église de Corneilla. Son fils réalisa ce vœu le 4 mars 1097 en instituant une communauté de chanoines réguliers vivant sous la règle de saint Augustin. Cette communauté reçut la seigneurie de Corneilla, et la ville cessa alors d’être la capitale de la Cerdagne.
Durant les XIe et XIIe siècles, les augustins construisirent l’église, qui devint paroissiale par la suite. Cette église, dédiée à sainte Marie (Notre-Dame de l’Assomption), sera modifiée au XIVe siècle. Cette communauté faillit être associée à l’abbaye de Saint-Jean des Abadesses, mais l’évêque de Lodève s’y opposa. Par la suite, les religieux restèrent dans les murs de Corneilla jusqu’à la Révolution. On trouve un texte particulier associé au seigneur de Paracols quelque temps plus tard. Le 13 des calendes de 1178, Guillaume Bernard de Paracols, seigneur de Molitg, fit acte de repentance auprès du clergé de Corneilla :
Me sentant coupable envers l’église Notre-Dame de Corneilla et envers son prieur et ses clercs, afin qu’ils me remettent la faute que j’ai commise en portant la main sur un chanoine de cette église appelé Udulguaire, je donne à ladite église Notre-Dame, à Pons son prieur et aux clercs qui y servent Dieu, sur le brassage que je perçois dans le pasquier du Roi ou sur les troupeaux qui y viennent paître, en dehors de la dîme que le prieur et les clercs y perçoivent, cinq bons agneaux par an.