Histoire
Du VIIIe au XVIe siècle : La paroisse St Alexandre
La chapelle de la Pave, bien qu'apparemment simple et sans particularité, est en fait le siège initial d'une paroisse, et donc d'un village.
Lorsque le Roussillon fut conquis par les carolingiens sur les sarrasins, Charlemagne y instaura le système féodal. Pour attirer les habitants,
venus du Nord de la France mais aussi du Nord de l'Espagne, il fait construire d'importantes abbayes qui essaimeront des chapelles dans toutes
les vallées des Albères.
C'est ainsi que fut construite St Alexandre de la Pave, qui apparaît pour la première fois en 1286 sous le vocable Presbyter de Pausa. En
1339 elle est citée Parrochia Sancti Alexandri de Pausa (Paroisse St Alexandre de Pausa), c'est la première indication de son statut de paroisse.
Durant le XIIIe siècle aura lieu la croisade contre les Catalans. Lancée par le roi de France Philippe III le Hardi, les troupes françaises
franchirent les Pyrénées par la vallée de Montbram, (donc par La Pave) plutôt que par le col du Perthus
car les catalans verrouiller ce passage.
Le village de la Pave s'étirait sur le flanc de la colline, dans la vallée de Montbram. Nous n'avons pas d'indication particulière sur la
taille de ce village, ni son influence durant le moyen-âge. Mais il semble qu'il ai été rapidement rattrapé par l'évolution démographique des
villes plus importantes (Sorède, Argelès). Peu à peu il s'est
dépeuplé et a disparu, seule l'église pouvant témoigner de son passé.
Du XVIIe au XXe siècle : l'ermitage de La Pave
Curieusement on trouve une nouvelle trace de cette église sous le nom de ecclesia Sanctae Mariae de la Pava en 1675 : A cette époque la pratique
de l'érémitisme s'était largement développé en Roussillon, chaque village voulant avoir son ermite. Ceux ci logeait dans les anciennes églises
désaffectées ou autres chapelles castrales, ce qui était le cas de St Alexandre, mais ce qui est étrange c'est l'appellation Eglise pour une église
désaffectée, en général elle était nommée Chapelle. C'est d'ailleurs le cas en 1688, lors de l'inventaire des ermitages du Roussillon, où on peut
y lire Hermita de Nostre Senyora de la Pava (ermitage Notre Dame de la Pave). Le changement de nom corresponds d'ailleurs bien avec le changement
de fonction. Il faut dire que l'ermitage de l'ermitage de La Pave fut créé sous l'impulsion de l'archidiacre Jérome de Pérarneau, qui en officialisa
la nouvelle dénomination.
Les ermites du Roussillon, entre les XVIIe et XVIIIe siècle, n'étaient pas du tout des religieux
vivants isolés, ils étaient au contraire des membres de la société civile catalane. Ils étaient physiquement accessibles, et détenaient un bien
précieux : le savoir. Ils représentaient la connaissance, le bon sens, et on les respectaient pour ça. Les habitants de la région allaient les
rencontrer pour résoudre des problèmes de moralité en particulier.
Mais cette situation ne dura que jusqu'à la révolution française. En 1790 la toute jeune république vota une loi qui déclarait que les biens de
l'Eglise étaient des possessions de l'Etat. Ainsi tous les édifices religieux qui n'étaient pas le siège d'une paroisse furent vendus comme biens
d'Etat, ce qui était le cas de La Pave. Quelques années plus tard les lois anti-cléricales furent assouplies, certains ermitages purent réouvrir au
culte. La Pave put le faire le 19 septembre 1858 sous le nom de St Ferréol, son Saint Patron actuel. Un nouvel ermite prit place dans la chapelle,
un ermite moderne, issu de la dernière génération des ermites. Ils étaient n'étaient pas des religieux mais des laïcs, s'habillaient donc en tenue
catalane et plus en bure. Ils poursuivaient leurs rôles de quêteurs mais n'avaient plus l'aura d'autrefois. Dans les années 50 le dernier ermite
disparut et cette étrange activité avec.
Durant le XXe siècle le besoin d'espace et de calme de certains catalans les ont poussé à faire revivre le hameau et de nos jours, c'est une petite
dizaine de maisons qui gardent la chapelle médiévale.