Histoire
L’ermitage Saint-Martin-de-la-Roca (ou Sant Martí de la Roca en catalan) domine le village de Camélas, perché sur le pic de Quérubi, dont il occupe le sommet.
L’édifice apparaît pour la première fois dans les textes en 1259 sous le nom latin Ecclesia Sancti Martini de Rupe (« Saint-Martin de la Roche »). Il s’agissait alors d’une chapelle rurale destinée à maintenir un lien religieux entre les habitants dispersés des hameaux alentour. Peu à peu, à mesure que la population se regroupait dans la plaine, la chapelle fut délaissée.
Au XVIIᵉ siècle, dans le contexte d’un renouveau de la vie érémitique, l’abbé Honoré (ou Honorat) Ciuro, originaire de la région, décida en 1644 de transformer la chapelle en ermitage. Il la remit en état, puis s’y installa, inaugurant ainsi une tradition de solitude religieuse propre à cette époque. Deux ans plus tard, en 1646, un logement fut ajouté pour améliorer les conditions de vie, particulièrement rudes sur ce piton exposé au vent. Entre 1644 et 1664, sept ermites se succédèrent déjà à Saint-Martin, témoignant de la précarité du lieu mais aussi de sa vitalité spirituelle.
Comme beaucoup d’ermitages du Roussillon, Saint-Martin fut fermé en 1790 à la suite des lois anticléricales révolutionnaires interdisant les établissements religieux non paroissiaux. Il rouvrit en 1801, après l’assouplissement du Concordat, puis connut plusieurs campagnes de restauration : le logement fut réparé en 1838, la chapelle restaurée en 1969, et l’ensemble consolidé en 1977.
Témoin d’une tradition d’isolement spirituel très ancrée dans la culture catalane, l’ermitage de Saint-Martin-de-la-Roca incarne aujourd’hui encore l’équilibre fragile entre foi, solitude et montagne.