Ce que l'on appelle les Sagnes del Dévès est plus connu sous le nom de l'anse de la Roquette, mais il s'agit en réalité du même endroit : une zone marécageuse située près de l'étang de Salses, à l'est de Salses-le-Château. L'anse de la Roquette désigne la portion de l'étang qui forme une anse et longe cette zone marécageuse. Ce qui nous intéresse ici, c’est que la plage de cet endroit a été urbanisée par un village de pêcheurs.
Ce village est très différent de ceux que l'on trouve au Barcarès, à Canet ou à Saint-Hippolyte. Ici, les cabanes traditionnelles en roseaux ont été détruites et remplacées par des constructions en bois plus modernes, offrant un certain confort. Un confort tout relatif, car il n’y a pas d’accès à l’eau courante, par exemple. En revanche, l’électricité est bien présente. On compte actuellement 82 cabanes, mais leur nombre tend à diminuer. En effet, ces baraques ont été construites par des familles de Salses, à l’origine pour entreposer du matériel de pêche. Puis, avec l’arrêt de cette activité — du moins sous sa forme professionnelle —, les cabanes ont été plus ou moins abandonnées, devenant un terrain de jeu pour les enfants et adolescents du village. Avec le développement des congés, les habitants les ont progressivement récupérées, remises en état, et les ont utilisées comme lieux de villégiature.
Cependant, l’État français n’apprécie guère l’urbanisation du littoral. Du moins, plus maintenant. Il a donc souhaité faire démolir ces cabanes, mais face à la fronde des propriétaires, il a dû reculer. Il a alors accepté qu’elles ne soient simplement plus transmissibles. En d’autres termes, à la mort d’un propriétaire, son cabanon revient à l’État, qui peut ensuite le détruire. On est donc dans un statu quo, où les cabanes sont peu à peu abandonnées, dans l’attente que le hameau se vide suffisamment pour être entièrement rasé, ce qui arrivera probablement d’ici quelques années.
Le lieu est aussi très prisé pour les journées entre amis ou les repas en famille. C’est un endroit idéal pour organiser une sardinade ou une cargolade, dans une ambiance conviviale et chaleureuse. Attention toutefois : en été, la chaleur peut être accablante et l’ombre rare. Mieux vaut ne pas être trop nombreux si l’on veut tous tenir dans les cabanes. Pour les visiteurs, l’endroit dégage une atmosphère bucolique, surtout par une journée ensoleillée et venteuse (croyez-moi : avec une tramontane à 100 km/h, ce n’est pas triste !). Mais, en règle générale, ceux qui ne possèdent pas de cabane ne restent pas longtemps, car il n’y a pas grand-chose à faire. C’est plus un but de promenade qu’un véritable lieu de séjour.