Histoire
Le territoire d'Urbanya ne possède pas de vestiges de l'époque préhistorique. Pourtant, nos lointains ancêtres ont vécu dans les collines du Conflent, un environnement idéal pour eux (boisé, proche de la plaine, au climat doux). Plusieurs communes environnantes possèdent, en témoignage, des dolmens ou menhirs, bien que l’érection des mégalithes soit apparue assez tardivement (vers -2200).
Par la suite, ni les Celtes (-500), ni les Romains (-121), ni les Wisigoths n’ont laissé de traces sur le territoire d’Urbanya. Après l’invasion sarrasine et le dépeuplement du Roussillon, c’est Charlemagne qui parvient à prendre possession de la région en 811, puis à la pacifier. Commence alors l’ère chrétienne, marquée par la multiplication des églises rurales. C’est ainsi qu’apparaît le village d’Urbanya, mentionné dans un document recensant les possessions de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa. Nous connaissons donc les premiers détenteurs du lieu.
Comme souvent, il faut remonter à la construction de l’église pour avoir une trace tangible du village. En l’occurrence, l’église Saint-Étienne d’Urbanya fut édifiée au XIIe siècle, et le village apparaît dans un document de 1186. Il s’agit d’un legs fait par Guillaume Bernard de Paracolls (du château de Molitg-les-Bains, dont l’héritier de la famille seigneuriale s’était marié avec Blanche de Conat, qui apporta en dot la vallée de Conat) où figure la limite de la vallée d’Orbanyan.
La famille de Paracolls conserva la vallée de Conat, et donc Urbanya, jusqu’au milieu du XIIIe siècle. En 1258, l’évêque d’Elne, Bernart de Berga, est propriétaire d’Urbanya. Le village est à nouveau mentionné en 1268 dans un document où la nièce de l’évêque, détentrice de la dîme d’Urbanya, la tient en fief par Bérenger d’En pour Dame Esclarmonde de Conat et Raymond d’Urg, son mari. (La famille d’Urg est assez connue en Roussillon.)
En 1258 fut signé le traité de Corbeil, marquant la frontière entre la France et l’Aragon. Jacques Ier le Conquérant, souverain d’Aragon, partagea son royaume en deux : à l’aîné l’Aragon et la Catalogne, au cadet les îles Baléares, la Catalogne Nord et la seigneurie de Montpellier, formant ainsi le « royaume de Majorque ». Cet éphémère royaume fut constamment en conflit avec son voisin, qui l’annexa en 1344. Le dernier roi de Majorque, capturé, reçut la seigneurie de Montpellier qu’il refusa. Il remonta une armée et reconquit le Conflent, mais le roi d’Aragon le reprit. Les habitants du Conflent subirent une dure répression, et Urbanya ne fit pas exception.
La vallée de Conat, et donc Urbanya, fut conservée par la famille royale jusqu’au XVe siècle, époque où elle fut reprise par la famille de Cardona, qui l’administrera jusqu’au XVIIe siècle. En 1603, l’état des lieux des vigueries du Roussillon et du Conflent montre que le procureur royal administrait les lieux de Conat, Vallans (Betllans), Nohèdes et Orbanya. Le destin du village resta ainsi lié à celui de la vallée où il est situé.
Les derniers seigneurs de la vallée furent la famille du Llupia (XVIIe siècle), puis Antoine d’Ortaffa (1763) et Paul d’Ortaffa (1773-1792). Ce dernier fut spolié de ses biens par les révolutionnaires, qui les mirent à prix... sans succès. La propriété fut toutefois rachetée plus tard par la famille Carol-Bonnel.
La commune d’Urbanya fut rattachée à celle de Ria en 1822, soit une trentaine d’années seulement après la création des communes, mais en 1983 elle retrouva suffisamment d’importance pour reprendre son indépendance.