De quoi s'agit-il ?
Symbole de Céret, le Pont du Diable allie prouesse technique et beauté naturelle. Son arche unique, jetée au-dessus du Tech, en fait l’un des monuments les plus emblématiques du Roussillon médiéval.
L’ouvrage impressionne par son audace technique : une seule arche de pierre franchit le Tech sur une portée de 45,45 mètres, un record mondial à son époque, qu’il conserva jusqu’en 1356. La clef de voûte culmine à 22,30 mètres au-dessus de la rivière, conférant à l’ensemble une élégance à la fois solide et aérienne, caractéristique du génie bâtisseur du Moyen Âge roussillonnais.
Voici ce que l'on en disait à la fin du XIXe siècle. La suite de ce chapitre est une copie du texte de Pierre Vidal datant de 1899 dans son livre "Guide historique et pittoresque dans le département des Pyrénées Orientales."
Ce pont est une des curiosités du pays et il est classé, avec juste raison, parmi les monuments historiques. Il n'a qu'une seule arche, d'une hardiesse inouïe. Avec le pont de Brioude, lequel n'existe plus, le pont de Céret est le plus grand et le plus curieux de l'ancienne France. L'ouverture de l'arche à 45m45e; sa largeur est de 4m; la distance de sa clef de voûte au niveau des eaux ordinaires est de 22m30. (...) Plusieurs archéologues on prétendu que notre pont remonte à l'époque romaine, à raison de sa forme en plein cintre; mais l'architecture gothique ne méconnut point ce genre d'arceau (...)
Notre savant ami Salsas a d'ailleurs péremptoirement démontré que le pont fut construit en 1321. Le travail avait été entreprit aux frais de la ville de Céret, mais diverses communes du haut-Vallespir contribuèrent pécuniairement à l'achèvement de cette oeuvre magistrale. Anciennement, dit la légende, Céret ne communiquait avec la rive gauche du Tech qu'au moyen d'une simple passerelle de planches posées sur de gros cailloux. Au moindre orage, les eaux emportaient ce pont rudimentaire.
Un nouveau pont de pierre fut construit à cette époque là. C'est cette construction qui fut la base de la légende du diable à qui le pont doit son nom.
La légende du Diable
Comme bien des ponts médiévaux d’Europe, celui de Céret s’accompagne d’une légende diabolique.
On raconte que, désespérés de voir leur pont sans cesse emporté par les crues du Tech, les habitants conclurent un pacte avec le Diable : il bâtirait l’ouvrage en une seule nuit, en échange de l’âme du premier être qui le franchirait.
Mais les Cérétans, plus malins que lui, envoyèrent un chat traverser le pont à l’aube. Trompé et furieux, le Diable s’enfuit, laissant derrière lui ce chef-d’œuvre de pierre… et une histoire que l’on raconte encore, au pied du pont, sept siècles plus tard.