Histoire
Tout comme l'ensemble du Fenouillèdes, Ansignan appartient davantage au Languedoc qu'au Roussillon. La première mention du village remonte à l'année 1012, mais on sait de source sûre que le lieu était habité depuis l'époque mégalithique, puisqu'il existe un dolmen au lieu-dit "La Rouyre", probablement érigé entre 2200 et 1800 av. J.-C.
Après l'ère mégalithique, les Celtes, puis les Romains, vinrent occuper les lieux. Les vallées du Fenouillèdes constituaient un emplacement idéal pour s’installer, car le relief y est peu marqué, la plaine est proche (bien que largement insalubre à l'époque) et la végétation offrait des ressources alimentaires (abri pour le gibier et possibilités de cueillette). C'est pourquoi la région fut largement romanisée.
Ils créèrent le premier village d'Ansignan, d'abord un domaine agricole donné à un certain Ansius, d'où le nom d'Ansignan. De génération en génération, d'autres familles vinrent s'y établir, entraînant l’essor du village. Ce lieu devait avoir une certaine importance, puisque fut construit ce qui fait aujourd’hui la fierté du village : le fameux pont-aqueduc long de 170 mètres, qui traverse l'Agly. D’ailleurs, d'autres vestiges de cette époque réapparaissent régulièrement, comme ces pièces datées de 46 av. J.-C., mises au jour lors de fouilles. Le pont, lui, date du IIIe siècle apr. J.-C. Sa particularité réside dans sa construction à deux niveaux : sur la partie supérieure, c'est un aqueduc où l'eau traverse l'Agly à 15 mètres de hauteur ; sur la partie inférieure, un tunnel-pont permet le passage des piétons.
Après la chute de l'Empire romain, les Wisigoths envahirent le Fenouillèdes. Maîtres de toute l'Espagne, de l'Aquitaine et de la Septimanie, ils étendirent leur pouvoir de 412 à 739. Nous n'avons pas de trace de leur passage à Ansignan, ni de celle des Sarrasins, qui occupèrent la région de 739 à 811. Toutefois, ces derniers ne s’y installèrent pas durablement : ils se contentèrent d’en chasser les occupants.
En 811, Charlemagne, à la tête d'une armée, défait définitivement les Sarrasins, qui sont repoussés au sud de Barcelone. Les nouvelles terres conquises sont transformées en comtés (Ansignan dépendait du comté de Bésalù). Les pionniers francs commencèrent alors à arriver du nord de la France pour repeupler la région désertée, chacun choisissant une portion de territoire où s’installer. C'est ainsi qu'apparut le village primitif, situé non loin du village actuel, au confluent de l'Agly et de la Désix. Là se trouvent les vestiges d'une église antique dédiée à Saint Nazaire et Saint Celse, aujourd’hui envahie par la végétation. En l'observant de plus près, on constate qu'elle possède les caractéristiques des églises préromanes, notamment un chœur quadrangulaire, ce qui situe sa construction aux IXe-Xe siècles, soit peu après l'arrivée des premiers Carolingiens.
Il est aisé d’imaginer que cet embryon de village, soumis aux crues de la Désix, fut abandonné à une époque indéterminée, probablement tardivement. L'église actuelle, de style baroque, date du XVIe siècle. Elle est également consacrée à Saint Nazaire et Saint Celse, mais elle est située bien à l'abri de la rivière, au sommet de la falaise.
Par la suite, l'histoire d'Ansignan fut marquée par la séparation entre l'Aragon et la France en 1258, qui attribua le Fenouillèdes à la France. La frontière était surveillée par une série de forteresses : Quéribus, Peyrepertuse, etc., du côté français, et Força-Réal, Salvetat, etc., du côté aragonais. Le territoire d'Ansignan devint alors une zone dangereuse en raison de sa proximité avec la frontière.
Puis apparurent les Templiers. Installés au Mas Deu, près de Trouillas, ils étendirent rapidement leur domaine foncier dans toute la région, notamment dans le Fenouillèdes. En Roussillon, ces religieux étaient essentiellement des agriculteurs, cultivant la terre pour nourrir la grande communauté monastique qu’ils formaient, mais aussi pour asseoir leur puissance : celui qui possédait la nourriture possédait les hommes. Ansignan ne fut jamais directement sous la coupe des Templiers, mais certaines terres leur appartenaient.
À partir du XIXe siècle, le village d'Ansignan commença à perdre des habitants. C'était l'époque de l'exode rural, qui concentra la population dans les villes. Heureusement, Ansignan était un village relativement important, ce qui lui permit de survivre malgré la diminution de sa population. Ce ne fut pas le cas de tous : certains villages disparurent totalement.