Histoire
La genèse du lieu
Le site de Pomers ne se compose pas seulement d'une chapelle. Il abritait également un château appartenant aux comtes de Cerdagne, s’inscrivant dans une lignée de châteaux similaires, comme celui de Rodès.
Situé sur un promontoire rocheux en bord de ravin, le site domine la vallée. Il fut tout naturellement choisi pour accueillir un temple païen très ancien, dont l’existence reste incertaine. De nombreux lieux de culte du IXe siècle furent construits sur les bases d’anciens temples, et il est probable que Saint-Étienne en fasse partie.
La chapelle fut édifiée peu après l’installation des Francs en Conflent, qui construisirent également le château. Château et chapelle étaient indissociables, et la plus ancienne mention du château remonte à 865, lors d’un plaid dont le document est aujourd’hui conservé aux archives départementales des Pyrénées-Orientales.
Le château est mentionné à nouveau en 1095 dans le testament de Guillem-Ramon, comte de Cerdagne, qui lègue à son fils aîné Guillem-Jorda les comtés de Cerdagne et de Conflent, ainsi que leurs châteaux, dont Rodès et le castrum Sancti Stephani. C’est la première fois que le saint est associé à ce lieu. À partir du XIIe siècle, le château fut progressivement abandonné au profit de celui de Joch, devenu siège administratif du comté.
Le site devient alors religieux : le château sert de refuge à une communauté de franciscains. La chapelle Saint-Étienne de Pomers est mentionnée en 1373, puis le 12 mai 1380 et enfin en 1403 sous le nom d’Ecclesia Sancti Stephani de Pomeriis.
Apparition de l'ermitage
À la fin du XVIIe siècle, l’érémitisme connaît un essor important. De nombreux anciens lieux de culte, comme des chapelles castrales ou des églises rurales, furent réhabilités et aménagés pour accueillir des ermites. L’ermite vivait alors isolé mais jouait un rôle central dans la société catalane, conseillant la population locale.
Celui de Saint-Étienne de Pomers apparaît en 1688 sous le nom d’Hermita de Sant Esteve de Pomès. Il connut plusieurs ermites avant d’être menacé par les miquelets qui harcelaient les routes pour s’emparer des dons. L’ermite dut alors abandonner son ermitage au profit de celui de Saint-Martin, à Camélas. La chapelle, occupée en continu depuis le IXe siècle, ne fut pas totalement abandonnée, servant encore occasionnellement pour des pèlerinages.
En 1790, les lois anticléricales ordonnent la fermeture des édifices religieux non paroissiaux, et Saint-Étienne doit fermer complètement. Il rouvre en 1826, après l’assouplissement des lois. En 1855, le logement de l’ermite est reconstruit, mais l’édifice se dégrade rapidement. Avec la disparition des ermites au début du XXe siècle, le site est à nouveau abandonné : le narthex s’effondre et la chapelle tombe en ruine.
En 1970, seuls quelques murs et une partie du toit subsistent. Un jeune moine orthodoxe s’installe alors et entreprend la reconstruction complète du site, du logement à la chapelle.
De nos jours, l’ermitage est toujours occupé. Les visiteurs doivent respecter ce lieu chargé d’histoire.