Histoire
La région de Nohèdes était peuplée dès le Néolithique. Les collines environnantes sont parsemées de rochers gravés de croix datant de cette époque, en particulier à environ 1 km à l’est du village. Par la suite, ni les Celtes (-500), ni les Romains (-121), ni les Wisigoths ne laissèrent de traces sur le territoire de Nohèdes. Après l’invasion sarrasine et le dépeuplement du Roussillon, c’est Charlemagne qui parvint à reprendre cette région (811) et à la pacifier. Commence alors l’ère chrétienne, marquée par la multiplication des églises rurales. C’est ainsi qu’apparut le village, bien que nous ne disposions pas de preuves écrites en raison de l’ancienneté de cette époque.
Il faut toutefois savoir que l’ensemble de la vallée de Conat formait une entité cohérente, et ce jusqu’à une époque récente. L’histoire de cette vallée est racontée en détail sur la page consacrée à Conat, où vous trouverez tous les détails.
Alors que Urbanya et surtout Conat apparaissent assez tôt dans l’histoire, Nohèdes doit attendre le début du XIVe siècle pour être mentionné dans un document. Il s’agit d’un acte de tenue en fief pour le roi, concernant les cens et les droits de justice sur les hommes possédés par Arnau Bernard, fils de Ramon de Fuilla, dans les vilars de Montella, Nohèdes et Orbanya.
Nous sommes alors sous les rois de Majorque, dans une période de conflit avec le roi d’Aragon, qui attaque et récupère rapidement les territoires du Conflent, pourtant toujours acquis à la cause majorquine. Lors de la reprise définitive, les sanctions ne tardèrent pas à tomber, et les habitants de Nohèdes furent condamnés à payer de lourdes amendes (en nature) pour leur rébellion contre le roi. Une mention du village apparaît dans le fogatge de 1378 (recensement). Il ne contient que 4 feux, soit environ 18 personnes. C’est donc un petit village sans grande importance, protégé par le château de Conat. La richesse du site résidait dans le bois, utilisé à l’époque pour alimenter les chantiers navals de Collioure. On imagine les difficultés rencontrées par les bûcherons pour acheminer les troncs à travers les forêts jusqu’à la vallée de la Têt...
Reprise par Pierre IV le Cruel, roi d’Aragon, la vallée de Nohèdes fut administrée par un procureur royal jusqu’à ce qu’elle soit cédée à la puissante famille de Cardona, dont les membres se partagèrent la baronnie de Conat — et donc le village de Nohèdes — durant le XVe siècle. L’activité principale demeurait le traitement du bois et la fabrication de charbon. Dans toute la vallée, seules deux forges étaient en activité : l’une à Conat, l’autre à Nohèdes.
La famille de Cardona conserva la vallée de Conat jusqu’en 1532, sans qu’il y ait d’événements remarquables. À cette date, Jacques d’Alemany en prit possession par achat ordinaire. On retrouve une mention de Nohèdes en tant que possession royale en 1603, dans l’état des lieux des vigueries de Roussillon et de Conflent, mais la baronnie complète passa en 1606 sous l’autorité de Gabriel de Llupia, procureur royal, qui la transmit à sa descendance jusqu’en 1763. Cette année-là, elle fut récupérée par la famille d’Ortaffa, qui la conserva jusqu’à la Révolution française.