Le relief des Pyrénées-Orientales


Département aux paysages variés, les Pyrénées-Orientales ont la chance extraordinaire de cumuler sur son territoire de grandes plages de sable fin, une côte rocheuse, de vastes sites campagnards de basses ou moyennes montagnes, et des massifs montagneux d'envergure sur lesquels se sont construites une dizaine de stations de sports d'hiver.

Ce sont les Pyrénées qui représentent ces massifs montagneux. Elles séparent la France de l'Espagne, constituent une frontière naturelle et apportent plaisir et rudesse au pays catalan. Plaisir de monter en Cerdagne pour prendre un bol d'air l'été, rudesse du froid de l'hiver pour les habitants de ces reliefs parfois escarpés.


Les différents massifs

Intimement liés aux trois cours d'eau qui traversent le département, les massifs montagneux se sont créés par opposition à leurs vallées. Ainsi, l'Agly, premier cours d'eau au nord des Pyrénées-Orientales, serpente paresseusement entre les collines des Corbières, de la moyenne montagne calcaire qui fait la joie des Catalans amateurs d'escalade. Au sud de l'Agly et au nord de la Têt, plus vers la haute montagne, on trouve le Madre et le Carlit, deux massifs séparés par une vallée orientée nord-sud, le Capcir. Entre la Têt et le Tech, le plus méridional des fleuves côtiers du département, s'élève le majestueux Canigou, la montagne sacrée des Catalans. Enfin, tout au sud, ce sont les Albères, chaîne montagneuse pouvant monter jusqu'à 1000 m et faisant rempart du passage en Espagne.

Bien sûr, il existe énormément d'autres massifs montagneux, mais le massif du Carlit, celui du Canigou et du Madre en constituent les principaux. Albères, Corbières sont des collines plus ou moins importantes vis-à-vis d'eux, et les autres pics, plus nombreux, sont moins connus car plus éloignés.


Le Carlit

Le Carlit est le plus haut pic des Pyrénées-Orientales. Il culmine à 2921 m, ce qui le situe aux alentours de la 200e place au classement des plus hauts pics des Pyrénées. D'apparence pointue, la montagne est en fait un ensemble très grand, dont les randonneurs mettent deux jours à en faire le tour. À propos de randonnées, c'est un pic très convoité et accessible aux randonneurs débutants. Il faut à peu près 4 heures pour atteindre le sommet à partir du point de départ habituel, le lac des Bouillouses. Le chemin longe une série de lacs de montagne dont la vision, une fois en altitude, est impressionnante. Le parcours est agréable, avec de nombreuses portions de forêt, des prairies larges et verdoyantes, et une partie, le sommet, rocailleuse. Ne vous surestimez pas, les 200 derniers mètres sont assez difficiles, vous pouvez faire demi-tour sans scrupules.

Le Carlit est le réservoir d'eau des Pyrénées-Orientales. Ce massif montagneux, désertique, est intéressant pour son réseau hydraulique et ses lacs d’altitude qu'il contient ainsi que pour les pâturages. Ces ressources ont été très disputées de tout temps. Voici l'histoire de la possession de ce massif depuis le XIIe siècle.

Au XIIe siècle, l'établissement du droit d'usage fait que la ville de Puigcerda devient le propriétaire officiel de la montagne, qu'elle achète en mai 1198. En 1713, la ville est occupée par les Français, et elle est contrainte de vendre le Carlit. L'acheteur est François Sicart, viguier de Cerdagne et propriétaire de la Cal Mateu, à Sainte-Léocadie, pour 2000 livres. Au XIXe siècle, la mainmise des descendants du viguier est trop forte, un projet de cantonnement est établi entre plusieurs villages. Le 11 janvier 1853, M. Ramonatxo, de Latour-de-Carol, M. Vilalte, de Villeneuve, et M. Palau, de Bourg-Madame, rachètent le domaine du Carlit. Il sera ensuite vendu à plusieurs reprises suite à l'opposition des propriétaires et des communes ayant l'usage des lieux. Le tribunal de Prades finit par ordonner une nouvelle vente aux enchères, et c'est le Conseil Général des Pyrénées-Orientales qui l'acquiert. Le secteur sud est accordé le 22 janvier 1879 à Odeillo, Llivia, Villeneuve et Ur pour 91 500 francs, mais Ur se retire pour cause d'insolvabilité. Pour le partage, des experts visitent les lieux avant de fixer des limites. Mais le maire de Llivia est accusé de malversations et il est écarté du partage. Le 31 août 1900, le partage est définitif entre Llivia, Odeillo (devenu Font-Romeu par la suite) et Villeneuve. Ainsi, seules trois communes se partagent le sud du massif du Carlit, tandis que le nord appartient au Conseil Général. Il est intéressant de savoir que la station de ski de Font-Romeu est assujettie financièrement et administrativement au domaine, c'est-à-dire à l'État et à Llivia.


