Histoire
Préhistoire
Le territoire de Conat ne possède pas de vestiges de l'époque préhistorique. Nos lointains ancêtres ont pourtant vécus dans les collines du
Conflent, qui étaient pour eux idéales (boisées, proches de la plaine, douces au climat). Quelques
autres communes des environs possèdent, en guise de preuve, des dolmens ou menhirs, bien que l'érection des mégalithes soient apparue assez
tardivement (-2200).
Par la suite, ni les celtes (-500), ni les romains (-121), ni les wisigoths n'ont laissé de traces sur le territoire de Conat. Après l'Invasion
sarrasine et le dépeuplement du Roussillon, c'est Charlemagne qui parvient à prendre cette région (811) et qui la pacifie. Commence alors l'ère
chrétienne, et avec elle la multiplication des églises rurales. C'est ainsi qu'apparu le village.
Première mention de Conat
La première mention du village date de 977, dans un document attestant le leg d'alleux à Conat et Llugols à
l'abbaye St Michel de Cuxa. On retrouve une telle mention un siècle plus tard, lorsqu'entre
1068 et 1095 Bertrand de Salto, fils d'Ermengarde, prête serment au comte Guilhem pour "la Rocha de Sexman et l'honneur de Connad". Ainsi apparaît
pour la première fois une famille "de Conat". Par la suite on retrouve des traces d'un tel serment fait par ses deux frères, Bernard Bertrand de
Salto et Guillem Bertrand de Salto (1109-1131). Il faut noter qu'on n'a pas encore d'explication sur la dénomination de "Salto", qui n'est pas le
village de Sauto mais plus probablement le nom d'un lieu très boisé, comme pouvait l'être la vallée de Conat à cette époque. D'ailleurs Guillem
Bertrand se fera nommer "de Conat" au bout d'un certain temps.
Au XIIe siècle, de 1162 à 1196, Bernard Bertrand de Salto, fils d'Ermessende, rend hommage au roi pour "le castellum de Conad, la Rocha de
Sexman, et toutes les fortifications de Salto et Conad", ce qui rend plausible l'hypothèse selon laquelle Salto est la partie haute de la vallée,
par ailleurs déjà équipée de diverses fortifications éparpillées.
L'héritage de la famille de Paracolls
En 1172 le comté du Roussillon est rattaché à celui de Barcelone. Trois ans plus tard le puissant baron de Paracolls, dans la vallée voisine de
Molitg, fait un leg avec une certaine Blanche de Conat à Ugo, abbé de Ste Marie de Poblet. Comme Blanche était la
dernière héritière de la famille de Conat, il semble évident qu'elle se soit marié avec son voisin, la famille de Paracolls, apportant en dot sa
seigneurie composée de toute la vallée de Conat. Guillaume Bernard de Paracolls devient donc le nouveau propriétaire de Conat. On retrouve le couple
en 1186 grâce à un leg qu'il fait à la commanderie du Mas Deu (les templiers, à l'époque de leur intendant Pierre de Aiguevive). Leurs enfants
prendront leur suite (Séguier et Guillema).
Le 12 des calendes de mai 1258, un autre document de leg nous apprend que la seigneurie de Paracolls a été récupéré par le roi d'Aragon,
probablement suite à l'extinction de la branche familiale, par manque d'héritier mâle. Les 15 des calendres de novembre de 1263 Sibille de Conat
concéda le bailliage de Conat à perpétuité à Pierre Lauret, qui transmettra les deux vallées de Molitg et de Conat à ses enfants pour le compte du
roi. Le 16 novembre 1307 le roi d'Aragon rachète à Bérenger Lauret, de Conat, le bailliage, puis plus tard diverses dîmes et droits sur
Urbanya et ses environs.
Le 12 des calendes de mai 1258, un autre document de leg nous apprend que la seigneurie de Paracolls a été récupéré par le roi d'Aragon,
probablement suite à l'extinction de la branche familiale, par manque d'héritier mâle. Les 15 des calendres de novembre de 1263 Sibille de Conat
concéda le bailliage de Conat à perpétuité à Pierre Lauret, qui transmettra les deux vallées de Molitg et de Conat à ses enfants pour le compte du
roi. Le 16 novembre 1307 le roi d'Aragon rachète à Bérenger Lauret, de Conat, le bailliage, puis plus tard diverses dîmes et droits sur Urbanya et
ses environs.
