À la fin du XVIIIe siècle, le Roussillon est bien intégré à la monarchie française, tout en conservant une identité propre, d’autant plus forte que son voisin, la Catalogne du Sud, connaît une situation similaire avec l’Espagne.
Le Roussillon, une province privilégiée ?
À cette question, il semble que la réponse soit négative. Le poids des impôts n’y est pas plus lourd qu’ailleurs : la moyenne par habitant s’élève à 13 livres et 15 sous, contre 23 livres, 13 sous et 8 deniers pour la moyenne française. L’imposition y est donc relativement avantageuse.
De plus, les usages locaux restent vivaces, certains étant encore officiellement reconnus par le roi. L’un des principaux privilèges consiste à être jugé par un tribunal composé de Catalans, selon les coutumes locales. Une particularité réside dans le fait que, en dernière instance, le tribunal souverain est celui de Perpignan, alors que, dans d’autres provinces, les habitants doivent se rendre dans des villes plus importantes.
Enfin, la région demeure constituée de seigneuries, dont certaines appartiennent à des seigneurs espagnols, généralement catalans du Sud. Par exemple, le duc de Cardona est seigneur d’Ille, Bouleternère, Casenoves, Pia, Banyuls-sur-Mer, etc.
L'amorce de la Révolution
En juillet 1789, la révolte gronde dans toute la France depuis quelque temps déjà. À Paris, la Bastille est prise. Partout, les Français se soulèvent contre la noblesse et le clergé, accusés de tous les maux. Ce mois-ci, ce sont tout d'abord les habitants de Perpignan qui réagissent. Cependant, deux phénomènes distinguent la révolte catalane des autres : d'une part, elle intervient relativement tardivement et de manière modérée ; d'autre part, elle se tourne contre le fisc plutôt que contre la noblesse. Le but recherché, s'il en existait un, semble avoir été de démanteler l'appareil d'État, en premier lieu le système de collecte des impôts. Évidemment, le chaos ainsi provoqué a aussi favorisé des affrontements entre habitants, en l'absence d'arbitrage royal.