Maréchal de France sous le règne de Louis XIV, Vauban s'illustra comme un expert des techniques de siège et de fortification, contribuant de manière significative à la modernisation des fortifications militaires de son époque.

Vauban, né en 1633 dans l'Yonne au sein d'une famille de petite noblesse, commença sa carrière militaire à l'âge de 17 ans. D'abord au service de Louis II de Bourbon, prince de Condé, il participa aux combats de la Fronde. Fait prisonnier, il fut incité à changer de camp et, dès lors, se mit au service du cardinal Mazarin. Il dirigea son premier siège à Clermont-en-Argonne en 1652, et, dès 1655, fut nommé ingénieur ordinaire du roi.
Au cours de l'invasion française en Flandre espagnole en 1667, Vauban se distingua par ses brillantes directions des sièges de Douai et de Lille, ce qui attira l'attention de Louis XIV. Dès lors, il fut chargé des grands sièges de la guerre de Hollande et contribua à la construction des fortifications de Flandre, notamment les forteresses d'Arras et de Lille. Son expertise en urbanisme militaire le conduisit à concevoir de nombreuses villes de garnison. Son fameux système des parallèles d'attaque, qui permit la prise de Maastricht en 1673, fut largement adopté par les armées européennes.
En 1678, fort de ses succès, Vauban fut nommé commissaire général aux Fortifications. Promu général de corps d'armée en septembre 1688, il servit activement lors de la guerre contre la Triple-Alliance. Il dirigea avec succès de nombreux sièges, dont ceux de Mons (1691) et de Namur (1692), tout en utilisant habilement la topographie pour fortifier les frontières nord et est de la France. En 1703, bien qu'il fût nommé maréchal de France, il commença à perdre les faveurs du roi, notamment à cause de ses propositions innovantes en matière de fortification et de finances.
En 1707, Vauban publia son "Projet de dîme royale", dans lequel il proposait la mise en place d'un impôt unique de 10 % sur les terres et le commerce, préconisant que nul ne puisse y échapper par privilège. Cette proposition, qui critiquait ouvertement la politique fiscale du roi et soulignait la crise sociale latente du royaume, fut la cause principale de sa disgrâce. Le gouvernement interdit la publication de cet ouvrage, et Vauban perdit la faveur de Louis XIV.
Malgré cette disgrâce, l'œuvre de Vauban demeure immense. Tout au long de sa carrière, il dirigea plus de cinquante sièges, consolida quelque 270 forteresses, et conçut plus de 30 autres. La fortification de la place forte de Landau, en Bavière, achevée en 1687, est parfois considérée comme son chef-d'œuvre. Cependant, son influence ne se limita pas à l'art du siège.
Vauban développa également la technique du tir à ricochet et inventa en 1687 la baïonnette à bague de fixation creuse, permettant de tirer même avec la baïonnette fixée au bout du mousquet. Il écrivit de nombreux ouvrages, traitant d'ingénierie militaire mais aussi de sujets d'actualité. Son ouvrage majeur, "Des sièges et des fortifications", rédigé entre 1705 et 1706, est encore aujourd'hui une référence dans le domaine.
C'est en prenant conscience des troubles sociaux engendrés par la révocation de l'édit de Nantes et de la misère grandissante du peuple qu'il s'opposa ouvertement à la politique de Louis XIV, ce qui entraîna sa disgrâce. Toutefois, son héritage dans le domaine de la fortification militaire et de l'urbanisme militaire perdure, faisant de lui l'un des plus grands ingénieurs militaires de l'histoire.
Les principales réalisations de Vauban en Roussillon et Cerdagne
- Fort de Bellegarde : 1668
- Mont Louis : 1679
- Fort Miradou, Collioure : 1679
- Fort St Elme, Collioure : 1680
- Fort Libéria : 1681
- Fort les bains, Amélie : 1683
- Fort Lagarde : 1686