De quoi s'agit-il ?

Le département des Pyrénées-Orientales compte trois fleuves côtiers, dont le plus septentrional est l’Agly, qui prend sa source dans l’Aude. C’est un fleuve relativement calme qui serpente à travers le Fenouillèdes. Son débit est faible (4 m³/s) et, en été, il n’est pas rare de le voir complètement à sec peu avant son embouchure. Comme pour tous les fleuves côtiers, un orage violent peut provoquer une augmentation soudaine du débit. Les villages situés en aval étaient fréquemment inondés. Pour limiter ces risques, le Conseil Général des Pyrénées-Orientales a construit un immense barrage, inauguré le 18 novembre 1994.

Son appellation

Officiellement nommé « Barrage sur l’Agly », il est couramment appelé « Barrage de Caramany ». Cette appellation est partiellement inexacte, puisque le barrage lui-même se situe sur la commune de Cassagnes, tandis que le lac qu’il a formé s’étend principalement sur Caramany (90 % de sa surface).

Le barrage

Le site choisi pour la construction se trouve dans la vallée de l’Agly, au niveau de Caramany. Le barrage est sur la commune de Cassagnes, tandis que le lac s’étend sur Cassagnes, Caramany, Ansignan et Trilla, principalement Caramany. Il contient 30 millions de m³ d’eau (à comparer avec 25 millions pour le barrage de Vinça).

Le barrage se compose de deux éléments :

• Une digue
• Un écrêteur

La digue est dite « en enrochement à étanchéité centrale » : un bloc massif de béton assurant l’étanchéité, recouvert de roches et de remblais. Elle mesure 57 m de haut et 250 m de large au sommet. L’écrêteur est double : un coursier peut évacuer 980 m³/s, et le second, prévu pour les crues centennales, 2 000 m³/s.

La construction a nécessité :

• 51 000 m³ de béton armé
• 15 000 m³ de béton non armé
• 12 000 m² de béton projeté (dont 75 % pour l’écrêteur)
• 5 000 m³ pour la tour de prise et de vidange
• 3 200 m³ pour l’ouvrage de restitution aval et la microcentrale
• 1 300 m³ pour la galerie de dérivation
• 2 500 m³ pour la fosse de dissipation

Fonctionnement

Le barrage fonctionne en trois phases annuelles :

• 1er juin – 30 juin : remplissage
• 1er juillet – 30 septembre : déstockage
• 1er octobre – 31 mars : vidange quasi totale, prêt à absorber les crues

Les travaux

Le premier coup de pioche a été donné le 23 décembre 1988 au pied de Caramany. Les premières étapes ont consisté à construire les infrastructures d’accès, à élargir et créer de nouvelles routes (D9, D117) et à réaliser deux ouvrages pour remplacer les voies submergées : le pont à la sortie d’Ansignan et le viaduc de Caramany.

En 1989, le déboisement et le décapage des flancs de montagne ont préparé le site. La construction a réellement commencé en septembre 1991 avec le percement de la galerie de dérivation et de la tour de prise. La phase de terrassement s’est étendue jusqu’en août 1993, l’écrêteur nécessitant l’extraction de 1,7 million de m³ de roches et terres, dont 1 million réutilisés pour les remblais. Les fondations ont été réalisées en 1992, puis les remblais de la digue montés progressivement jusqu’à l’inauguration le 18 novembre 1994.

Rôle annexe du barrage

Principalement destiné à réguler les crues de l’Agly, le barrage remplit également d’autres fonctions :

• Hydraulique : réserve d’eau la plus importante du département, utilisée pour l’irrigation et la régulation du débit du fleuve, notamment pour l’agriculture maraîchère.
• Loisirs : le lac est une base nautique et de pêche, autorisant bateau à moteur et pêche de nuit (carpe uniquement). Il dispose de 5 points de mise à l’eau.
• Lutte contre les incendies : réserve d’eau pour les pompiers et les Canadairs.