Histoire
La première mention de Notre Dame apparaît en 975 sous le nom de Ecclesia Sanctae Mariae. A cette lointaine époque toute la région des moyennes montagnes étaient couvertes de fermes plus ou moins isolées. Peu à peu ces fermes se sont regroupées autour des châteaux et abbayes qui pouvaient leur apporter la protection. Mais pour conserver leur territoire, les seigneurs devaient multiplier les châteaux, ce qui créa un nombre considérable de villages. La plupart ont disparu, regroupés les uns avec les autres pour former ceux que nous connaissons de nos jours. Ce fut le cas de Notre Dame del Coll, dont la population environnante dépendait de cette église.
En 1229 on la retrouve (Sancta Maria de Collo), puis en 1380 elle a l'appellation de chapelle (Capella de Nostra Senyora del Coll). Il faut dire qu'entre temps le royaume de Majorque été né et avait disparu, le Conflent, les Aspres avaient été en guerre pendant fort longtemps. Les populations des vallées s'étaient donc naturellement réunies à Calmeilles, abandonnant leur ancienne église, ce qui est confirmé par la suite des évènements : Plus aucune mention de cette chapelle n'apparaît avant 1688 (Hermita de Nostre Senyora del Coll), année du recensement des ermitages du diocèse d'Elne.
Il faut dire que la fin du XVIIe siècle a marqué un profond changement dans la pratique de l'érémitisme. D'ermites retirés, recherchant la plus profonde spiritualité par une vie matérielle pauvre, ils étaient devenus des moines en relation avec la vie locale. Les ermitages se sont multipliés, récupérant et modifiant en profondeur les anciennes églises ou chapelles castrales, pas forcément éloignées des villages.
Les ermites étaient donc accessibles. Ils étaient vus comme des personnes détenant le savoir, ils avaient le pouvoir de juger une situation et donner des conseils. Ils se mirent à se déplacer, à aller au contact des villageois dans le but de quêter pour leurs ermitages. En effet, ils avaient un rôle d'accueil des voyageurs, et pour cela ils devaient assurer les recettes de ce qu'on appellerait aujourd'hui un gîte étape.
Ces populations, malgré cette quête habituelle, étaient plutôt favorables à ce qui deviendra une institution. L'hospitalité catalane s'est aussi bâtie là-dessus.
En 1790 la révolution française mets à bas certains piliers de l'Eglise. En particulier, les biens de l'Eglise sont déclarés biens d'Etat, et en tant que tel mis en vente. Seul pourront y échapper les églises paroissiales, ce qui signifie que les ermitages du département, bien que toujours désirés par les habitants, furent vendus à des particuliers ou des communes. Les ermites disparurent, et ce fut la fin de Notre Dame del Coll sous cette forme là.
En effet peu après les lois anti-cléricales furent assouplies. En 1805 une autorisation impériale de Napoléon Ier permit à Notre Dame del Coll de rouvrir ses portes au culte. De nouveaux ermites se succédèrent sur ce site, jusqu'au début du XXe siècle où la modernité et la chute de la fréquentation des églises rendirent la fonction d'ermite moins bien vue. En 1979 l'ermitage Notre Dame del Coll était à l'état d'abandon. En partie réhabilitée, l'édifice abrite toutefois encore un superbe retable du XVIIe siècle.
De nos jours Notre Dame del Coll est toujours en activité. Il y a une messe de pèlerinage le dimanche qui précède le 8 septembre.