Base d'hydravions




De quoi s'agit-il ?

Saviez-vous que la ville de Saint-Laurent-de-la-Salanque était un haut-lieu d'essais d'hydravions ? C'est un pan de l'histoire de la ville, une histoire qui dura deux décennies, entre 1924 et 1944. En bord d'étang, au Nord de la ville, il y a un ponton en béton, ponton en assez mauvais état, au bout duquel vous pouvez voir un socle de métal vissé. A terre, dans un rayon de 100m autour du ponton, vous verrez des traces de mécanismes au sol, des rails rouillés, des pièces métalliques abandonnées. qu'est ce donc que tout ça ?

Ce sont les restes de la base d'hydravions, propritété des entreprises Latécoère qui fabriquaient des hydravions à Toulouse, les expédiaient en pièces détachées à St Laurent de la Salanque pour faire des essais en condition réelle avant de les envoyer définitivement à Marseille, port d'attache. St Laurent a donc vu passer 8 hydravions pilotés par St Exupéry et Mermoz, entre autre. Ces deux décennies ont été marqué par une grande activité industrielle, de nombreuses familles vivaient à St Laurent du travail donné dans la base. La guerre a mis fin au travail, et la base subit les dégâts de la guerre et ne s'en remis pas. La ville n'a pas oublié ce passé, c'est souvent qu'on se rappelle de la base d'hydravions à St Laurent. Il y a parfois des expositions historiques, d'autres fois un évènement dont le thème est l'hydravion. Vous avez aussi un décor peint à l'entrée de St Laurent, avec une citation de St Exupéry, c'est pas anondin.

Maintenant que vous savez ça, vous pouvez vous rendre sur place et trouver par vous-même les traces des hangars, ils sont visibles dans le sol, sous les herbes. Fermez les yeux et imaginez le bruit des ateliers, les cris des grutiers, le son des moteurs s'éloignant de la base : C'est bon, vous êtes revenu en 1924 !


Histoire

La base d'hydravions de Saint-Laurent-de-la-Salanque est un des éléments du patrimoine de la ville. Son histoire est intéressante puisqu'elle est liée à la ville.

Cette histoire commence en 1924. Depuis le début du siècle déjà, les premiers aviateurs réalisaient de véritables exploits sans trop s'en apercevoir, ils volaient avec des aéronefs plus lourds que l'air (pas des montgolfières ou des dirigeables), transportant des passagers ou des biens d'un point à un autre du territoire de plus en plus rapidement. A Perpignan, des voix s'était élevées contre l'absence "d'escale aérienne", et suite à ses protestations la ville se dota d'un aérodrome. Puis des industriels prirent le dessus, souvent eux-mêmes pilotes, et l'aventure de l'aéronautique débuta. Parmi ces industriels, un certain Pierre-Georges Latécoère s'illustra en Roussillon.

C'est en effet Latécoère qui eut besoin le premier d'une base aérienne afin de mettre au point ses hydravions. Il fallut choisir un étang bien sûr, et les vents du Sud, Tramontane et Marinade, étaient idéaux pour faire les essais. C'est donc tout naturellement vers l'étang de Salses que se porta son choix.

La construction de la base d'hydravions commença en 1924 et elle fut mise en service en 1927. Utilisée jusqu'en 1937, elle fut baptisée "L'escale". Jean Mermoz viendra y faire des essais à bord d'un hydravion nommé "Laté 28-3 Comte de Vaulx". Cette base avait une grande activité, il y avait de nombreux hangars, les pilotes cotoyaient les mécaniciens. C'était une vrai base d'essais, avec acheminement des aéronefs. "L'escale" s'étendait sur 45 hectares, il y avait des hangars, une base météorologique, une poste TSF, des bureaux et même des logements pour le mécanicien et le gardien. Au total 35 personnes y travaillaient, entre les mécaniciens et les menuisiers. Les hydravions étaient construits par les ateliers "Latécoère" de Toulouse, puis ils étaient transportés en pièces détachés ici où on les remontaient. Ils effectuaient leurs essais sur l'étang puis partaient pour leur base de Marseille.

Il fallait 25 jours pour finir les essais d'un hydravion. Une jetée de 7m par 130 de long s'avançait sur l'étang, elle était équipée d'une grue (en bout) de 7m de haut pouvant soulever 15 tonnes. Au total, huit hydravions furent essayés, entre autre par Jean Mermoz et St Exupéry. On compte malheureusement deux accidents mortels : Le 3 avril 1930, puis le 16 mars 1933, deux hydravions s'écrasèrent, tuant les équipages de 2 personnes, soient 4 morts au total. Voici les quelques appareils qui y ont été testés :

  • En 1926 Achille Anderlin prend les commande d'un Laté 21
  • En novembre 1927, c'est un Laté 24 qui y est testé
  • Quatre mois plus tard, en mars 1928, on teste pour la première fois un Laté 32, il sera utilisé sur la ligne Marseille-Alger
  • Dans la foulée les Laté 28 et Laté 38 sont testés à St Laurent
  • En mars 1930 Jean Mermoz prépare son brevet de pilote d’hydravion ici
  • En 1936 c'est Antoine de Saint-Exupéry vient s’entraîner au pilotage des avions de gros tonnage
  • En 1936 est testé le Laté 298-01, dernier hydravion envoyé ici.

En 1937, l'activité prit fin assez brutalement. Air France ayant repris la main, c'est elle qui confiera la base d'hydraviosn à l'armée française pour qu'elle puisse entraîner ses pilotes pour ses escadrilles aériennes. Ce fut abandonné le 3 septembre 1939 à cause de la guerre. En novembre 1942 la base servira aux allemands pour faire décoller un hydravion de surveillance de la côte, il patrouillait entre Leucate et Cerbère. Le 13 août 1944 les avions de la Royal Air Force entrent en jeu et attaquent les installations, réussissant leur coup en détruisant les hangars, sauf un. Les allemands quittent les lieux en faisant sauter la grue et le hangar restant.

Par la suite, la base d'hydravions fut abandonnée, elle est désormais un terrain militaire, mais en friche.

Situation et accès

La base d'hydravions se trouve sur le territoire de Saint-Laurent-de-la-Salanque, sur la côte de l'étang de Salses. Saint-Laurent est au coeur de la Salanque, le long de la route menant de l'autoroute Perpignan-Nord au Barcarès.

C'est justement le long de cette route qu'il faut prendre une bifurcation partant vers le Nord. On n'y accède uniquement dans le sens Le Barcarès-Rivesaltes (car sinon, il faudrait couper les voies de circulation) en direction de la base militaire. La route est assez étroite, c'est une petite route secondaire qui ne mène qu'à ce site. Tout au bout les restes des installations aéroportuaires offrent un parking tout à fait convenable. On est au bord de l'étang, en plein vent, et ça peut être une destination de balade, sans que se soit le plus joli coin du département.

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