Ermitage Saint-Etienne de Pomers

Cet ermitage est aussi le lieu où fut construit le 1er château de Clara...



Modeste édifice du Conflent, l'ermitage Saint-Étienne de Pomers se distingue par la qualité de ses peintures intérieures, réalisées récemment, et par le fait qu'il est toujours habité, bien que partiellement. Il constitue un objectif de balade intéressant, à condition d'accepter de grimper un peu.


De quoi s'agit-il ?

C'est sur les hauteurs du village de Clara-Villerach, et plus précisément sur le flanc sud du noyau urbain de Clara, que se dessine la silhouette d'un petit ermitage isolé. De là, la vue embrasse une grande partie du Conflent, et l'atmosphère qui y règne est paisible. Il faut dire que le lieu est l'un des rares ermitages encore habités, bien que partiellement.

Lorsqu'on est sur place, il faut bien distinguer deux édifices sur le site de Saint-Étienne de Pomers. Le premier est le château, complètement en ruine, et le second est l'ermitage tel qu'on le voit aujourd'hui.

Du château, il ne reste aujourd'hui que les soubassements d'une tour carrée, perchée au sommet d'un roc qui surplombe l'ermitage actuel. Ces vestiges sont modestes, ce qui est logique compte tenu de la longue période qui nous sépare de sa construction et du peu de temps durant lequel il fut occupé.

La chapelle, elle, a été reconstruite. Architecturalement, il s'agit d'un édifice à nef unique et haute, couverte d'une voûte en berceau. Son abside est profonde et semi-circulaire. Le toit est orné d'une croix en marbre blanc. Les murs sont percés de deux fenêtres à ébrasement, dont l'une est outrepassée, suivant le style préroman. Ces murs ont été doublés au XIe siècle afin d'être suffisamment épais pour supporter la voûte, construite à cette époque. C'est dans l'épaisseur de ces murs que furent aménagées les cinq niches que l'on peut encore observer.

La chapelle abrite un autel en pierre taillée, qui est l'autel d'origine. Celui-ci servit un temps de dalle à l'entrée de la chapelle. Elle contient également une bibliothèque, située au-dessus du narthex, à l'emplacement d'une tribune aujourd'hui disparue. Le clocher, quant à lui, possède une cloche datant du XIXe siècle.


Étymologie

L'étymologie de Saint-Étienne de Pomers est assez simple, encore faut-il la connaître. Saint-Étienne est évidemment le nom du saint patron du lieu, et "Pomers" est un dérivé catalan du mot "pommeraie". On peut donc imaginer qu'il y avait des pommiers dans les environs au IXe siècle.


Photos


Histoire

La genèse du lieu

Tout d'abord, il faut savoir que le site de Pomers ne se compose pas seulement d'une chapelle. Au fil de son histoire, il y eut ici un château appartenant aux comtes de Cerdagne, qui s'inscrivait dans une lignée de châteaux similaires, comme celui de Rodès.

L'histoire du lieu commence bien avant l'ère chrétienne. Situé sur un promontoire rocheux, en bord de ravin, il domine la vallée. C'est tout naturellement qu'il fut choisi pour abriter un temple païen très ancien, dont nous ne savons presque rien. L'existence même de ce temple est incertaine, mais de nombreux lieux de culte du IXe siècle furent construits sur les bases d'anciens temples, et il y a fort à parier que Saint-Étienne en fasse partie.

La chapelle fut édifiée peu après l'installation des Francs en Conflent, qui construisirent également le château. Château et chapelle étaient indissociables, et la plus ancienne mention de ce château remonte à 865. Pour l'anecdote, un plaid se tint ici cette année-là, et le document qui y fait référence est aujourd'hui le plus ancien document écrit conservé aux archives départementales des Pyrénées-Orientales.

On retrouve le château mentionné à nouveau en 1095, dans le testament de Guillem-Ramon, comte de Cerdagne, qui lègue à son fils aîné, Guillem-Jorda, les comtés de Cerdagne et de Conflent ainsi que leurs châteaux, dont Rodès et le *castrum Sancti Stephani*. C'est d'ailleurs la première fois que le saint est associé à ce lieu. À partir du XIIe siècle, le château fut peu à peu abandonné au profit de celui de Joch, devenu le siège administratif du comté de Cerdagne lorsque le Conflent fut rattaché en tant que vicomté à la Cerdagne.

Commence alors la période religieuse du site. Devenu inutile, le château servit de refuge à une communauté de franciscains venue s'installer ici. Saint-Étienne de Pomers est mentionné dans plusieurs documents : en 1373, puis le 12 mai 1380, et enfin en 1403 sous le nom d'*Ecclesia Sancti Stephani de Pomeriis*.


Apparition de l'ermitage

La fin du XVIIe siècle est marquée par l'essor de l'érémitisme. De nombreux anciens lieux de culte, comme des chapelles castrales ou des églises rurales, furent réhabilités et aménagés pour accueillir un ermite. À cette époque, l'ermite vivait isolé, mais il jouait un rôle au sein de la société catalane : il était le conseiller de la population locale, qui se tournait vers lui pour chercher réconfort et conseil. Celui de Saint-Étienne de Pomers apparaît en 1688 sous le nom d'*Hermita de Sant Esteve de Pomès*. Il connut plusieurs ermites avant de subir les troubles d'une époque incertaine. Les routes étaient alors dominées par les miquelets, qui le malmenaient souvent pour s'emparer des dons qui lui avaient été faits. L'ermite dut alors abandonner son ermitage au profit de celui de Saint-Martin, à Camélas. C'est ainsi que la chapelle, occupée en continu depuis le IXe siècle, fut abandonnée. Son abandon ne fut toutefois pas total, car elle servit encore occasionnellement pour des pèlerinages, par exemple.

En 1790, les lois anticléricales supprimèrent tous les édifices religieux qui n'étaient pas des paroisses. Saint-Étienne fut contraint de fermer complètement, mais il put rouvrir en 1826, lorsque ces lois furent assouplies. En 1855, le logement de l'ermite fut reconstruit, mais le temps fit des ravages et l'édifice se dégrada à nouveau rapidement. Avec la disparition des ermites dans la première moitié du XXe siècle, le site fut de nouveau abandonné, ce qui l'endommagea encore davantage. La toiture du narthex s'effondra, et la chapelle ainsi que les lieux de vie tombèrent en ruine. En 1970, il ne restait plus que quelques murs et une partie du toit. Pourtant, un jeune moine orthodoxe vint s'y installer. C'est lui qui, patiemment, reconstruisit l'ensemble de l'édifice, du logement à la chapelle.

De nos jours, l'ermitage est toujours occupé. Si vous vous y rendez, veillez à le respecter.

Situation et accès

L'ermitage Saint-Étienne-de-Pomers se trouve sur la commune de Clara, au sud-est du village. Il est perché au sommet d'un pic, comme c'est souvent le cas dans la région. Pour s'y rendre, il faut effectuer une petite randonnée. Lorsque vous êtes à Clara, en direction de Villerach, vous verrez une route non carrossable partir dans la montagne, sur la gauche. Suivez cette route. Au deuxième virage en épingle à cheveux, 200 m plus loin, un chemin part sur la droite : c'est celui qu'il faut emprunter. Cent mètres plus loin, un autre sentier bifurque sur la gauche et repart vers l'arrière. C'est ce dernier qui vous mènera à Saint-Étienne-de-Pomers.

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