Histoire
Historiquement, il est difficile de tracer les grandes lignes de Sahorle. Aujourd'hui simple hameau de Vinça, son territoire ne conserve pas de traces du passé préhistorique, ni paléolithique, ni néolithique, qui pourtant est plus proche de nous. Les différents peuples de l'Antiquité, puis des premières grandes civilisations, ne nous ont pas laissé de vestiges de leur passage sur ce site, et pourtant nul doute que certains d'entre eux y ont bel et bien vécu (Celtes en -500, Romains en -121, Wisigoths en 408, Sarrasins en 735).
En 811, Charlemagne défait les Sarrasins et conquiert définitivement le Roussillon, entamant ainsi l'époque féodale. Le hameau de Sahorle n'apparaît pas tout de suite, comme c'est le cas de la plupart des paroisses ; la première mention de l'église ne date que de 1299 sous le nom de "Ecclesia Sanctae Magdalenae de Nantilla". Le lieu est alors connu sous le nom de Nantilla.
Il s'agissait très probablement d'une paroisse dont les habitants ont peu à peu abandonné le site pour Vinça, qui est devenue une ville royale durant cette période et qui disposait de plus d'avantages matériels pour faire vivre sa population. C'est donc très probablement à cause de sa proximité avec Vinça que la paroisse de Sahorle a disparu.
Mais si la paroisse n'existe plus, l'église, elle, continue d'exister. Elle apparaît à nouveau en 1389 en tant qu'église rurale, ce qui désigne une église très peu utilisée, quasiment à l'abandon. Ceci confirme la déchéance du hameau de Sahorle durant le XIVe siècle.
À partir du XVIIe siècle, la mode des ermitages commença. Les églises rurales furent occupées par des ermites, des religieux qui se lièrent rapidement à la population. L'image de l'ermite reclus dans sa minuscule chapelle a existé, mais c'était dans les siècles précédents. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les religieux qui les occupaient étaient en contact avec la population, ils représentaient une sorte d'autorité morale que l'on consultait pour résoudre des problèmes matériels ou spirituels. L'ermitage Sainte Madeleine de Nantilla est mentionné pour la première fois en 1688 ("Hermita de Santa Magdalena de Nantillà"). À la fin du XVIIIe siècle, la tourmente révolutionnaire fit supprimer les ermitages, ainsi que les abbayes. Sainte Madeleine fut obligée de fermer ses portes en 1790, puis elle disparut définitivement, démolie par le temps et la nécessité de trouver des matériaux de construction. Elle fut remplacée par un oratoire.
La chapelle Sainte Madeleine
En parallèle, une autre église fut construite à Sahorle. D'après l'abbé Cazes, historien local, elle apparaît pour la première fois en 1628. Dédiée à Sainte Madeleine également, elle contient aujourd'hui le retable du maître-autel (1710), un Christ du XVIIIe siècle ainsi qu'une toile de la même époque. Elle fut érigée tout simplement parce que les habitants du lieu décidèrent que celle de Vinça, à laquelle ils se rendaient, était trop éloignée de leurs lieux de vie.
En 1629, une messe fut dite par le prévôt de Joch, ce qui était anormal car la chapelle était sous la domination spirituelle de Vinça. Cette messe n'était qu'un déclencheur, car il s'ensuivit un procès instruit à la cour métropolitaine de Tarragone, procès qui fut si coûteux que les deux parties décidèrent de se mettre d'accord avant qu'un quelconque jugement ne soit rendu. Le 22 octobre 1631, l'évêque d'Elne, Grégoire Parcéro, autorisa donc les messes à Sahorle, et ce fut la fin de l'aventure judiciaire du lieu.