Ermitage Notre-Dame du Coral




De quoi s'agit-il ?

Notre Dame du Coral est un très grand édifice religieux du Vallespir. Il est un peu isolé, dans la campagne, ce qui fait qu'on ne le connait qu'assez mal dans la région. Il mérite pourtant le détour. La partie Ouest accueille la bergerie, au Nord se trouve l'hôtellerie, dans le prolongement du toit de l'église. C'est ici qu'on logeait les pèlerins.

La chapelle mesure 7m par 23. Vu de loin, elle ressemble à un mas un peu trapu. Initialement le parvis de l'église était ouvert. Mais l'affluence de nombreux pèlerins ont obligé la construction de nouveaux bâtiments. Vu que la bergerie était dans le prolongement de l'église, on a construit des murs de part et d'autres du parvis jusqu'à faire rejoindre les deux bâtiments, puis on a construit un toit. Le parvis s'est ainsi transformé en pièce supplémentaire. La défense de l'église était en partie assurée par la présence d'une meurtrière près de la porte. Les bénitiers sont à l'extérieur, ce qui est assez original. Quand au mur-clocher, il abrite deux cloches de taille différente.

L'intérieur de la chapelle est assez intéressant. On y trouve une Vierge de tradition romane, des angelots musiciens et des statuettes du XVIIIe siècle, un Christ habillé du XVIIe, et de plusieurs ex-voto de 1704, 1803, 1835, 1837 et 2 de 1844. La cloche, elle, date de 1714.

Etymologie

L'étymologie de Notre Dame du Coral porte à discussion. Il pourrait s'agir d'un dérivé de Kon, Ker ou Kan signifiant "rocher" durant l'antiquité (Le nom de Bolquère a cette étymologie par exemple). Une autre possibilité serait que Coral vient du latin Cor Altum, qui a donné Cor Alt puis Coral.

Sinon, le vieux français "Cœur de chêne" se disait autrefois "Coral". Mais l'origine la plus probable serait la traduction de "el terrer rog de Corall" signifiant "la terre rouge de Corail".


Photos


Histoire

Suite à la reconquête carolingienne sur les sarrasins en 811, les religieux ont bâti des abbayes dans toute la région, abbayes qui ont fait construire de multiples sanctuaires dans les coins les plus reculés de la région. Les pionniers qui ont repeuplé la région se sont regroupés autour de ces sanctuaires, formant les villages. C'est ainsi qu'apparu Notre Dame du Coral, une toute petite chapelle (presque un oratoire) sur l'éperon rocheux dont nous avons parlé plus haut. Le village de Miralles s'est développé, mais à sa destruction la chapelle fut oubliée et tomba en ruine.

Or la légende veut qu'une statue de bois représentant la vierge provenant de cette chapelle ait été dissimulé dans un tronc d'arbre, puis retrouvé plus tard. Elle sera à l'occasion d'une ferveur populaire qui fera bâtir une nouvelle église, église paroissiale de Miralles. C'est ainsi que Notre Dame du Coral est apparue, bâtie sur les restes de la chapelle primitive, pour servir d'église paroissiale aux derniers habitants. Plus sérieusement, l'église Notre Dame apparaît dans les textes en 1267 (Sancta Maria de Coral) en tant que possession de la puissance abbaye de Camprodon.

En 1643 l'évêque d'Elne mit fin aux quelques privilèges que l'abbaye de Camprodon avait toujours sur le Coral en nommant lui même le nouveau curé, curé qui fournit à Prats de Mollo le sanctuaire de Coral avec sa métairie pour 20 livres roussillonnais de rente annuelle. (signé le 23 avril 1643)

L'église proprement dite sera bâti qu'en 1690 à l'initiative de Vincent Boixéda, curé. A présent que Notre Dame du Coral appartient à Prats de Mollo, ces derniers voulurent se séparer du domaine agricole qui le composait. Stéphane Plana, paroissien de Miralles, fut le 1er acheteur. (400 livres pour les bâtiments extérieurs, le 24 août 1644) En 1725 alors que la population se déplace régulièrement à Notre Dame faire des pèlerinages en dévotion à Notre Dame suite à la découverte de la statue, un capitaine d'arquebusier, Rafel Planella et plusieurs de ses partisans désertèrent et trouvèrent refuge dans les locaux. Ils y restent 8 ans, dérangeant les pèlerins, adeptes du calme. En 1733 les consuls de Prats de Mollo firent cesser l'occupation en les obligeant à n'occuper qu'une chambre au lieu de tout l'édifice. A cette occasion les consuls décidèrent de ne plus louer plus de 3 jours une chambre dans l'hôtellerie.

