Histoire
La Vall del Feu était une possession de l'abbaye de Saint-Michel de Cuxa. Les toutes premières chartes mentionnent les lieux de Joval ou Touegal (Tuevol), Villa Talatio (874), Talacho (876). Celle de 985 précise Mazunculas, Talazo (Talau), Ocenias et l’église Saint-Étienne. Celle de 1102 indique Planos (Planès), Caprilios (Cabrils), Tovegal et l’église Saint-Adrien.
La chapelle de Talau est mentionnée dès 968 dans un acte du pape Jean XIII. Elle est dédiée à Saint Étienne. La chapelle présente une structure typique de l’art roman catalan : une minuscule nef de 10 m par 5, voûtée en berceau brisé, terminée par une abside semi-circulaire. Une chapelle latérale, côté nord, a été ajoutée ultérieurement. Elle date probablement de la fin du XIIe siècle et a donc remplacé la chapelle initiale mentionnée en 968.
Celle des Plans est dédiée à Saint Michel. Elle fut construite un peu plus tard, au XIe siècle. Modifiée au XIIIe siècle, elle présente une nef unique dont la voûte est dissimulée sous une charpente en bois. Elle possède une abside semi-circulaire et un petit clocher-mur sur la façade occidentale. Les paroisses de Talau et des Plans furent fusionnées avant 1402.
En 1420, le procureur royal reconnut à l’abbé de Saint-Michel de Cuxa la propriété de la forêt de la Vall del Feu, qui jouxtait les pacages du Conflent. Les habitants avaient le droit de l’exploiter, sauf pour la production de charbon. Le 17 novembre 1486, Blaise de Castelport, prévôt majeur de Cuxa et seigneur de la Vall del Feu, abandonna contre 10 florins la jouissance des pacages à tous les tenanciers des herbages de la vallée. L’accord stipulait également un paiement de deux deniers par bête étrangère. Les tenanciers étaient au nombre de cinq : André Scaro, Jean Montégut et Barthélémi Prada d’Olette, Bernard Julia d’Ayguatébia, et Michel Scaro des Plans. La censive ainsi réglée était répartie entre les villages en fonction de leur importance :
Vuy als 29 de septembre 1715 diuan los pagesos de la Vall-del-feu que se es acostumat donar al senyor paborde major de Sant-Miquel per los censos de las erbas trenta y tres reals de plata, dich cinq lliuras deu sous, y aixo se es repartit en aquesta forma, so es las terras dels Plans 22 sous, Cabrils 11 sous, Tuebol 22 sous, Monclas 22 sous, Talau 33 sous, Suma 110 sous.
Vers le milieu du XVIe siècle, des troupes de brigands — protestants français chassés de leur pays après le massacre de la Saint-Barthélemy — pénétrèrent en Haut-Conflent. Ils ravagèrent plusieurs villages, dont certains de la vallée. Les habitants durent fuir et s’installer dans les villages alentours, envoyant pendant un temps des fermiers travailler leurs terres à leur place.
En 1613, Jacques Descattlar, viguier, reçut les reconnaissances des tenanciers de la Vall del Feu. Il s’agissait alors de Gérald de Bonnemayso (d’Ayguatébia), de François Serdane et Espérance Gall (de Serdinya), de Balthazar Respaut et Raymond Orta (d’Evol), ainsi que de Jacques Prada d’Olette — probablement un descendant de Barthélémi Prada, déjà mentionné en 1486. En 1662, le capbreu mentionne onze propriétaires forains : trois de Talau, cinq de Monclas, les autres n’habitant pas la vallée.
À partir du début du XVIIe siècle, la Vall del Feu était peu peuplée. Le commendataire de la rectorie de Talau était alors le curé de Codalet. La messe était dite par le curé d’Ayguatébia à Talau et Monclas en 1617 et 1631, et à Tuévol en 1638 et 1645. À partir du XVIIIe siècle, des curés réapparurent dans les différentes églises. Le 17 décembre 1700, l’archidiacre du Vallespir nomma les recteurs des paroisses de Saint-Michel des Plans et de Saint-Étienne de Talau. Pierre Lacreu, de Catllar, fut nommé le 14 mai 1721 à la cure des Plans et de son annexe de Saint-Étienne de Talau par le grand vicaire de Cuxa. En 1768, Joseph Gallarde, prêtre du diocèse d’Urgel, fut chargé de l’église paroissiale de Talau et de son annexe Saint-Michel des Plans.
Tuevol possédait également une église, dont il ne subsiste aucune trace. Seul le toponyme "champ de l’église" témoigne de son existence. Au début du XXe siècle, toute la vallée relevait de la juridiction spirituelle de l’église d’Ayguatébia. Dépeuplé, Talau a été fusionné avec la commune d’Ayguatébia en 1982.