Le Canigou

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le Canigou était considéré comme le plus haut pic pyrénéen. À partir de cette date où il fut détrôné, il resta quand même un symbole important de la catalanité. Il faut dire qu'il est impressionnant, visible de partout en Roussillon et accessible. Son altitude fut mesurée à de nombreuses reprises, et les résultats sont changeants en fonction de la qualité des instruments de mesure. Ainsi, sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle), il est indiqué à une hauteur de 2803 m. Selon Vidal et Reboul, en 1816, il fait 2809 m, et Corabeuf et Testu le mesurent à 2785,77 m en 1831. Il apparaît ensuite à 2784,16 m en 1958. De nos jours, la précision du GPS nous indique qu'il mesure 2784,66 m (2004). Les 66 centimètres, à rapprocher du chiffre départemental 66, sont une heureuse coïncidence, du moins pour ceux qui y croient. Les autres se diront qu'il est facile de déplacer quelques cailloux pour arriver à une taille exacte.

Le Canigou

Le mot "Canigou" vient de "Cani et Jugum", "la dent du chien", c'est du moins une version possible. Une autre étymologie, plus probable, est la suivante : "Canigou" viendrait de "Kan", le rocher, et "konos", qui désigne un sommet en coin. "Kan-konos" serait devenu "Canigou" au fil du temps, par déformation phonétique.

Le premier chalet construit en altitude fut celui des Cortalets, et il le fut vers la fin du XVIIIe siècle. À cette époque, la ville de Vernet-les-Bains s'enrichissait et tentait de faire connaître d'autres choses autour de la ville que ses célèbres thermes. Le Canigou devient alors une destination prisée des randonneurs. Deux Allemands, les frères Kikle, furent chargés du développement du Canigou. Leur idée : construire un téléphérique, suivant le modèle de celui qu'ils avaient déjà construit en Suisse. Ils créèrent dans cette idée la "société du chemin de fer à crémaillère du Canigou", dont le but était d'amener les touristes à mi-hauteur de la montagne, jusqu'au chalet des Cortalets, où un hôtel de luxe serait construit, juste à côté du chalet. La société fut présidée par le vicomte de Burnay, et les frères Kikle participèrent aux conseils d'administration. Mais le conflit de 1914 s'engagea, et ces derniers durent regagner en toute hâte leur pays. On les comprend. Le projet fut donc mis à terre par la Première Guerre mondiale, il prévoyait pourtant une rentabilité à partir de 20 000 visiteurs par an.

À l'issue de la guerre, le projet ne fut pas repris, il y avait trop d'autres priorités dans le pays. Entre 1920 et 1939, le Canigou fut la proie de plusieurs projets d'aménagements de routes reliant le Vallespir au Conflent, mais tous étaient trop coûteux pour être réellement entrepris. Enfin, dans les années 50, un projet de station de ski vit le jour, mais il fut abandonné à cause de la mauvaise volonté des promoteurs des sports d'hiver de Cerdagne.


Les légendes

La première ascension connue est celle de Pierre III d'Aragon et de Sicile en 1285. En ce temps, les dragons, sorcières et autres bestioles démoniaques peuplaient les contrées inconnues, et Pierre III décida, avec deux cavaliers, de gravir le Canigou pour les voir. Devant les éléments déchaînés, la foudre, le tonnerre, les deux cavaliers rebroussèrent chemin, mais le roi poursuivit, lui. Il découvrit au sommet un lac, y lança une pierre, ce qui fit surgir un terrible dragon. Bien sûr, le combat s'engagea et le roi en fut victorieux. À son retour à Perpignan, il demanda à ce que son ascension soit consignée, ainsi que l'apparition du dragon, et c'est la raison pour laquelle, de nos jours encore, les Catalans connaissent cette histoire d'ascension.

Il paraît que Noé attacha son arche au Canigou, exactement à un anneau situé au "Roc dels Moros", au "roc de Salimans", puis au "pic Barbet". L'arche, paraît-il, fut emprisonnée dans les glaces et disparut à jamais.

Il paraît aussi que sept géants vivaient sur les pentes du Canigou, et un jour, ils décidèrent d'aller discuter avec Dieu. Ils allèrent au sommet, déchaînèrent les treize vents, mais Dieu les punit de leur arrogance en les pétrifiant. C'est depuis ce jour que nous voyons la chaîne "dels Set Homes", sur les flancs de la montagne.

Le Canigou est aussi une montagne qui a inspiré les artistes. Maintes fois peintes dans des représentations picturales, il est le support de la plus connue des chansons catalanes, Muntanyas Regaladas.


Une anecdote

Pour finir, voici une anecdote réelle. Savez-vous que le Canigou est visible de Marseille ?

Lorsqu'on étudie avec précision la rotondité de la Terre et la hauteur de la montagne, on s'aperçoit qu'il est impossible de le voir de la Canebière, la ligne d'horizon passant un peu au-dessus du sommet. Et pourtant, le baron de Zach, astronome, l'authentifia bel et bien en 1808, et ce fut confirmé par la suite.

Comment est-ce possible ? Tout simplement par un phénomène original de réflexion de la lumière le long de l'atmosphère terrestre, qui courbe la ligne de vision humaine.



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Drapeau catalan Les Pyrénées-Orientales

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