Histoire
L'histoire de Villeneuve-de-la-Raho commence durant l'Antiquité, plus précisément à l'époque romaine. Alors que la Via Domitia passait à proximité, trois villas romaines étaient en activité sur le territoire actuel de la commune. Rappelons qu'une villa romaine était avant tout un important domaine agricole dont le responsable était souvent un vétéran de la légion romaine.
La première de ces villas était située au "Puig Berges", sur les propriétés du mas Sauvy. Il s'agissait de la plus grande du secteur. Le site fut découvert en 1836 mais subit d'importantes dégradations lors de travaux agricoles entrepris par le propriétaire, M. Sauvy, visant à rendre arable une terre stérile pour la culture de la vigne. Ces travaux révélèrent du mobilier romain, des monnaies médiévales de Melgueil associées à des squelettes, ainsi que des vestiges de construction. Malheureusement, tout ce matériel archéologique fut dispersé et détruit au XIXe siècle, époque où l'on se préoccupait peu de la préservation historique. Des fouilles furent menées en 1991, permettant de mettre au jour un site comprenant trois silos de 3,40 à 4,90 m de diamètre. Ils semblent dater de 50 après J.-C., le site ayant été successivement détruit et reconstruit jusqu’en 120. Il s’agissait d’une villa romaine de grande importance.
La deuxième villa romaine se trouvait près du mas "Val Marie" et date du Ier siècle. Le site fut découvert grâce à un profond travail agricole. Il s’agissait d’un établissement romain modeste.
Enfin, la troisième villa se situait au lieu-dit "Les Olivèdes", sur l’emplacement actuel du camping municipal. Ce site comprenait des lampes à huile et des monnaies. Au début du XXe siècle, quelques murs d’époque étaient encore visibles, mais les vestiges ont disparu au fil des années avec l’aménagement du lieu.
Après la chute de l'Empire romain et les invasions wisigothiques puis sarrasines du Roussillon, l'histoire ne nous a laissé aucune trace du passage de ces peuples. Il faut attendre le IXe siècle et la reconquête de Charlemagne en 811 pour observer des signes d'activité humaine à Villeneuve.
Au IXe siècle, Villeneuve n'était qu'un petit regroupement de maisons autour d'un édifice religieux. Très peu de renseignements nous sont parvenus de cette époque, et l'on sait peu de choses sur les premiers temps du village. En 1196, il est fait mention d'une fortification sur la butte, probablement une tour ou une petite bastide, qui fut rasée par le roi de France Philippe III en 1285. En 1271, Villeneuve possédait également une léproserie en ruine, construite au retour des croisades.
En 1279 puis en 1313, des documents citent loco vocato villa veteri (la "ville vieille"), probablement en lien avec l'existence d'une "ville neuve". S’agissait-il d’une ancienne ville carolingienne tombée en ruine avant le XIIIe siècle, ou d’un lieu d’habitat pré-carolingien (villa romaine ou wisigothique) ? Ce village initial était situé en contrebas de la butte, au sud-est, autour de l'ancienne église romane Saint Julien et Saint Basilice, construite avant 1149 (l’expression ad terminale Santi Juliani de Vilanova apparaît dans un acte de donation des comtes du Roussillon aux Templiers).
Divers propriétaires apparaissent sur ce territoire, qui relevait du chapitre d'Elne. L'abbaye d'Arles au XIe siècle et Grimau d'Ortaffa en 1171 possédaient des terres à Villeneuve. L'expansion des Templiers en Roussillon à partir du Mas Deu leur permit de contrôler rapidement de nombreux terrains dans la plaine, et cet ordre religieux devint au XIIIe siècle l'un des principaux propriétaires du village. En 1286, les vicomtes de Canet vendirent des biens de Villeneuve à l'abbaye de Fontfroide. La première mention d’un moulin à eau date du XIIe siècle. Entre 1308 et 1310, un canal d’alimentation en eau fut creusé, reliant Thuir à Perpignan et passant par Villeneuve. En 1340, les droits féodaux sur le village firent l’objet d’un litige entre l’abbaye cistercienne de Fontfroide et les vicomtes de Canet, qui fut tranché en faveur de l’abbaye.
Le recensement de 1358 indique que Villeneuve comptait 32 feux, soit environ 200 habitants.
Le château de Villeneuve fut reconstruit par les moines à partir du XIVe siècle, marquant son transfert sur la butte. Malheureusement, ce château disparut en 1850 pour permettre la construction du nouveau cimetière.
Un tournant important dans l'histoire de Villeneuve eut lieu en 1419 lorsque les moines de Fontfroide vendirent le village à Marti Jaubert pour une somme modeste. Le village se déplaça alors définitivement au sommet de la butte, sous la protection du nouveau château. De l'ancien village, il ne reste que quelques vestiges, notamment les fondations d'une tour. La population déclina rapidement : à la fin du XVe siècle, Villeneuve ne comptait plus que 8 feux. C’est de cette époque que date la construction de la nouvelle église, également consacrée à Saint Julien et Saint Basilice. Remaniée au XVIIe siècle, elle abrite un retable du maître-autel de 1690, un Christ du XVIIIe siècle et deux intéressants bustes reliquaires.
En 1577, la seigneurie de Villeneuve fut acquise par Louis de Llupia, issu de la puissante famille de Llupia. Elle passa ensuite, en 1633, à la famille Ca Cirera par alliance matrimoniale, puis, par un autre mariage entre Manuela de Ca Cirera et Miquel de Pinos, à la famille barcelonaise de Pinos.
Au fil des recensements, la population évolua lentement : en 1732, Villanova de Rao comptait 25 feux (environ 150 personnes), en 1799, 76 habitants, en 1822, 34 feux, en 1906, 694 habitants et en 1946, 517 habitants.
Au XVIIIe siècle, Villeneuve reste un village pauvre : peu d'artisans et essentiellement des paysans. Un texte de 1780 indique que Villeneuve est un très petit village situé au bord de l'étang qui porte son nom, avec une production limitée à une maigre récolte de blé et quelques prairies. En 1808, le cadastre napoléonien montre que les meilleures terres étaient consacrées aux céréales, la vigne étant très minoritaire, et que l’élevage y était également répandu.
Durant le XIXe siècle, les paysans se tournèrent vers des cultures plus rentables : vignes, olives et élevage. Cela permit d’augmenter leurs revenus et vit apparaître les premiers grands propriétaires, issus de la noblesse perpignanaise ou gavaxine. Ces propriétaires possédaient la quasi-totalité des meilleures terres et créèrent plusieurs grands mas dans la plaine, tels que le mas Fusta et le mas Cahors. En 1830 apparurent les grandes exploitations viticoles : le mas Tardieu (actuel "Cap de Fouste") et le mas Sauvy, suivis plus tard du mas de la Cave (aujourd'hui englouti par le lac), du mas de l'Étang, du Val Marie (appartenant à Sauvy), du mas Richemont et du mas Romeu. Il fallut attendre vers 1890 pour que toutes ces grandes exploitations s’ouvrent aux petits producteurs.