Histoire
Préhistoire
La préhistoire à Argelès-sur-Mer commence pendant le Néolithique, plus précisément à l'époque mégalithique. Deux dolmens se trouvent sur le territoire de la commune : le Collet de Cotlioure et le dolmen dit de la Cova de l'Alarb. Ils ont tous les deux été classés monuments historiques le 3 novembre 1958.
Premières mentions du village
On trouve la première mention d'Argelès en 981 dans un document indiquant que la ville appartient à l'abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines, et qu'il s'agissait par ailleurs de l'extrême limite des possessions de cette abbaye (et pour cause : plus loin, c'est la mer). Ce document mentionne déjà la présence d'une place forte appartenant, comme tout le reste du Roussillon, aux descendants du comte Guifred le Velu.
Jusqu'en 1258, date du traité de Corbeil fixant une frontière entre la France et le royaume d'Aragon, il n'y a pas de traces d'Argelès. Bien que la frontière, placée bien plus au nord (à Bélesta), n'ait pas eu de répercussions sur la vie quotidienne, le fait de changer officiellement de pouvoir dirigeant a structuré la vie des villages.
Ainsi apparut, durant le XIIIe siècle, une maison de l'Ordre du Temple, dont le précepteur était un certain Borrellus en 1273. Ces maisons étaient très fréquentes dans les villes ; certaines avaient tellement d'importance qu'elles dirigeaient la ville elle-même.
Prise de la ville par Pierre IV d'Aragon
En 1276, le roi d'Aragon Jacques le Conquérant décède en séparant son royaume en deux : l'aîné prend sa succession, tandis que le cadet reçoit le royaume de Majorque. Dès le début de cette séparation, ils s'opposent, l'aîné ne reconnaissant pas le partage des terres. Mais ils furent bien obligés de cohabiter le temps de trouver un accord, signé en 1279. Ce n'est que 19 ans plus tard, en 1298, que ce traité fut renouvelé à Argelès.
Jusqu'en 1344, année de la reconquête militaire du royaume de Majorque par l'Aragon, les deux monarques se livrèrent des batailles régulières. Or Argelès se trouvait à la frontière. C'est donc tout naturellement que la population vécut ces années fastes pour Perpignan dans la crainte. En 1343, Pierre IV d'Aragon attaque le royaume de Majorque. Ses troupes traversent les Pyrénées, prennent tour à tour Banyuls, Collioure, et font le siège devant, tout d'abord, la tour de Pujol, mentionnée dès 1145. Elle avait appartenu d'abord à Bérenger de Llupia (comte de Taxo), puis à Gérard de Roussillon (en 1166), qui l'a léguée avec ses immenses terres au roi de Majorque.
Cette tour voit arriver l'armée de Pierre IV d'Aragon le 2 juin 1343. L'assaut est donné, mais Pujol se défend bien. Repoussés, les assaillants se retirent. Le lendemain, ils attaquent la ville d'Argelès, mais là encore, les habitants, aidés par une troupe de mercenaires génois, parviennent à les repousser. Un siège s'établit autour des murailles de la ville. Il réussit à faire ouvrir les portes trois jours plus tard. Le 6 juin 1343, la ville est conquise par Pierre IV d'Aragon.
Occupation française
Le 9 mai 1462, le roi d'Aragon Jean II, possesseur du Roussillon, signe un traité d'alliance avec le roi de France Louis XI dans le but de mater la révolte perpétuelle des Catalans de Barcelone. L'armée du roi de France perd la bataille le 3 octobre 1462 et envahit le Roussillon en guise de représailles contre le roi d'Aragon. Argelès est de nouveau occupée par des troupes étrangères. Nous n'avons pas beaucoup de documents relatant cet épisode, mais il semble que la ville soit tombée sans résistance. La mainmise de la France sera illégale jusqu'en 1472. À cette date, le roi d'Aragon propose à la France de lui restituer le Roussillon de façon officielle contre un appui politique, ce qu'elle accepte. Argelès restera donc française.
On ne sait rien de la politique appliquée localement, mais celle de Perpignan nous sert d'exemple. Fort de sa première expérience, le roi de France fait régner la terreur sur ses nouvelles terres, obligeant la plupart des opposants à fuir vers Barcelone. Cet état de fait durera jusqu'au 19 janvier 1493, date de la signature du traité de Barcelone. Par ce traité, Charles VIII, roi de France, rend le Roussillon au roi d'Aragon.
Traité des Pyrénées et guerre de 1793
De 1618 à 1648, recommence la lutte entre la France et l'Espagne. Les forces françaises pénètrent en Roussillon et conquièrent le territoire. Argelès est prise en 1641 par le général français de La Meilleraye, qui y établit une petite garnison. Le 7 janvier 1642, les Espagnols la reprennent après trois jours de combat. Elle sera à nouveau reprise en 1646. Le 9 mai 1659, un cessez-le-feu est décrété, il amènera à la signature du traité des Pyrénées fixant une nouvelle frontière. On aurait pu croire que la frontière fut définitive, mais les hostilités reprennent en 1793 à l'initiative de l'Espagne. Cette année-là, une forte armée franchit les Albères par le col du Perthus et prend plusieurs villes. Argelès, toujours placée à la frontière, en subit les conséquences. Elle est prise le 23 mai 1793, et les Espagnols en font le magasin d'une armée de 4000 hommes stationnée entre la plage et la ville (avec leurs 500 chevaux).
Cette guerre dure deux ans, la ligne de front bougeant beaucoup. Cette partie des Albères ne fut pourtant pas libérée par les Français avant 1795.
La Retirada
Retirada signifie "retraite" en espagnol. Ce terme désigne la fuite des républicains espagnols devant l'avancée des troupes du dictateur Franco. Durant l'hiver 1939, une foule immense traversa la frontière, cherchant un accueil que la France n'était guère disposée à donner tel quel. Les autorités françaises furent prises de court et très vite débordées par l'ampleur du phénomène. Les petites villes frontalières virent passer des flots continus de réfugiés sans savoir vraiment que faire.
La gestion de cet afflux se passa plutôt mal dans la région. Les autorités françaises ouvrirent en urgence des camps de regroupement où ils furent parqués. Ces camps furent montés rapidement, dotés d'un encadrement militaire ; les conditions d'hygiène y étaient déplorables. Nombreux furent ceux qui moururent. Pour notre région, cet épisode de l'histoire locale reste une plaie béante. Les principaux camps se trouvaient à Prats-de-Mollo, sur la plage d'Argelès-sur-Mer et au camp Joffre.