De nos jours le Bourdigou, c'est une zone humide correspondant côtière entre Torreilles et Ste Marie. Parfaitement plate, très fournie en roseaux et autres plantes aquatiques, elle possédait au milieu du XXe siècle un vrai petit village de vacances fait de maisons bricolées. Tout ceci a disparu, de nos jours.
Le témoignage de Christiane, qui a connu le Bourdigou de 1937 à 1955
J'avais, une semaine lorsque ma mère m'a amené à la baraque construite par mon père, pêcheur à la traîne. Il n'y avait à l'époque que 2 ou 3 familles. Petite fille, j'écoutais le chant des vagues, le vent dans les sanils, les gouttes tenaces de la pluie, glissant sur le toit, envoutantes, rassurantes.
Un lieu solitaire loin du monde ce Boudigou, la vie était unique, rude, un univers sauvage. Le soir dans les chambres rudimentaires, dont le mobilier se composait de lits fabriqués avec des roseaux nous lisions à la clarté de la lampe à pétrole écoutant le chant doux de la mer, écoutant la marinade caressant les dunes, et puis le sommeil venait avec des rêves pleins d'étoiles.
L'impression que je garde est celle d'un lieu isolé, difficile à vivre, mais quelle liberté ! Nous nous rendions à l'école à pied, par un chemin de terre poussiéreux sculpté par les traces des couleuvres. Le Bourdigou abritait une faune et une flore sauvage nombreuse, l'hiver les sarcelles, les colverts, parfois des macareux. Et un nombre impressionnant d'anguilles.
On n'a pas beaucoup parlé de cette période allant de 1937 à 1955. (c'est celle de mon Bourdigou) J'aurais voulu qu'il reste comme cela, mais comment empêcher l'évolution... Je n'ai pas connu la périodes des vacanciers, j'ai lu la douloureuse histoire de l'élimination des baraques et le combat de mon oncle Galdric, le maire.