Histoire
La paroisse de Llugols
Situé sur les hauteurs des collines du Conflent, le site de Llugols est propice à la découverte
de vestiges préhistoriques. Sur son territoire a été découvert nombre de vestiges néolithiques. Par la suite, les peuples ibèro-ligures n'ont pas
laissé de traces, ni leurs successeurs (romains, vandales, wisigoths, sarrasins).
En fait il faudra attendre l'ère carolingienne et la conquête du Roussillon par Charlemagne pour que soit instauré dans la région le système féodal.
En parallèle les grandes abbayes, construites au IXe, Xe et XIe siècle essaimèrent de nombreuses églises dans les vallées les plus reculées dans le
but d'attirer les populations sur des sites favorables à la vie quotidienne (quand ce n'était pas pour fédérer ses familles déjà éparpillées dans une
vallée autour d'un point unique, marquant le début d'un village).
Ainsi apparut en 977 la première mention de Llugols dans un document écrit. L'abbaye St Michel de Cuxa
possédait en ce lieu des alleux. Au XIe siècle une chapelle dédiée à St Christophe est attestée. De style roman, comme tout ce qui était construit
à cette époque, elle est à nef unique sous une voûte légèrement brisée. Son abside est semi-circulaire voûtée en cul de four. Elle dispose d'un
clocher mur et d'un portail méridional en plein cintre. De nos jours elle possède un intéressant retable daté de 1729 retraçant la vie de
St Christophe, mais au XIVe siècle on y vénérait un Christ en bois polychrome, aujourd'hui conservé dans l'église paroissiale de Ria.
Autour de cette chapelle un embryon de village se forma, se développant doucement comme tous les autres villages de la région. Il réapparaît
dans un document écrit en 1186 sous la forme du signataire d'un leg fait par Guillaume Bernard de Paracolls et Blanche de Conat, Arnaud de Llugols.
En 1258 fut signé le traité de Corbeil qui délimita la frontière entre la France et l'Aragon.
Jacques 1er le Conquérant alors roi sépara par testament son royaume en 2, tout le
Conflent passa sous la coupe de son fils cadet pour être inclus dans le Royaume de Majorque. Son frère ainé hérita du royaume d'Aragon mais n'aura de
cesse de lui faire la guerre afin de récupérer ce qu'il estimait être son dû. Ainsi le Conflent fut le théâtre d'une série de conquêtes qui laissèrent
les habitants plus ou moins ruinés.
A partir du XIVe siècle le Roussillon connu une terrible épidémie de peste, qui tua énormément de personnes. Llugols, tout comme
Vallsera (en Capcir) par exemple, fut tellement touché que les familles survivantes partirent habiter plus loin, dans les
village alentours. Llugols fut partiellement abandonné. On a une idée de la population de Llugols au milieu du XVe siècle grâce a des recensements
(nommés "fogatges") qui nous apprennent que le lieu était peuplé de 18 feux au lieu de 7 le siècle précédent. Rappelons qu'un feu (foyer) était en
moyenne composé de 4/5 personnes.
L'ermitage de Llugols
En 1510 on retrouve la chapelle sous le curieux nom de Ste Marguerite. On ignore la raison de ce changement, qui ne doit pas être étranger avec
l'abandon du site. Puis Llugols disparaît des textes jusqu'en 1677. Cette année là la paroisse de Ria rachète la chapelle. Cet acte anodin était motivé
par la volonté de créer un ermitage.
En effet la fin du XVIIe siècle est marqué par l'essor de l'érémitisme. De nombreux anciens lieux de culte, chapelles castrales, églises rurales,
furent réhabilités et réaménagés afin qu'un ermite puisse y vivre. Il faut dire que l'ermite, à cette époque, vivait isolé mais au sein de la société
catalane : Il était le conseiller de la population locale, qui se tournait vers lui pour chercher réconfort et conseil.
En 1688 l'ermitage de Llugols apparaît sous le nom de Hermita de Sant Christofol. Il connaîtra différents ermites avant de subir les foudres de la
révolution française. En 1790 les lois anticléricales supprimèrent tous les édifices religieux qui n'étaient pas des paroisses. Llugols fut condamné
à fermer, mais pu rouvrir quelques années plus tard quand ces mêmes lois furent assouplies. Au passage en 1830 le bâtiment fut restauré extérieurement.
En 1889 ce sont les logements de l'ermite qui le furent.
Une dernière restauration eut lieu entre 1977 et 1997. Il faut noter le généreux geste du berger André Moneils, qui fit don de ses terres pour
l'entretien de la chapelle.