A partir de 1730 jusqu'en 1911, l'église sera habitée par un ermite forain, c'est à dire une personne qui fait du porte à porte pour récupérer des dons pour faire vivre la paroisse. Poste très recherché, ils se déplaçaient avec la "Capelleta", oratoire ambulant. Les paroissiens étaient assez généreux, surtout les catalans du Sud, se souvenant que le monastère de Camprodon possédait le Coral auparavant. Mais en 1749 les relations franco-espagnole se dégradent. Les ermites eurent besoin d'un passeport pour franchir la frontière (ordre du viguier du Roussillon et du Vallespir)

Alors qu'ils devaient célébrer le centenaire de la création de l'église en 1790, la révolution française éclate. Cet évènement marqua le début de la décadence du lieu. Le 2 novembre 1789 les biens de l'église furent déclarés nationaux. A Notre Dame du Coral, la saisie fut faite le 13 juillet 1790. Le conseil municipal détenait à présent Notre Dame de Coral. Or le 8 vendémiaire an IV, à 9h du matin, la commune vendit ce bien aux enchères. Cinq personnes de Prats, qui voulaient faire revivre le culte à Notre Dame du Coral, proposèrent 850 livres pour l'acheter (François Sales, Louis Arquer, Joseph Bartre, Sylvestre Parès et François Gineste). Aucun autre habitant ne surenchéri, connaissant les intentions des acquéreurs.

Le 7 janvier 1793 la foudre tomba sur le sanctuaire, tuant l'ermite Jean Delclos. A partir de 1800 le lieu redevint un lieu de ferveur populaire, entretenu par les nouveaux propriétaires et les dons qu'ils recevaient. Il reçu un administrateur ecclésiastique nommé par les propriétaires jusqu'en 1931.

Voici la liste des ermites qui occupèrent le lieu.

  • Ermite Jaume Giral de 1800 à 1804.
  • Franscesc Sala de 1803 à 1805 (révoqué en 1805 pour cause de mariage contracté 30 ans plus tôt)
  • De 1805 à 1809, ermites Marty et Noué.
  • En 1810, nomination de Louis Rumeu jusqu'en 1819 (arrêt pour les mêmes motifs que Sala)
  • De 1817 à 1819, Jean Pignoc
  • Marc Hortet de 1818 à 1821
  • Simon Vila de 1820 à 1822
  • En 1821, Fra Miquel jusqu'en 1824 pendant que son frere Fra Joan gardait l'édifice. Lorsqu'il partirent, Marc Hortet revient et ne fut autoriser à le faire que le temps nécessaire à ce que son fils grandit, pour qu'il le fasse lui même.
  • Joseph Hortet, le fils, le resta jusqu'en 1869.
  • Le 21 octobre 1894, le dernier forain nommé par le conseil d'administration fut Joseph Canal, qui le restera jusqu'au 31 mai 1911.

Certains se souviennent encore de Mr Canal. Pendant que les ermites forains parcouraient le pays en quête de dons, des gardiens restaient à l'église. Ils étaient titulaires. Le 19 décembre 1926 l'administrateur du Coral, l'abbé Gibrat mourut. Il fut remplacé par l'abbé Claverie qui entra en conflit avec les propriétaires (passés à 24 personnes entre temps) et profita de la sélénité de l'évêque d'Elne pour imposer ses vues. Vu l'opposition entre l'abbé et les propriétaires, l'évêque d'Elne finit par interdire l'église au culte, qui ne reçut plus aucune messe depuis le 18 mai 1931.

De nos jours, l'ermitage est ouvert en tant que gîte rural, chambres d'hôtes et tables d'hôtes.

Situation et accès

Notre-Dame-du-Coral est un ermitage situé à deux heures de marche de Prats-de-Mollo, à une heure et demi de Lamanère et à 45 minutes du col d'Ares. La route qui relie Sainte-Marguerite-du-col d'Ares à Lamanère passe à 1km du lieu. Il est situé au sommet d'un éperon rocheux de moyenne altitude sous lequel se trouvait auparavant le village de Miralles, maintenant ruiné.

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