Une magnifique église du centre de Perpignan, plutôt méconnue, hélas.
L'église Saint Matthieu est l'église principale du quartier du même nom. Facilement accessible, elle regorge de trésors surprenants, à commencer par la chapelle des Saintes Epines.
Mais la limiter à ça serait très restrictif. La beauté de ses peintures rivalise avec l'éclat des retables. L'orfèvrerie est tout aussi exemplaire. Une magnifique église à découvrir.
L'église Saint Matthieu est l'église principale du quartier du même nom. Facilement accessible, elle regorge de trésors surprenants, à commencer par la chapelle des Saintes Epines.
Mais la limiter à ça serait très restrictif. La beauté de ses peintures rivalise avec l'éclat des retables. L'orfèvrerie est tout aussi exemplaire. Une magnifique église à découvrir.
L'église Saint-Matthieu est une construction relativement récente puisqu'elle fut reconstruite, à peu près à l'identique, au XVIIe siècle. C'est un bel édifice avec un plan en croix latine classique et un style ogival. Elle possède une nef composée de cinq travées correspondant à dix chapelles de dévotion. Originellement, on y pénétrait par deux portes, la seconde étant ouverte sous l'orgue. La clé de voûte du sanctuaire représente une sorte d'ange à tête humaine, symbole de l'évangéliste Matthieu selon une vision de l'Apocalypse. De style baroque avec une coupole, la chapelle des Saintes-Épines est probablement postérieure à l'édifice initial. Elle figure sur le plan de Perpignan établi en 1891.
Ce qui marque lorsqu'on entre dans cette église, c'est qu'elle est moins profonde que les autres, un peu plus ramassée. Sa longue tribune au-dessus de l'entrée y est sans doute pour quelque chose, de même que ces chapelles latérales peu profondes. La chapelle des Saintes-Épines, à droite de l'entrée, attire tout de suite le regard. De style baroque comme le reste, elle est bien plus ostentatoire que les autres, et il faut dire qu'elle est aussi plus grande.
Le retable du maître-autel est un modèle vraiment très réussi. Il faut savoir que c'est dans la première chapelle à droite que se trouve le caveau de Louis Générés, le célèbre sculpteur de retables catalan.
Note : Ce texte est issu d'une présentation accessible dans l'église.
Nous sommes ici dans la chapelle appelée des Saintes-Épines, car elle est dédiée à la relique qui fait l'objet d'une grande dévotion à l'église Saint-Matthieu : quatre épines de la couronne du Christ, conservées dans un reliquaire, lequel est enfermé dans l'armoire sécurisée située au centre de l'autel. L'histoire de cette relique et de cette chapelle mérite notre attention.
La chapelle des Saintes Epines
En 1239, le roi de France Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, acquit la couronne du Christ jusque-là détenue par les empereurs d'Orient. C'est pour abriter la couronne du Christ, ainsi que d'autres reliques, que Saint Louis fit construire la magnifique Sainte-Chapelle, à Paris. Aujourd'hui, la couronne du Christ, dont les épines ont été dispersées et qui se réduit à une tresse de jonc, est conservée en la cathédrale Notre-Dame de Paris.
En 1270, Saint Louis remit quatre épines de la couronne à son fils Philippe III le Hardi lorsqu'il monta sur le trône. En 1285, ce dernier prit la tête d'une croisade lancée par le pape Martin IV contre le roi de Catalogne-Aragon, Pere III. Il fut aidé par le roi de Majorque, qui permit aux armées françaises de traverser le Roussillon, où elles se comportèrent de manière barbare, notamment à Elne, où elles massacrèrent la population et dévastèrent la ville.
La hoste continua son chemin et pénétra dans Gérone. Mais, à partir de là, une épidémie s'abattit sur les hommes et les décima littéralement. À Gérone, on attribua cette maladie à une punition du Ciel : les Français ayant profané le tombeau de Saint Narcisse, une nuée d'énormes mouches en sortit, apportant avec elles le fléau épidémique. La maladie toucha également le roi Philippe le Hardi. Il put repasser les Pyrénées, mais il était agonisant quand il arriva à Perpignan. Le roi Philippe mourut au Palais des rois de Majorque, léguant à l'église la plus proche, Saint-Matthieu-le-Vieux, située en contrebas du Palais, les quatre épines du Christ données par son père, Saint Louis. Cette relique insigne fit dès lors l'objet d'une dévotion fervente de la part des « Mateuets » (habitants de Saint-Matthieu).
Le Concile de Trente (1545 à 1563) donna une vive impulsion aux créations de confréries. C'est ainsi que le 20 avril 1590 fut fondée à Saint-Matthieu la Confrérie des Saintes-Épines. Celle-ci s'expliquait par l'augmentation de la population de la paroisse et la vitalité de sa dévotion aux Saintes-Épines. Elle était également motivée par l'intention de doter des jeunes filles pauvres, leur permettant ainsi de faire un mariage décent.
