Histoire
Située sur la colline qui porte aujourd’hui son nom, la chapelle Saint-Vincent d’Estagel occupe un site ancien, à la limite des Corbières et du Fenouillèdes, accessible par la route départementale D117. L’édifice actuel daterait vraisemblablement du Xe siècle et aurait succédé à un lieu de culte plus ancien, peut-être païen, comme en témoignent les vestiges de villas gallo-romaines découvertes sur le territoire (Mas de Jau et Mas Camps).
Les premières mentions de la chapelle apparaissent dans le recueil des chartes de l’abbaye de La Grasse. Remaniée au XIIIᵉ siècle, elle fut couverte d’une voûte en plein cintre reposant sur des arceaux latéraux, et dotée d’une abside de style préroman, dont les vestiges subsistent encore.
Au XVIIᵉ siècle, la chapelle fut transformée en ermitage. Un document de 1676 mentionne la présence d’un ermite nommé Pierre Triquera, dont l’entretien était partiellement assuré par la commune, qui lui fournissait un vêtement tous les deux ans. À cette époque, la chapelle fut intégrée dans un ensemble érémitique plus vaste.
En très mauvais état à la fin du XIXᵉ siècle, elle fut achetée le 10 août 1861 par le prêtre Paul Aggeri, domicilié à Estagel, puis donnée à la marguillerie locale en 1873. Les paroissiens et le conseil de marguillerie entreprirent alors une première restauration.
De nouveau en ruine en 1981, le bâtiment fut partiellement démantelé : l’étage de la partie érémitique fut supprimé, mais la galerie à arcades fut conservée. C’est à cette occasion que furent redécouverts les restes de l’abside préromane. Restaurée depuis, la chapelle Saint-Vincent demeure un lieu de culte et fait aujourd’hui partie du patrimoine classé des Monuments historiques.