Histoire
Suite à la reconquête carolingienne sur les sarrasins en 811, les religieux ont bâti des abbayes dans toute la région, abbayes qui ont fait
construire de multiples sanctuaires dans les coins les plus reculés de la région. Les pionniers qui ont repeuplé la région se sont regroupés
autour de ces sanctuaires, formant les villages. C'est ainsi qu'apparu Notre Dame du Coral, une toute petite chapelle (presque un oratoire) sur
l'éperon rocheux dont nous avons parlé plus haut. Le village de Miralles s'est développé, mais à sa
destruction la chapelle fut oubliée et tomba en ruine.
Or la légende veut qu'une statue de bois représentant la vierge provenant de cette chapelle ait été dissimulé dans un tronc d'arbre, puis
retrouvé plus tard. Elle sera à l'occasion d'une ferveur populaire qui fera bâtir une nouvelle église, église paroissiale de Miralles. C'est
ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église paroissiale aux derniers
habitants. Plus sérieusement, l'église Notre Dame apparaît dans les textes en 1267 (Sancta Maria de Coral) en tant que possession de la puissance
abbaye de Camprodon.
En 1643 l'évêque d'Elne mit fin aux quelques privilèges que l'abbaye de Camprodon avait toujours sur le Coral en nommant lui même le nouveau
curé, curé qui fournit à Prats de Mollo le sanctuaire de Coral avec sa métairie pour 20 livres
roussillonnais de rente annuelle. (signé le 23 avril 1643)
L'église proprement dite sera bâti qu'en 1690 à l'initiative de Vincent Boixéda, curé. A présent que Notre Dame du Coral appartient à Prats
de Mollo, ces derniers voulurent se séparer du domaine agricole qui le composait. Stéphane Plana, paroissien de Miralles, fut le 1er acheteur.
(400 livres pour les bâtiments extérieurs, le 24 août 1644) En 1725 alors que la population se déplace régulièrement à Notre Dame faire des
pèlerinages en dévotion à Notre Dame suite à la découverte de la statue, un capitaine d'arquebusier, Rafel Planella et plusieurs de ses partisans
désertèrent et trouvèrent refuge dans les locaux. Ils y restent 8 ans, dérangeant les pèlerins, adeptes du calme. En 1733 les consuls de Prats
de Mollo firent cesser l'occupation en les obligeant à n'occuper qu'une chambre au lieu de tout l'édifice. A cette occasion les consuls
décidèrent de ne plus louer plus de 3 jours une chambre dans l'hôtellerie.
A partir de 1730 jusqu'en 1911, l'église sera habitée par un ermite forain, c'est à dire
une personne qui fait du porte à porte pour récupérer des dons pour faire vivre la paroisse. Poste très recherché, ils se déplaçaient avec la
"Capelleta", oratoire ambulant. Les paroissiens étaient assez généreux, surtout les catalans du Sud, se souvenant que le monastère de Camprodon
possédait le Coral auparavant. Mais en 1749 les relations franco-espagnole se dégradent. Les ermites eurent besoin d'un passeport pour franchir
la frontière (ordre du viguier du Roussillon et du Vallespir)
Alors qu'ils devaient célébrer le centenaire de la création de l'église en 1790, la révolution française éclate. Cet évènement marqua le
début de la décadence du lieu. Le 2 novembre 1789 les biens de l'église furent déclarés nationaux. A Notre Dame du Coral, la saisie fut faite
le 13 juillet 1790. Le conseil municipal détenait à présent Notre Dame de Coral. Or le 8 vendémiaire an IV, à 9h du matin, la commune vendit
ce bien aux enchères. Cinq personnes de Prats, qui voulaient faire revivre le culte à Notre Dame du Coral, proposèrent 850 livres pour
l'acheter (François Sales, Louis Arquer, Joseph Bartre, Sylvestre Parès et François Gineste). Aucun autre habitant ne surenchéri, connaissant
les intentions des acquéreurs.
Le 7 janvier 1793 la foudre tomba sur le sanctuaire, tuant l'ermite Jean Delclos. A partir de 1800 le lieu redevint un lieu de ferveur
populaire, entretenu par les nouveaux propriétaires et les dons qu'ils recevaient. Il reçu un administrateur ecclésiastique nommé par les
propriétaires jusqu'en 1931.
Voici la liste des ermites qui occupèrent le lieu.
- Ermite Jaume Giral de 1800 à 1804.
- Franscesc Sala de 1803 à 1805 (révoqué en 1805 pour cause de mariage contracté 30 ans plus tôt)
- De 1805 à 1809, ermites Marty et Noué.
- En 1810, nomination de Louis Rumeu jusqu'en 1819 (arrêt pour les mêmes motifs que Sala)
- De 1817 à 1819, Jean Pignoc
- Marc Hortet de 1818 à 1821
- Simon Vila de 1820 à 1822
- En 1821, Fra Miquel jusqu'en 1824 pendant que son frere Fra Joan gardait l'édifice. Lorsqu'il partirent, Marc Hortet revient et ne fut
autoriser à le faire que le temps nécessaire à ce que son fils grandit, pour qu'il le fasse lui même.
- Joseph Hortet, le fils, le resta jusqu'en 1869.
- Le 21 octobre 1894, le dernier forain nommé par le conseil d'administration fut Joseph Canal, qui le restera jusqu'au 31 mai 1911.
Certains se souviennent encore de Mr Canal. Pendant que les ermites forains parcouraient le pays en quête de dons, des gardiens restaient à
l'église. Ils étaient titulaires. Le 19 décembre 1926 l'administrateur du Coral, l'abbé Gibrat mourut. Il fut remplacé par l'abbé Claverie qui
entra en conflit avec les propriétaires (passés à 24 personnes entre temps) et profita de la sélénité de l'évêque d'Elne pour imposer ses vues.
Vu l'opposition entre l'abbé et les propriétaires, l'évêque d'Elne finit par interdire l'église au culte, qui
ne reçut plus aucune messe depuis le 18 mai 1931.
De nos jours, l'ermitage est ouvert en tant que gîte rural, chambres d'hôtes et tables d'hôtes.