Histoire
Situé au nord du Roussillon, en plein cœur des Corbières, ce village s’est construit, comme beaucoup d’autres, autour d’un château appartenant au seigneur local. Ce château a d’ailleurs servi, à partir du XIIIe siècle, de poste avancé à la forteresse de la Salveterra, plus au sud (aujourd’hui injustement appelée "Château de Périllos"). De nos jours, il en reste la tour carrée, toujours debout. L’église du village, consacrée à saint Michel, date du XIIe siècle. Elle est mentionnée dans un document de 1215.
Les seigneurs de Périllos
En 1357, Périllos était une seigneurie dépendante de Ramon. Celui-ci obtint de Pere de Fenollet la seigneurie de Finestret, qui vint agrandir ses terres. En 1391, Jean Ier d’Aragon accorda à Raymond de Périllos le titre de vicomte. Son territoire était alors rattaché au comté du Roussillon, et son château, le "Castell dal Segnou", fut le berceau de l’une des familles les plus illustres du Roussillon. Il faut dire que Raymond fut nommé cette année-là gouverneur du Roussillon, de Cerdagne, du Conflent et du Vallespir. Il y avait de quoi être anobli !
Plus tard, ce fut également un seigneur de Périllos qui organisa la résistance catalane lorsqu’il fallut se rebeller contre les troupes du roi de France, Louis XI.
La chute de la famille de Périllos eut lieu au milieu du XVe siècle. Eleonora de Périllos mourut sans héritiers, mettant fin à la dynastie. Tous ses biens passèrent à son neveu, Bernat-Beranger de Perapertusa, en 1459. Le village poursuivit sa vie sous l’autorité de ce nouveau seigneur, et ce jusqu’à la Révolution.
Le déclin
Mais, malheureusement, trop éloigné de la mer et des grandes villes, et surtout situé à la frontière de deux royaumes en guerre perpétuelle, Périllos n’a jamais vraiment pu se développer normalement. À partir du XIXe siècle, il a rapidement décliné, victime d’une série de malheurs.
Tout d’abord, ce fut le phylloxéra qui détruisit les vignes, alors l’une des rares ressources locales. Puis le taux de mortalité infantile s’accrut dangereusement, provoquant un manque de population dans les années suivantes. En 1912, les quatre bébés nés cette année-là moururent tous. Ensuite, la Grande Guerre emporta les hommes valides. Les femmes, laissées veuves, partirent alors pour Opoul. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il ne restait plus que 33 habitants, et la guerre acheva le village.
Le dernier habitant, un berger, partit rejoindre Opoul dans les années 1970. Le village était déjà rattaché administrativement à celui d’Opoul depuis 1971.
Une renaissance ?
Certes, le village est aujourd’hui à l’abandon. Mais ne voit-on pas, en particulier l’été, un nombre toujours plus grand de promeneurs ? Avec autant de monde qui y circule, le village devait, tôt ou tard, renaître de ses cendres. Ce n’est pas encore fait, loin de là, mais une première activité a vu le jour sur place : il s’agit du "Lézard", une buvette qui accueille des expositions d’artistes locaux. D’après Marcel, d’Opoul, l’un des internautes de passage sur ce site : « S’y rafraîchir à l’ombre du gros figuier après avoir visité la ou les expositions d’artistes divers est un moment de bonheur. »
On le croit volontiers !
11 janvier 1963 : l’accident du Constellation
Nombreux sont les internautes à me demander où se trouve la stèle à la mémoire de l’équipage du Constellation, qui s’est écrasé le 11 janvier 1963 dans les Corbières. M. Raymond Jeanjean, secrétaire de l’Association Nationale des Sous-Officiers de Réserve de l’Armée de l’Air, répond à la question :
L’accident du Constellation s’est produit le 11 janvier 1963, faisant 12 victimes. La stèle se trouve dans un sentier, à mi-chemin, sur la droite, entre le château et le village de Périllos (le sentier ou piste fait environ 2 km, praticable plutôt en 4x4). Dernièrement, le souvenir de cette tragédie a été commémoré lors d’une cérémonie à laquelle participaient de nombreuses associations aéronautiques et des élus régionaux. 450 personnes étaient présentes. Le souvenir est perpétué chaque année, le lundi de Pentecôte. À l’occasion du cinquantenaire, une nouvelle stèle a été érigée en hommage aux équipages de cinq autres avions disparus en mer ou en Algérie. Au total, ces six accidents auront fait 47 victimes. Les noms figurent sur le fronton du monument.
Le Constellation était basé à Toulouse-Francazal, et dans le cadre de sa mission, participait aux recherches d’un bateau en Méditerranée. Ce jour-là, un brouillard intense recouvrait les Corbières catalanes.
En savoir plus sur la stèle commémorative de Périllos.