La Confrérie des Saintes-Épines fut agrégée à l'Archiconfrérie de Santa Maria del Pianto, à Rome, en février 1610. Célébrant la Passion du Christ, la Confrérie organisait des processions et des solennités, et participait à la procession de la Sanch, ce qu'elle fait toujours. En 1805, des indulgences furent accordées par le pape Pie VII à ceux qui visiteraient la chapelle des Saintes-Épines.
Nous avons dit précédemment que l'église Saint-Matthieu était une nouvelle église. Pendant la guerre entre la France et l'Espagne, et le siège de la ville en 1639, les Espagnols qui tenaient la citadelle estimèrent que l'église gênait leurs tirs contre les Français et la démolirent à coups de canon. La construction de la nouvelle église, à laquelle fut accolée la chapelle des Saintes-Épines, dura trente-deux ans. La nouvelle église Saint-Matthieu fut bénie le 8 mars 1671.
Nous possédons, en catalan, la relation de la procession solennelle du transfert des reliques de « Sant Matou la Vell » dans la nouvelle église. Parmi les reliques qui y furent transférées, on note "lo taberacle de las Santas-Espinas" (le tabernacle des Saintes-Épines).
L'ornement actuel de la chapelle des Saintes-Épines se distingue par un beau Christ du XVIIIe siècle dans le maître-autel, auprès d'une Vierge des Douleurs (début XIXe siècle), un tableau d'Antoni Guerra Menor du XVIIe siècle représentant l'Immaculée Conception. Les peintures murales sont de Pauthe (XIXe siècle), illustrant des scènes de la Passion, et le Christ gisant est également une belle œuvre en terre cuite (fin XIXe-début XXe siècle). Enfin, un tableau de 2016, d'Emmanuel Bolzoms, est une allégorie du legs des Saintes-Épines à l'église Saint-Matthieu.
La chapelle des Saintes-Épines a toujours revêtu une importance particulière aux yeux des fidèles du quartier. Depuis la restauration de l'église, en 2017, qui a rendu ses couleurs aux peintures murales, elle suscite également l'admiration des visiteurs occasionnels.
Chaque premier samedi du mois, la Confrérie des Saintes-Épines, reformée en 2013, vénère la relique qui nous rappelle la Passion du Christ. Une tradition orale se rattache aux Saintes-Épines de Saint-Matthieu : comme celles d'Andria, en Italie, quand le jour du Vendredi Saint coïncide avec celui de l'Annonciation de la Vierge, le 25 mars, les quatre épines de l'église Saint-Matthieu prennent la couleur du sang. En 2016, de nombreux témoignages sérieux vinrent corroborer cette tradition orale. Comme celles d'Andria, nos Saintes-Épines prirent la couleur du sang.
Les personnes intéressées par la Confrérie des Saintes-Épines de Saint-Matthieu peuvent se renseigner à l'adresse suivante : Confrérie des Saintes-Épines, Église Saint-Matthieu, 12 bis, rue Grande-la-Monnaie, 66000 Perpignan.
L'église St Matthieu, à Perpignan, a une histoire caractérisée par un déplacement... à coups de canons !
En effet, initialement l'église se trouvait plus haut, dans le prolongement de la rue des Commères, en contrebas des escaliers. Mais son emplacement n'était pas idéal : elle se trouvait en partie sur le glacis qui protégeait la citadelle. En 1639, le roi d'Espagne Philippe IV ordonna sa destruction (à coups de canons !). Elle fut reconstruite sur son emplacement actuel au milieu du XVIIe siècle. Les travaux durèrent 30 ans et, le 8 mars 1671, les reliques furent remises dans la nouvelle église, dont la fameuse relique des Saintes Épines. L'église fut alors consacrée, bien que sa construction ne se soit terminée qu'en 1677. Ces reliques venaient de Philippe III, roi de France mort à Perpignan en 1285. Elles ont été placées dans un reliquaire du XIXe siècle.
Les travaux se poursuivirent par la construction de la sacristie, terminée en 1681. Ensuite, ce fut le tour du clocher-mur, initialement composé de quatre arcs avec une cloche dans chacune d'elles. En 1828, on masqua la voûte par une voûte en plâtre, puis en 1835 on construisit la chapelle du Sacré-Cœur. L'horloge de la façade date de 1842, année du second agrandissement, avec la construction de la chapelle de la Vierge. En 1850, la porte fut agrandie (il faut savoir que St Matthieu avait initialement une seconde porte, sous l'orgue, qui fut supprimée en 1872). Enfin, en 1883, l'église fut amputée du coin gauche de la façade pour pouvoir agrandir la rue.
De nos jours, l'église possède deux cloches. La plus ancienne date de 1480 et a été fondue par Nicolas Colin. La seconde est plus récente : elle a été bénie le 28 juillet 1809. En 1829, une troisième cloche fut ajoutée dans le campanile, en façade.
L'église Saint Matthieu de Perpignan est l'une des plus centrale de Perpignan. Elle se trouveau au début de la rue Grande la Monnaie, dans le quartier du même nom. C'est à deux pas de l'avenue Foch qui prend son départ du côté de la place Arago.
Son adresse postale est 12 Bis Rue Grande la Monnaie, 66000 Perpignan.
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