Conat, domaine royal
A partir de 1340 la vallée de Conat fut régie par le bayle royal Jean Bembesers. Nous sommes alors en pleine guerre entre le royaume de Majorque
et son voisin d'Aragon, tenu par les deux fils de Jacques 1er le conquérant. Le
Conflent, du côté naturel du royaume de Majorque dont il faisait officiellement partie, fut lourdement touché par la guerre surtout lorsque
Pierre IV le cérémonieux, roi d'Aragon, annexa cette terre. Les châteaux de la
vallée de Conat furent pris donné à des fidèles du roi. Celui de Conat échu à Pierre Parayre, de Villefranche, nommé bayle et châtelain de Conat.
Pendant ce temps le roi de Majorque fut arrêté, conduit à Barcelone où les corts lui proposèrent de conserver la seigneurie de Montpellier pour s'y
retirer. Mais il refusa, monta une petite armée et envahi le Conflent à nouveau, qui l'accueilli à bras ouverts. Pierre le Cérémonieux dû à nouveau
reconquérir ses terres et c'est lors de ces combats que fut détruit le château de Conat.
Bien évidemment une nouvelle révolte engagea de nouvelles sanctions, et alors que la quasi-totalité de la population de
Prades mourut lors de sa fuite à travers la Têt en furie le soir où les chevaliers du roi entrèrent dans la ville, les
villages environnants ne reçurent que de lourdes amendes à payer en nature. Des documents datant du 15 décembre 1349 nous apprennent que le roi
allégea les peines suivant la formule :
Nous, Pierre d'Aragon, compatissant à la misère de nos fidèles et probes hommes de la vallée de Conat, faisons remise de 1000 sols
de Barcelone qu'ils restaient à nous devoir sur 13000 sols qu'ils avaient été condamnés à nous donner en raison de l'agression fait
par Jacques de Montpellier, en terre de Conflent.
La famille Cardona
Durant le XVe siècle la région connut un peu de tranquillité. Les guerres de religion n'eurent pas beaucoup de conséquence ici mais un évènement
majeur eu lieu en 1408. On trouve une certaine Yolanda qui engagea la vallée de Conat à Spérandeu Cardona, de Villefranche. Yolanda était la
belle-soeur du roi Martin l'Humain, ce qui prouve que Conat était resté dans le giron des roi d'Aragon jusqu'à cette époque. En 1431 Michel de
Cardona hérite de la seigneurie à la mort de son père Spérandeu, ce qui est confirmé par le roi en personne. La famille Cardona va rester en
possession de Conat relativement longtemps.
L'évènement suivant est daté de 1463, date où les troupes de Louis IX, roi de France, pénètrent en Roussillon et l'occupent. Les révoltes sont
nombreuses, et Michel de Cardona se voit confisquer ses terres de Conat par acte du 10 décembre 1470 au profit d'un certain seigneur de Boymenart
et de Tramanches, maréchal de France. Peu après le roi redonne la vallée à la femme de Michel de Cardona, Clara (28 mars 1471) mais lui retire à
nouveau le 1er août 1472 au profit de Pierre de Tregura, qui avait tenu Prades pour le compte du roi de France. Enfin le 4 février 1479 le roi de
France restituait à Michel de Cardona la vallée et la baronnie de Conat.
Dernière possession royale
En 1492, alors qu'il a hérité du Roussillon de son père, le roi de France Charles XVIII cèdera cette terre à Ferdinand le Catholique, marquant
la fin de l'occupation française (30 ans)
La vallée de Conat connaîtra par la suite divers propriétaires : Jean-François de Mirambellet de Cardona (1530), Jacques de Alemany et de
Bellpuig (1532), Galcerand de Cruilles (1548) avant de retomber dans le domaine royal le 13 mai 1550 (nomination du nouveau châtelain, Jean Laborie,
le 10 janvier 1556) En 1603 le domaine royal était toujours le propriétaire de la vallée de Conat, par le biais de différent procureurs royaux, pour
le compte de Philippe II. (28 juillet 1624 : Jean de Llupia, 11 mai 1654 : Isabelle Dulac) On retrouve ensuite la baronnie dans les mains d'Antoine
d'Ortaffa (1763) puis de Paul d'Ortaffa (1789), qui la conserva jusqu'à la révolution française. En 1792 les biens de Paul d'Ortaffa furent confisqués
pour être revendu à Carol-Bonnel pour 40000 francs.
Par la suite l'histoire de Conat prend un cours plus tranquille pour devenir le village que l'on connait de nos jours.